Après dix-huit ans de taule, André revient chez lui, un bracelet électronique à la cheville. Son retour n’est pas accueilli avec enthousiasme, loin de là ! Sa femme ne supporte pas sa présence, sa belle-mère est envahissante et sa fille de 20 ans, qu’il n’a pas vue grandir, refuse de l’appeler papa. André a‑t-il mérité ces années d’emprisonnement ? Innocent ? Coupable ? Et quel est ce mystérieux homme à tout faire qui vient de se faire embaucher juste au moment où André est de retour chez lui ?
Notre avis : Nous pouvons véritablement parler d’antre du théâtre de boulevard, quand on recense le nombre impressionnant de pièces représentées au petit Théâtre des Nouveautés depuis la fin du XIXe siècle. Feydeau y a vu naître ses premiers succès, Yvain d’éclatantes opérettes, puis tous les grands auteurs de la scène du XXe siècle tels Roussin, Achard ou bien encore Robert Thomas. C’est aujourd’hui au tour d’Isabelle Mergault, une habituée des lieux, de nous présenter sa nouvelle création, Le Bracelet. Pour mémoire, citons parmi les diverses pièces qu’elle a créées ici : La Raison d’Aymé (avec Gérard Jugnot), qui vit le jour en 2018.
Nous pénétrons dans le salon joliment décoré (par la talentueuse Stéfanie Jarre) de notre hôtesse, grâce à une amusante vidéo sur fond musical d’opérette – interprétée par Georges Guétary ! La première scène donne le ton : la mère (Virginie Pradal en grande forme) et sa fille (Isabelle) échangent des propos, au cours d’une joyeuse chamaillerie, qui laissent deviner que la comédie va bien fonctionner. L’arrivée soudaine du mari taulard (Jean-Luc Reichmann) va créer un vent de panique et remettre en question la vie calme de cette famille devenue matriarcale. Ajoutons à cela que la fille et petite-fille (Ninon Moreau, jeune actrice déjà dotée d’un fort tempérament), persuadée que son père est mort, deviendra malgré elle une précieuse alliée.
Rebondissements et coups de théâtre s’enchaîneront à un rythme d’enfer, jusqu’à la surprise finale –.où bracelet électronique et diamants disparus joueront un rôle capital. Le metteur en scène Serge Postigo dirige habilement ses comédiens. La comédie se révèle bien construite, parfaitement équilibrée – chacun des rôles trouvant sa juste place dans l’intrigue. Citons au passage Lionel Laget en bandit complice, dont les apparitions amusent.
Jean-Luc Reichmann, attendu par son public, ne le déçoit nullement : il se montre tout à fait crédible et la dernière scène avec Isabelle Mergaut s’avère touchante. Virginie Pradal, dont la fantaisie et le punch sont indéfectibles, nous renvoie à toutes ces comédiennes disparues (Jacqueline Maillan, Maria Pacôme et autres Sophie Desmarets) que nous aimions tant – non sans une certaine nostalgie.
Le théâtre de boulevard constitue un genre qu’il convient de respecter, quand il est servi avec talent. Saluons donc celui d’Isabelle Mergault, sans oublier Hervé Devolder qui crée pour l’occasion la musique originale, laquelle contribue réellement à notre plaisir ! Ce Bracelet, qui représente une jolie surprise, semble bien parti pour ne pas quitter les boulevards de sitôt : nous nous en réjouissons !