Candice Parise, Xavier Ducrocq et la famille Gruss : quel cirque !
Alexis Gruss est une légende à lui tout seul.
Maître-écuyer parmi les plus doués de France, dont la renommée dépasse largement nos frontières hexagonales, sa cavalerie exceptionnelle, ses talents – le travail en liberté, la haute école et l’acrobatie équestre – ont fait de lui une référence mondiale, qui perpétue la tradition avec sa nombreuse descendance.
Parmi elle, son fils, Stephan Gruss : « Enfant, mes héros étaient mon père et Gene Kelly. Leurs points communs : la polyvalence et l’excellence. » Et le directeur artistique de la compagnie de confier qu’il a toujours « rêvé de pouvoir s’inspirer des codes de l’univers merveilleux de la comédie musicale, de les intégrer à notre travail pour créer un spectacle d’un genre nouveau ».
Afin de célébrer dignement les cinquante ans de l’installation de son chapiteau à Paris, le patriarche (80 ans cette année !) et sa compagnie proposent donc depuis l’automne 2023 un tout nouveau spectacle. Une cinquantième création à la hauteur de leur talent, alliant tableaux musicaux et prouesses équestres. Ou quand la comédie musicale rencontre le monde fascinant du dressage.
Pour sublimer les vingt-cinq artistes et les cinquante chevaux de la cavalerie, la compagnie a fait appel à Grégory Garell, qui a écrit et composé les chansons. Habitué de l’Opéra de Toulon où il a participé aux productions de Wonderful Town et de South Pacific, il fut également Jack dans la version d’Into the Woods mise en scène par Olivier Bénézech, ou on l’a vu, plus récemment, dans Chantons sous la pluie. Après avoir participé à la création de Surcouf, Grégory Garell a mis en musique ce show anniversaire des Folies Gruss : une histoire simple, celle de Louise, jeune chanteuse pétillante qui rêve d’intégrer la troupe. Mais le casting ne se passe pas comme prévu… Jusqu’à sa rencontre avec Piotr, fidèle technicien de l’ombre, qui connaît le chapiteau comme sa poche.
Leurs échanges au bord de la piste les conduisent à assister aux répétitions, à croiser toutes les générations d’une famille hors du commun, à faire se succéder figures mythiques et numéros inédits. Car le technicien cache dans sa besace les souvenirs étoilés. Il est la mémoire de la sciure, faisant renaître les grands numéros qui ont fait la réputation des Gruss depuis des décennies.
Étalons en liberté, figures de haute école, cabriole, mais aussi jonglage, funambule et voltige aérienne, le spectacle est autant sur la piste que dans les airs. Firmin et Svetlana s’envolent, Maud danse sur un fil, Charles et Alexandre enchaînent les acrobaties à cheval, et le grand Alexis murmure à l’oreille des chevaux. La complicité entre l’homme et l’animal est évidente, donnant naissance à d’impressionnantes prouesses.
Dans un nouveau décor original signé Gregory Antoine qui surplombe la mythique piste où les efforts se changent en grâce, les interprètes de Louise et Piotr sont une évidence : Candice Parise et Xavier Ducrocq.
La chanteuse (Roméo et Juliette, Le Magicien d’Oz, Hair, Les Misérables), elle-même cavalière, est depuis 2019 la voix des Folies Gruss. Devenue quasi-membre de la famille, elle tient son rôle à merveille, à l’aise parmi les lusitaniens, les pur-sang et autres frisons. Et si elle répète déjà Starmusical, elle n’abandonnerait pour rien les Gruss. À ses côtés, Xavier Ducrocq, vu dans Fame, Le Livre de la jungle, Cole Porter in Paris, a de faux airs du ramoneur Bert de Mary Poppins ! Le duo s’amuse, se titille et donne de la voix, servi par un orchestre live. Cet atout supplémentaire, et non des moindres, accompagne non seulement les chansons, mais aussi les numéros, donnant à l’ensemble puissance et éclat.
Récemment auréolés d’un Clown d’or, récompense suprême, au dernier Festival international du cirque de Monte-Carlo, Charles et Alexandre Gruss déclenchent – à juste titre – une ovation avec leur tableau de jonglage à cheval. Avant que Maud ne réalise la Grande Poste, inégalée et unique au monde, en compagnie de dix-huit étalons lancés à plein galop. Moment exceptionnel qui achève le spectacle.
Pour ceux qui en doutaient, Louise est évidemment embauchée, entraînant la troupe dans une grande chanson collective, précédant les saluts.
Piotr restera dans l’ombre. À moins que dans un ultime clin d’œil, furtif mais d’une poésie infinie, il n’apparaisse dans la lumière… Une légende à lui tout seul…