Mi-Ange Mi-Raymon (Critique)

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De et avec Ray­mon Blailock
Mise en scène: Lison Pinet

Résumé: Né par acci­dent… Mi Ange-Mi Ray­mon, seul dans son « plac­ard à bon­nich­es », nous entraine avec lui dans le sil­lon des sou­venirs orchestrés de son enfance, funam­bule entre réel et imag­i­naire. Il incar­ne et chante des per­son­nages déjan­tés, sur la gamme frag­ile des émo­tions, à la recherche de son dou­ble per­du … par acci­dent. Ray­mon joue à déjouer le sens des choses, laisse ses moi mul­ti­ples pren­dre la place, nous boule­verse l’émotionnel.

Notre avis (pub­lié en mars 2017) : Drapé dans un grand tis­su noir, Ray­mon appa­raît tel une créa­ture étrange venue d’ailleurs, décla­mant son texte à la façon d’un théâtre comme on n’en fait plus, plan­té au milieu d’un décor con­sti­tué d’un canapé, d’un par­avent et de nom­breux objets divers et var­iés. Cette entrée en matière à de quoi sur­pren­dre, voire inquiéter. Et pour­tant, très rapi­de­ment, le spec­ta­cle prend une toute autre tournure.
Ray­mon abor­de un réc­it très per­son­nel. Avec beau­coup d’auto-dérision il par­le de son enfance, de son par­cours de jeune provin­cial venu chercher gloire et for­tune à la cap­i­tale et fait le dur con­stat de la dif­férence entre les rêves et la réal­ité. Il fait appa­raître au gré des déguise­ments les per­son­nes qui ont mar­qué sa vie comme sa mère ou encore une maîtresse d’école, et n’hésite pas à égratign­er au pas­sage le Berry pro­fond ou les parisiens. Il entre dans des détails très intimes, il est par­fois cru sans jamais être vul­gaire, et arrive à être aus­si touchant dans les moments émou­vants que léger et drôle dans ses délires.
Les per­son­nages qu’il des­sine devi­en­nent de plus en plus exubérants au fil du spec­ta­cle et empor­tent le spec­ta­teur dans un univers décalé. Il les incar­ne tous avec la même sincérité et les chante avec émo­tion. Plus la folie s’installe et plus le spec­ta­cle devient drôle. Le réc­it est ponc­tué de chan­sons aux textes et aux mélodies très bien écrits qui don­nent du rythme à la soirée. Même si la nar­ra­tion est par­fois un peu con­fuse, c’est tou­jours avec intérêt que l’on suit cette éton­nante auto-fiction.
Pen­dant une heure, Ray­mon Blailock nous embar­que dans son univers très per­son­nel col­oré et drôle à l’humour grinçant et absurde avec juste ce qu’il faut de mau­vais goût pour en faire un spec­ta­cle vrai­ment orig­i­nal, un spec­ta­cle unique qui mérite d’être découvert.