Some Like It Hot

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Shubert theatre – 225 W 44th St, New York.
À partir du 11 décembre 2022. Previews depuis le 1er novembre.
Par ici le site du spectacle.

On con­naît l’histoire du célèbre film de Bil­ly Wilder sor­ti en 1959, dont les vedettes prin­ci­pales étaient Mar­i­lyn Mon­roe, Tony Cur­tis et Jack Lem­mon. L’action se tient à Chica­go en 1933, Joe et Jer­ry, deux musi­ciens sans tra­vail, sont les témoins acci­den­tels du mas­sacre de la Saint-Valentin qui allait élim­in­er les mem­bres d’un gang rival d’Al Capone. Se sachant sérieuse­ment men­acés, ils se déguisent en filles nom­mées Joséphine et Daph­né et se joignent à un orchestre féminin qui va faire une tournée en Floride. La chanteuse prin­ci­pale du groupe est Sug­ar, qui bien­tôt fait toutes ses con­fi­dences à Joséphine et que Joe parvient à séduire quand il reprend sa véri­ta­ble iden­tité ; tan­dis que Daphné/Jerry, main­tenant courtisé.e par un riche mil­lion­naire en vacances, repousse ses avances avant d’essayer de lui faire com­pren­dre les raisons pour lesquelles il ne peut y répon­dre, ce qui lui vaut d’entendre la fameuse réponse dudit mil­lion­naire : « Nul n’est parfait ».

Adri­an­na Hicks © Marc J.Franklin

Dans un pre­mier trans­fert sur la scène, l’histoire avait déjà été util­isée par Peter Stone pour le livret de Sug­ar, la comédie musi­cale pro­duite en 1972 par David Mer­rick et mise en musique par Jule Styne et Bob Mer­rill en rem­place­ment de Jer­ry Her­man ini­tiale­ment prévu. La pièce se présen­tait comme une œuvre théâ­trale tra­di­tion­nelle avec une musique qui évo­quait, par ses sonorités et ses accents, les airs com­posés huit ans plus tôt par Styne et Mer­rill pour Fun­ny Girl. Elle allait rester près de deux ans à l’affiche pour 505 représen­ta­tions avant d’être mon­tée dans plusieurs pays, notam­ment au Mex­ique, au Brésil, en Argen­tine, au Dane­mark et en Espagne, mais elle n’était jamais rev­enue à Broadway.

Natasha Yvette Williams © Marc J.Franklin

Bien qu’utilisant le même sujet, Some Like It Hot, qui retient le titre du film, est une œuvre totale­ment dif­férente de Sug­ar. Com­pos­i­teur, Mark Shaiman (égale­ment l’auteur des paroles avec Scott Wittman) s’est inspiré de l’époque et de l’esprit du réc­it pour créer une musique de style big band qui donne aux nom­breuses chan­sons et aux bal­lets des accents débridés, pleins de rythmes et d’enthousiasme. Les quelques chan­sons qui ne relèvent pas de ce car­ac­tère, notam­ment celles qui sont inter­prétées par Ari­an­na Hicks dans le rôle de Sug­ar (« A Dark­er Shade of Blue » et « At the Old Majes­tic Nick­el Mati­nee », entre autres) emprun­tent au blues, tout comme la chan­son-titre – chan­tée avec fougue par Natasha Yvette Williams sous les traits de Sweet Sue, la direc­trice de l’orchestre féminin au cen­tre de l’action, dont la voix rap­pelle Ma Rainey ou Big Mama Thorn­ton – qui évoque par moments « Let’s Mis­be­have », l’un des gros suc­cès de Cole Porter, écrite en 1926.

Sous les traits de Joe/Joséphine et Eddy/Daphné, les deux musi­ciens qui se déguisent pour échap­per aux gang­sters du groupe de Spats Colum­bo, Chris­t­ian Bor­le, un vétéran de Broad­way avec de mul­ti­ples presta­tions nota­bles, dont le rôle de Shake­speare dans Some­thing Rot­ten, et J. Har­ri­son Ghee, remar­qué récem­ment dans Mrs. Doubt­fire, sont tous deux excel­lents. Le pre­mier a une façon d’interpréter son per­son­nage qui rap­pelle Eddie Can­tor et Don­ald O’Connor, deux acteurs bien con­nus des années 1930 et 1940, l’un pour son sourire per­ma­nent, l’autre pour son agilité à danser. Quant au sec­ond, très grand par rap­port à ses col­lègues, il donne à Daph­né une per­son­nal­ité séduisante au-delà de nos imag­i­na­tions ; c’est égale­ment un chanteur et un danseur de cla­que­ttes accom­pli qui fait des étin­celles  à plusieurs repris­es au cours du spectacle.

Chris­t­ian Bor­le et J. Har­ri­son Ghee © Marc J.Franklin

Il faut égale­ment men­tion­ner Kevin del Alguila qui, sous les traits d’Osgood, le mil­lion­naire qui tombe amoureux de Daph­né, témoigne lui aus­si d’un tal­ent remar­quable dans des moments dan­sés qui débor­dent d’humour ; Mark Loti­to, chargé d’incarner Spats avec la froideur néces­saire d’un tueur ; et Adam Heller, un flic banal sur la piste de Spats.

Le reste de la dis­tri­b­u­tion compte un large con­tin­gent de danseurs.se.s et chanteurs.se.s auxquel.le.s on a don­né l’occasion de faire preuve de leurs tal­ents per­son­nels respec­tifs et qui le font avec un ent­hou­si­asme et une énergie à toute épreuve. Leurs fréquentes inter­ven­tions sont l’un des joy­aux de cette pro­duc­tion qui débor­de à tout instant de jeunesse, d’humour et de bril­lant, et à laque­lle toute l’équipe tech­nique (les décors de Scott Pask, les éclairages de Natasha Katz, et surtout les cos­tumes vivants de couleur créés par Gregg Barnes) a con­tribué à don­ner un aspect qui attire et séduit.

Incidem­ment, la fameuse réponse d’Osgood à Daph­né, « Nobody’s per­fect! », n’est plus dans la pièce, mais est suc­cincte­ment sug­gérée dans la chan­son, « Ride out the Storm » par laque­lle Jer­ry déclare que, puisque Joe et Sug­ar sont main­tenant en cou­ple, vivre avec Osgood n’est pas une solu­tion plus bête après tout, « ce que beau­coup de gens de nos jours com­pren­dront ». Un sourire flotte dans la salle…

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