The Great Gatsby

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Broadway Theatre – 1681 Broadway, New York.
Première le 25 avril 2024.
Le site du spectacle.

Bien que qual­i­fié de « new musi­cal » sur le pro­gramme, The Great Gats­by est bien plus qu’une comédie musi­cale : c’est un drame musi­cal d’une grande pro­fondeur et d’une solide portée qui est tout à son hon­neur. Inspiré du livre de F. Scott Fitzger­ald pub­lié en 1925 – un des piliers de la lit­téra­ture états-uni­enne, qui avait déjà servi de sujet au film de Fran­cis Ford Cop­po­la sor­ti en 1983 –, le spec­ta­cle se situe en 1922, à l’orée des Années folles, époque qui vit notam­ment l’émergence du style Art déco et du Jazz Age, alors que les stan­dards de vie sem­blaient en pleine évo­lu­tion, don­nant aux gens, encore frap­pés par le désas­tre de la Pre­mière Guerre mon­di­ale, un nou­veau dynamisme, une joie de vivre et un élan qui allaient beau­coup se man­i­fester dans un hédon­isme libérateur.

Telle est la toile de fond de The Great Gats­by, qui retrace l’histoire d’un mil­lion­naire dont les ressources finan­cières sont mys­térieuses et dou­teuses, et qui pos­sède une lux­ueuse pro­priété dans le Long Island, près de New York, où il donne fréquem­ment de grandes soirées. Quand Nick, un soi-dis­ant ancien copain du lycée, loue un bun­ga­low non loin de chez lui, il l’engage pour retrou­ver Daisy, une loin­taine cou­sine de Nick et le grand amour de sa vie. Tel est le point de départ du réc­it, qui se con­cen­tre sur trois cou­ples : Gats­by et Daisy, laque­lle est mar­iée à Tom, lui aus­si mil­lion­naire et voisin de Gats­by ; Myr­tle, la femme d’un garag­iste du coin, et Tom, dont elle attend un enfant ; Nick et Jor­dan, une proche amie de Daisy ren­con­trée lors d’une soirée où Gats­by l’a invitée. C’est grâce à elle qu’il retrou­ve Daisy, qui renoue avec Gats­by et serait presque dis­posée à divorcer de Tom pour l’épouser jusqu’à ce qu’elle apprenne que Gats­by doit son argent à un traf­ic clan­des­tin de bois­sons alcoolisées. Il n’en faut pas plus pour qu’elle se désiste.

© Matthew Mur­phy et Evan Zimmerman

Alors que Gats­by rac­com­pa­gne Daisy chez elle un soir, sa voiture heurte Myr­tle qui est tuée sur le coup. Plus tard, il révèle à Tom que c’est Daisy qui con­dui­sait la voiture mais qu’il en pren­dra la respon­s­abil­ité pour qu’elle ne soit pas con­damnée. À son tour, Tom annonce à George, le garag­iste, que c’est Gats­by qui con­dui­sait. Main­tenant con­va­in­cu que Gats­by est égale­ment le père de l’en­fant que sa femme por­tait, George se rend chez Gats­by et le tue avant de se sui­cider. Tom et Daisy démé­na­gent pour aller vivre ailleurs…

© Matthew Mur­phy et Evan Zimmerman

La pre­mière chose qui frappe et qu’on admire dans cette pro­duc­tion, c’est le luxe des décors scin­til­lants créés par Paul Tate dePoo III, accen­tués par les pro­jec­tions imag­i­na­tives de Cory Pat­tak, et des cos­tumes égale­ment remar­quables dus à Lin­da Cho. Ils témoignent du soin apporté pour mon­ter ce spec­ta­cle et en faire un suc­cès inoubliable.

© Matthew Mur­phy et Evan Zimmerman

L’adaptation du roman pour la scène par Kait Ker­ri­g­an, nou­velle venue à Broad­way, suit de près la trame orig­inelle, ce qui lui con­fère une solid­ité à toute épreuve. On aurait pu souhaiter qu’il en soit de même des chan­sons de Jason How­land (musique) et Nathan Tysen (paroles), lesquelles sont agréables mais pas mémorables. Par ailleurs, mêlées à des airs de style Broad­way, les chan­sons aux accents de jazz sont trop peu nom­breuses pour mieux planter l’époque dans laque­lle se situe l’action.

En revanche, ce qui impres­sionne beau­coup, c’est l’énorme tal­ent des acteurs prin­ci­paux, dont les vocal­i­sa­tions sur­passent de loin ce que l’on a l’habitude d’entendre à Broad­way. Dans le rôle de Gats­by, Jere­my Jor­dan est séduisant et déploie un style qui cou­vre plusieurs gammes et lui per­met de mon­tr­er son grand tal­ent de chanteur. Il en est de même d’Eva Nobleza­da, déjà remar­quée dans Hadestown il y a quelques saisons, qui lui donne la réplique dans le rôle de Daisy et domine la scène notam­ment dans un solo inti­t­ulé « Beau­ti­ful Lit­tle Fool ».

© Matthew Mur­phy et Evan Zimmerman

Le reste de la dis­tri­b­u­tion est au même niveau avec Noah J. Rick­etts sous les traits de Nick, excel­lent tout du long et faisant de « The Met » un autre morceau de choix, tan­dis que Sara Chase, dans le rôle de Myr­tle, se mon­tre elle aus­si en pleine pos­ses­sion de ses moyens avec « One-Way Road », un show­stop­per de pre­mière classe. Égale­ment à la hau­teur, John Zdro­jes­ki en Tom et Paul Whit­ty en George se dis­tinguent dans deux autres moments mar­quants de l’action, respec­tive­ment « Made to Last » et « God Sees Everything ».

Par­mi les autres élé­ments qui con­tribuent au plaisir que l’on a à voir ce spec­ta­cle, il con­vient de men­tion­ner les moments dan­sés, choré­graphiés par Dominique Kel­ly, dont notam­ment « Roar­ing On » qui tient lieu d’ouverture, et surtout « La Dee Dah with You », orné par un morceau de cla­que­ttes qui n’est pas sans évo­quer les Nicholas Brothers.

L’ensemble a été dûment placé sous le con­trôle de Marc Bruni, met­teur en scène bri­tan­nique déjà remar­qué pour son tra­vail dans Beau­ti­ful: The Car­ole King Musi­cal, présen­té à Broad­way lors de la sai­son 2013–2014, qui tient bien les choses en place pour en tir­er le max­i­mum, ce qui donne à l’ensemble un ton bien spé­ci­fique qui cadre avec l’action et l’amplifie.

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