L’Arche de Noé (bis)

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Lecture musicale à la Maison des auteurs (SACD), Paris.
Lundi 28 octobre 2024.

De quoi s’ag­it-il exactement ?
Les notes d’in­ten­tion de l’au­teur Adrien Biry-Vicente et de son met­teur en scène Nico­las Guilleminot sont claires.
L’Arche de Noé (bis) ne pré­tend à rien d’autre que de for­muler des ques­tions, avec le recul néces­saire qui per­me­t­trait de dépas­sion­ner le débat. Le rap­port femme/homme ou homme/femme dans notre société se révèle sujet à pas­sions, boule­verse­ments, vengeances, incom­préhen­sions – voire à des violences.

Les créa­teurs pro­posent, à tra­vers le dia­logue entre Mona et Pierre, d’élever le débat de façon human­iste – tout en mani­ant l’hu­mour avec adresse. Nos deux per­son­nages, inca­pables de se com­pren­dre et de s’aimer, ne pour­ront-ils trou­ver un espace où les rela­tions deviendraient finale­ment pos­si­bles ? Le regard atten­tif du spec­ta­teur, témoin des tem­pêtes tra­ver­sées par l’arche, attestera que l’hu­man­ité émerge égale­ment de nos com­plex­ités et de nos dif­férences. L’in­ter­ven­tion du troisième per­son­nage de la pièce (tour à tour péli­can, four­mi, forêt ou cail­lou) les accom­pa­g­n­era avec ironie, ten­dresse, et en musique dans leur étrange parcours.

Notre avis : Cette lec­ture nous laisse imag­in­er ce que pour­rait don­ner un développe­ment scénique avec décors et cos­tumes. Adrien Biry-Vicente nous fait pénétr­er, une fois de plus, dans son monde imag­i­naire et plein de cette poésie qu’il aime tant. Il nous avait déjà char­més la sai­son passée avec Hep­ta, le grand voy­age du Petit Homme, un voy­age ini­ti­a­tique demeuré inou­bli­able (déjà mis en scène par Nico­las Guilleminot).

Vanes­sa Cail­hol, Adrien Biry-Vicente et Pierre Khor­sand ©DR

Ce n’est pas par hasard si Vanes­sa Cail­hol a été attirée par le rôle de Mona. Elle affec­tionne aus­si les per­son­nages doux-amers, ten­dres et quelque peu tour­men­tés – comme elle nous en a don­né la démon­stra­tion dans le très remar­qué Cour­gette, spec­ta­cle qui lui a valu d’être récom­pen­sée comme meilleure comé­di­enne aux derniers Molières, et aux Trophées de la comédie musi­cale comme meilleure inter­prète fémi­nine. Face à elle, Pierre Khor­sand, solide comé­di­en, nous appa­raît tout à la fois fort et frag­ile, met­tant en valeur avec pré­ci­sion la com­plex­ité et les nuances de son per­son­nage. Adrien, témoin dis­cret de cette joute, les observe et les pro­tège avec bien­veil­lance – tout en jouant de divers instru­ments, en chan­tant et en assur­ant le lien dans la nar­ra­tion. Cet auteur exigeant ne cède jamais à la facil­ité, deman­dant tou­jours au spec­ta­teur une atten­tion par­ti­c­ulière – au risque peut-être de l’égarer en cours de route. Nous atten­dons avec impa­tience la créa­tion scénique de cet ambitieux (mais non moins déli­cieux) spec­ta­cle, dont nous avons eu un avant-goût alléchant.

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