Toute une vie sans se voir

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Studio Hébertot – 78 bis, boulevard des Batignolles, 75017 Paris.
Du 7 septembre au 8 octobre 2023. Reprise du 15 février au 7 avril 2024. Du jeudi au samedi à 19h, le dimanche à 17h.
Pour en savoir plus et réserver vos places, cliquez ici.

En 1949 naît une héroïne..Celle qui devien­dra la pre­mière chanteuse pop française. Celle qui quit­tera son amoureux comme dans un film, en allant acheter des cigarettes.

En 1973, Véronique San­son quitte Michel Berg­er. Et même si elle regret­tera la manière dont elle l’a fait, elle ne regret­tera jamais son départ. Et cette cul­pa­bil­ité nour­ri­ra la majorité de ses chansons.
Michel et Véronique vont s’écrire tout au long de leurs discogra­phies, à tra­vers des chan­sons que l’on retrou­ve par­fois au fond de vieux dis­ques, par­fois au grand jour des ondes radio. On y décou­vre, comme un tré­sor, une rela­tion épis­to­laire pas­sion­née, révélant le manque et la souf­france d’être loin.

Cette his­toire, qui dépasse large­ment ce cou­ple roman­tique, con­tient tous les ingré­di­ents d’un mythe, y incar­nant les aspects de la con­di­tion humaine.
Toute une vie sans se voir pro­pose comme une relec­ture mod­erne d’Or­phée et Eury­dice, ces deux amants con­damnés à ne plus pou­voir se regarder.

Notre avis (sep­tem­bre 2023) : Met­tons de côté ce qui nous sem­ble le plus faible dans ce spec­ta­cle, soit l’analogie entre l’histoire d’amour tour­men­tée entre deux chanteurs célèbres et une autre, mythologique. Orphée et Eury­dice n’ont pas grand-chose à voir avec Véronique San­son et Michel Berg­er, et les fils que tien­nent absol­u­ment à tiss­er les deux pro­tag­o­nistes se révè­lent peu résis­tants face à l’analyse. Fort heureuse­ment, ce pos­tu­lat n’intervient que très peu dans un spec­ta­cle qui met avant tout l’accent sur un choix per­ti­nent de chan­sons des deux artistes.

Sur scène, Julie Rousseau et Bastien Lucas per­me­t­tent, par l’excellence de leur presta­tion, de se plonger ou rep­longer dans le réper­toire de deux très très grands tal­ents. La rup­ture bru­tale (Véronique San­son, amoureuse de Stephen Stills, quitte Michel Berg­er durant l’enregistrement d’un album, pré­tex­tant aller chercher des cig­a­rettes…) aura servi comme un engrais fer­tile dans l’inspiration des artistes, qui s’envoient des “mes­sages per­son­nels” au tra­vers des textes de leurs chan­sons. Une fois encore, le choix des titres et l’interprétation for­mi­da­ble invi­tent le spec­ta­teur à pénétr­er dans cet univers où la poésie per­met de rester debout, de sup­port­er les choix (pour Véronique San­son), l’incompréhension et l’absence intolérable (pour Michel Berg­er). “Le Mau­dit”, “Le Temps assas­sin”, “L’un sans l’autre”… Un spec­ta­cle sub­tile­ment bouleversant.

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