Le rêve est le seul chemin qui permette d’atteindre l’inaccessible.
Milou n’est pas un gamin comme les autres. Solitaire et rêveur, un soir il est touché par la grâce… ou plutôt par la voix de Nana Mouskouri, qu’il découvre à la télévision.
La vie du jeune garçon s’éclaire soudain comme la flamme sur un bec de gaz. C’est décidé : quand il sera grand, il sera Nana Mouskouri !
Milou se heurte alors à quelques obstacles : il n’est pas grec, n’a pas de longs cheveux noirs, ne porte pas de lunettes et, comble de la déveine, c’est un garçon ! Mais Milou n’a pas l’habitude de baisser les bras…
Adapté du roman éponyme, et inspiré d’une histoire vraie, le texte de David Lelait-Helo porté par Didier Constant nous fait passer du rire aux larmes et nous invite à ne jamais renoncer à nos rêves… Les plus fous soient-ils.
Notre avis : La rentrée au Studio Hébertot est décidément placée sous le signe de la chanson française ! Après Toute une vie sans se voir qui fait revivre le couple Véronique Sanson — Michel Berger, c’est au tour de Nana Mouskouri d’être à l’affiche. Mais la comparaison s’arrête là. Ici, ce n’est pas l’histoire de la célèbre chanteuse que l’on suit, mais celle d’un jeune garçon, pas un « garçon garçon », mais plutôt un « garçon chanteuse », à l’imagination débordant de fantaisie, qui s’imagine en princesse couronnée d’un diadème, déteste le football et se fait harceler à l’école. Un soir de 1985, il a une révélation en entendant le générique de L’Amour en héritage à la télévision (pour les plus jeunes ou ceux qui auraient besoin de se rafraîchir les oreilles, cliquez ici). La grâce céleste de cette voix qu’il ne connaît pas le bouleverse, le hante au point qu’il en fait son rêve : il veut être Nana Mouskouri. Malgré son jeune âge et le fait qu’il n’a à peu près rien en commun avec son idole, il a de la suite dans les idées : il acquiert un premier trente-trois tours, s’offre un premier concert à l’Olympia, ose une première tentative de personnification en revêtant les rideaux de la cuisine et en bricolant une panoplie perruque-lunettes-paillettes… et le voilà lancé ! Il grandit, continue d’aller voir sa mamie adorée, fait des études, découvre sa sexualité… sans perdre de vue son rêve qui le guide comme une bonne étoile et l’aide à s’épanouir.
Dès la première minute, on est sous le charme du texte de David Lelait-Helo, ici adapté par Virginie Lemoine. Ciselé, foisonnant de détails, rythmé, malicieusement tourné, il installe et maintient le spectateur dans un univers à la fois poétique et terre à terre – ce que souligne également la mise en scène –, toujours dans une forme de légèreté qui n’escamote pas le quotidien mais privilégie l’attachement au rêve. Cette richesse de vie, à la fois dans le rire et dans l’émotion la plus intime, Didier Constant l’offre au public dans une performance qui force le respect tellement il s’efface derrière ce petit garçon qui grandit.
On ressort de ce spectacle nourri et léger, rassuré et convaincu que les rêves sont les meilleurs repères dans la vie, et en se disant que, oui, vraiment, nous aussi, on voudrait être Nana Mouskouri.