En marge de ses rendez-vous dominicaux, la 42e rue propose ce lundi 2 décembre de 20h à 22h30 un concert exceptionnel, à l’image de celui de l’an passé qui célébrait les 10 ans de l’émission sur France Musique. Rencontre avec son instigateur, Laurent Valière.
Le concert de l’an dernier célébrait les 10 ans de votre émission. Vous a‑t-il donné le goût d’en proposer un nouveau ?
Le succès surprise suite au concert de l’an dernier et les compliments qui venaient tant de la direction de la radio que des spectateurs, y compris ceux qui ne sont pas des habitués de la comédie musicale, m’ont d’une part fait chaud au cœur et d’autre part furent un sacré encouragement pour cette année. Rendez-vous compte ! Nous avons la chance d’avoir un outil incroyable : Radio France avec tous les techniciens qui ne ménagent pas leurs efforts pour réussir une superbe soirée. Je parle ici de la prise de son, mais aussi des équipes qui filment puisque le concert sera retransmis en direct sur le site de France Musique et sur la page Facebook de 42e rue. Il faut dire que les places sont parties très vite et que j’ai à cœur que les gens qui ne pourront pas venir puissent être avec nous malgré tout. De nouveau, nous aurons un véritable orchestre, dirigé de main de maître par Thierry Boulanger dont l’efficacité le dispute au talent ! Agnès Boury, dont j’adore le travail, sera de nouveau en coulisses à donner du rythme à toute la soirée grâce à sa mise en espace malicieuse. L’an passé, j’avais été très touché que France Musique rediffuse ce concert pour la soirée du réveillon. Au risque de me répéter, c’est vraiment génial que France Musique consacre une telle soirée au théâtre musical. J’en suis très reconnaissant.
Comment programme-t-on une telle soirée ?
Il est important pour moi d’évoquer tout ce qui se passe en France. Des artistes en Avignon, à Toulon, Lyon, St Céré, pour ne citer que quelques villes, montent des spectacles musicaux et pas des moindres. Je ne voulais pas les oublier. Et si le Jungle Book de Robert Wilson s’est joué à Paris, il tourne en France. J’essaie de voir un maximum de choses et je dois dire que, cette saison, quantité d’œuvres importantes, tant en création qu’en adaptation m’ont marqué. Le choix a été complexe. Il est également lié bien entendu à la disponibilité des artistes. Je m’émerveille toujours avec le musical et j’aimerais qu’il en soit de même pour le public. Que cette fête soit une succession de cadeaux. J’avoue que Le Passe-muraille, du tandem Michel Legrand-Didier Van Cauwelaert m’avait bouleversé. J’y avais découvert Isabelle Georges. J’ai eu l’idée de la mettre en contact avec Melissa Errico, qui interpréta son rôle à Broadway (Amour, N.D.L.R.) et je suis très heureux de vous annoncer que ces deux artistes préparent un duo autour de ce spectacle, et Melissa proposera un inédit de Michel Legrand. J’ai également réfléchi aux anniversaires. Les 40 ans de Starmania seront évoqués par le biais de Sarah Manesse qui viendra interpréter « Le monde est stone » et, cerise sur le gâteau, avec Luc Plamondon qui viendra avec Thomas Jolly présenter sa future mise en scène. Je suis tellement heureux qu’ils puissent venir ! J’aime que la famille de la comédie musicale soit regroupée dans toutes ses composantes ici, à France Musique.
Pouvez-vous nous révéler d’autres moments de cette soirée ?
Je mise également sur quelques avant-premières, comme un extrait de South Pacific qui sera monté à l’Opéra de Toulon. Dans les anniversaires, il sera également question de Hair pour ses 50 ans depuis la création parisienne, hommage rendu par Fabian Richard, et de La Mélodie du bonheur qui fête ses 60 ans. « My Favorite Things » sera interprété par Lea Desandre, artiste lyrique récipiendaire d’une Victoire de la musique classique qui n’a pas l’habitude de ce répertoire, même si elle a déjà chanté pour la 42e rue des airs de Bernstein. Elle souhaitait également interpréter « Moon River » qui certes n’est pas une chanson de comédie musicale (même si Breakfast at Tiffany’s a été adapté de manière désastreuse à Broadway, N.D.L.R.), mais j’avais envie que Henry Mancini, le compositeur de cette si belle chanson, soit présent. Je n’aime pas trop cloisonner, j’aime ouvrir les fenêtres ! J’ai eu un coup de cœur pour Quand la guerre sera finie et j’avais envie d’en présenter une chanson. Et j’ai toujours le goût de découvrir les talents de demain. Ce sera le cas au travers de l’évocation de Baba Yaga, la nouvelle création du CRÉA d’Aulnay-sous-Bois, tout comme de la première promotion de la classe libre du cours Florent dont le travail m’a bluffé. Un regard également vers le cinéma avec Barbara Carlotti, qui viendra interpréter la chanson de la comédie musicale, court métrage qu’elle a réalisé. Des surprises, de l’inattendu !
Cette année encore, vous proposez une œuvre inédite ?
Oui et j’en suis très fier ! Cela est rendu possible grâce au partenariat avec la SACD, un allié précieux. Elle nous permet la création de cette commande d’une pièce courte, qui devrait faire un bon quart d’heure. L’an dernier, j’avais donné comme consigne aux auteurs Virginie Lemoine, Pierre Notte et Raphaël Bancou : « La comédie musicale dans la comédie musicale présentée de manière comique. » Cette année, changement de registre puisque j’ai contacté Christian Siméon ; j’avais beaucoup aimé Le Cabaret des hommes perdus, il a accepté et c’est lui qui a choisi la compositrice, Juliette, qui, quelques heures après avoir reçu son script, a accepté. Michaël Gregorio et Jérôme Pradon apporteront leur talents à cette création intitulée Celle qui nous tombe dessus (pochade — petite — princière) qui sera drôle, grinçante et ne laissera personne insensible.
À entendre votre enthousiasme, on peut penser que vous aimeriez un rendez-vous annuel ?
Ce serait formidable ! C’est l’un de mes objectifs. Les œuvres, les talents ne manquent pas. Et cette énergie qui passe du public aux artistes de manière incroyable procure un tel bonheur. C’est objectivement une chance incroyable de réunir tous ces artistes sur un même plateau. Je tiens à remercier Martine Mony, super assistante de production, qui fait un travail titanesque. Sans elle et toutes les bonnes fées, rien ne serait possible. Thierry Boulanger fait lui aussi un travail dingue puisqu’il arrange pour sa formation orchestrale chaque titre. Par exemple pour « Moon River », comme la chanson est courte je lui ai demandé d’écrire un pont jazzy. Vous allez adorer. En fait, je me dis que, au même titre qu’il existe des collections en haute couture, il serait amusant d’avoir, par le biais de ce concert, la « collection 2019 puis 2020, 2021, etc. de la comédie musicale ». Qu’en pensez-vous ? (rires)