Notre avis : Une partition et un livret originaux, plus d’une dizaine de comédiens sur scène, un orchestre live, des décors de plain-pied… On pourrait croire à la description d’un show de Broadway et pourtant, ceux-ci décrivent la récente production de la compagnie Selma, Séraphin, le musical, qui termine une semaine d’exploitation à guichets fermés à la MPAA Saint-Germain. L’impossible, Selma l’a accompli grâce à la force de son collectif de passionnés, dont l’élan créatif fait plaisir à voir. Après How to Succeed in Business Without Really Trying en 2018, la compagnie se penche cette fois sur l’univers de la restauration et nous invite Chez Séraphin. Dès l’ouverture, le spectateur est instantanément transporté grâce à de splendides décors réalistes, très rares pour une production de cette échelle. De là, s’enchaînent les chorégraphies sautillantes et les bonnes idées de mise en scène : on retiendra une intégration maligne de l’orchestre, un numéro entier de percussions sur ustensiles ainsi qu’une flopée de personnages dont la profondeur n’a pas manqué de nous surprendre. Car le plus fort avec Selma, c’est que la proximité de ses membres et l’attachement personnel que chacun ressent pour ce projet original transparaissent indéniablement et donnent à l’œuvre une irrésistible humanité. L’attrait du spectacle est autant dû à la qualité de sa confection qu’à la façon dont les comédiens s’amusent à faire exister employés lambdas, figures d’autorité et personnages hauts en couleur. La recette musicale fait mouche également, composée de morceaux « à la Broadway » et d’enivrantes balades jazzy. Les quelques contresens du livret sont vite oubliés quand l’ensemble entame son final explosif où l’on se délecte de voir l’austère patron repenti se mettre à danser, un grand sourire aux lèvres, au rythme d’une entêtante mélodie qui nous restera jusqu’au matin. L’« eau à la bouche », c’est assurément ce que procure l’attente de la suite des aventures de la compagnie Selma. Chapeau, les artistes.
Séraphin, le musical
MPAA Saint-Germain – 4, rue Félibien, 75006 Paris
Du 21 au 23 octobre 2021.
Paris, 1963. Monsieur Séraphin est propriétaire de son restaurant depuis une vingtaine d’années. Chez Séraphin, rien ne change ni ne bouge. Ce dernier mène son équipe d’une main de maître : pour lui, la restauration est un art et il convient d’en respecter tous les principes. Mais depuis toujours, Monsieur Séraphin rêve de décrocher une étoile au Guide Michelin. Pour y parvenir, il décide de s’offrir les services d’un expert autoproclamé formé à New York…