Cole Porter in Paris

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Théâtre du Châtelet – Place du Châtelet, 75001 Paris.
Du 11 décembre 2021 au 1er janvier 2022.
Renseignements et réservations sur le site du Châtelet.

Les Années folles de Cole Porter.

Le com­pos­i­teur Cole Porter fig­ure par­mi les étoiles de ce bouil­lon­nant Paris qui, au lende­main de la Grande Boucherie de 14–18, rebat toutes les cartes de l’art. Les Friv­o­lités Parisi­ennes pro­posent pour cette fin d’année un spec­ta­cle reprenant ses pre­mières chan­sons, avant son retour aux États-Unis.

Il est en effet le plus parisien des Améri­cains fixés dans la cap­i­tale aux côtés de Ernest Hem­ing­way, Gertrude Stein, George Gersh­win, Man Ray, Joséphine Bak­er, John Roderi­go Dos Pas­sos, la « lost gen­er­a­tion » qui se regroupe autour de la Librairie Shake­speare & Co de Sylvia Beach. Ses chan­sons, aux saveurs auto­bi­ographiques sou­vent liées à sa vie parisi­enne de l’entre-deux guer­res, esquis­sent le por­trait d’un esprit bril­lant à la nature exquise et sophis­tiquée. Ces chan­sons de Porter (qui avec Jerome Kern, Irv­ing Berlin, George Gersh­win et Richard Rodgers con­stitue le Big Five de l’âge d’or de Broad­way) esquis­sent le por­trait d’un esprit bril­lant à la nature exquise et sophis­tiquée, mais aus­si les con­tours d’une âme secrète, éprise de lib­erté. Cette sélec­tion de chan­sons, entre stan­dards et pépites redé­cou­vertes, a don­né lieu à une orches­tra­tion nou­velle, qui fait la part belle à la dimen­sion scénique et théâ­trale de ce réper­toire de comédie musi­cale. Des dia­logues addi­tion­nels ont été inspirés par la cor­re­spon­dance de Cole Porter, inédite en France.

Cole Porter in Paris est pen­sé comme un livre d’images, une fresque sonore et visuelle qui nous trans­porte dans ces Années folles, qui évoque autant le par­cours per­son­nel de l’homme et de l’artiste que ce nou­veau souf­fle de vie qui irrigue Paris au sor­tir de la Grande Guerre.

Notre avis : La nou­velle pro­duc­tion des Friv­o­lités Parisi­ennes s’intéresse à Cole Porter et plus pré­cisé­ment aux dix années que ce génial com­pos­i­teur et paroli­er a passé dans la cap­i­tale française. Il s’agit plus d’une évo­ca­tion mali­cieuse que d’un par­cours his­torique, Christophe Miram­beau – maître d’œuvre tant dans le livret que pour la mise en scène – ayant puisé dans l’œuvre du maître sans souci de chronolo­gie, une trentaine de titres pour évo­quer ce long séjour et l’influence qu’il n’aura eu de cesse d’avoir. Voilà une riche idée, et ce d’autant plus que de nom­breux airs sont très peu con­nus. Il aurait été facile de bâtir le spec­ta­cle sur les « hits » du com­pos­i­teur. L’exigence prime, sans pour autant couper le grand pub­lic, qui ne con­naît pas for­cé­ment Cole Porter.

Il con­vient alors de se laiss­er gliss­er avec plaisir dans cette his­toire qui laisse, le plus sou­vent, la part libre à l’imagination du spec­ta­teur. Par exem­ple, ce n’est pas un, mais trois chanteurs qui incar­nent Cole Porter, soit Yoni Amar, Richard Delestre et Matthieu Michard, égale­ment au piano. Les décors, assez min­i­mal­istes, sug­gèrent plus qu’ils ne démon­trent. Nous filons de décou­vertes en redé­cou­vertes puisque les titres, même les plus con­nus, sont réorchestrés et, une fois encore, les musi­ciens des Friv­o­lités font mer­veille. La dis­tri­b­u­tion n’est pas en reste, entre Léo­vanie Raud, qui incar­ne avec tact une femme mul­ti­ple, acidulée, et Mar­i­on Tas­sou, absol­u­ment superbe en épouse aimante, un rien mal­menée (même si Cole Porter ne lui avait jamais caché son homo­sex­u­al­ité). Tout ce petit monde fait donc revivre le Paris des Années folles, qui l’était surtout pour les for­tunés – ce qui était le cas du cou­ple « col­por­teurs », comme on les nom­mait. Afin d’offrir un spec­ta­cle com­plet (la scène du Châtelet est grande, il con­vient de l’occuper !), des danseurs, sous la houlette de la tou­jours inspirée Car­o­line Roë­lands inter­vi­en­nent dans divers numéros, jusqu’à ce moment assez mag­ique où nous est présen­tée la pièce With­in the Quo­ta, que Porter écriv­it pour les Bal­lets sué­dois. L’immarcescible – pour repren­dre les ter­mes de Christophe Miram­beau – Char­lène Duval fait égale­ment par­tie du voy­age, dans une chan­son peu con­nue et fort amu­sante. Se rep­longer dans ces années insou­ciantes, où les bons mots pétil­laient comme le cham­pagne, fait donc un bien fou !

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