Le Prince à la tête de coton

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SUCCÈS REPRISE !
Théâtre La Flèche – 77, rue de Charonne, 75011 Paris.
Du 2 au 6 septembre 2024 à 19h.
Renseignements et réservations sur le site du théâtre.

Jacques ne pour­rait pas vous écrire ce résumé.

S’il le fai­sait, il com­mencerait par une cita­tion de Jacques Tati. Puis, il se décrirait comme un jeune pro­fesseur retraité. La troisième phrase inverserait deux mots. La qua­trième serait con­fuse, et la cinquième franche­ment illisible.

Jacques ne le sait pas encore, mais il est atteint d’une aphasie pri­maire pro­gres­sive, mal­adie neu­rodégénéra­tive rare, qui mène à une détéri­o­ra­tion pro­gres­sive de la con­nais­sance des mots, de la syn­taxe et de l’élocution. L’incapacité pro­gres­sive de s’exprimer, et de comprendre.

Face à la mal­adie, c’est toute sa famille qui se réorganise.

Notre avis : Déjà présen­tée dans ce théâtre dis­simulé dans une cour du XIe arrondisse­ment de Paris, l’adaptation de Cer­tains l’aiment chaud nous avait séduit. Dans un tout autre domaine, l’enthousiasme est iden­tique pour cette œuvre orig­i­nale et poignante, qui abor­de un thème com­plexe : la mal­adie neu­rodégénéra­tive de son per­son­nage cen­tral qui perd peu à peu l’usage puis la com­préhen­sion des mots, et ses con­séquences sur la vie famil­iale. Nico­las Porcher, l’auteur, s’est inspiré de son expéri­ence per­son­nelle et a su éviter tous les pièges grâce à une finesse d’écriture sai­sis­sante. La déli­catesse de la mise en scène dou­blée d’une scéno­gra­phie inspirée, qui sait tir­er tous les atouts d’un plateau de taille mod­este, par­ticipent de la réus­site de l’entreprise.

Lorsque l’on par­le de finesse d’écriture, cette dernière ne se lim­ite pas au texte, mais bien aux manières de racon­ter, par seg­ments, cette his­toire. Ain­si, les pas­sages com­posés de répliques alter­nent par­fois avec des seg­ments chan­tés. La musique n’est, de toute manière, jamais très loin des per­son­nages puisque Nico­las Porcher, auteur et créa­teur sonore, accom­pa­gne les comé­di­ens sur scène. Que ce soit par le biais d’un dan tranh, d’une gui­tare, d’un ordi­na­teur ou de traite­ments de la voix ampli­fiée, cette présence dis­crète mais essen­tielle offre au spec­ta­teur une per­cep­tion par­ti­c­ulière­ment riche de ce qui est con­té. Le théâtre d’ombres se trou­ve con­vo­qué le temps de cette très belle séquence con­tant cette fameuse his­toire du Prince à la tête de coton, par­faite métaphore de ce que vivent les per­son­nages de cette famille aimante, mais cham­boulée par la mal­adie. La dis­tri­b­u­tion, par­faite, nour­rit de son tal­ent cette pièce, lui offrant des con­tours déli­cats. Et Stéphane Ly-Cuong, qui fut rédac­teur en chef de votre site favori et qui tra­vaille sur la post-pro­duc­tion de son très atten­du long-métrage Dans la cui­sine des Nguyễn, se révèle ici par­ti­c­ulière­ment con­va­in­cant dans le rôle de Jacques, atteint par cette ter­ri­ble mal­adie. Et une fois encore, ne pensez pas que la pièce aura un effet anx­iogène. C’est presque tout l’inverse puisqu’elle apporte, sans élud­er les moments dif­fi­ciles, des notes lumineuses à cette histoire.

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