C’est bientôt Noël, la saison tant attendue pour recevoir des cadeaux et en distribuer autour de soi. C’est également l’occasion rêvée d’aller voir une comédie musicale qui célèbre à sa façon cette période de fêtes : Elf, une carte de Noël vivante et colorée qui présente l’histoire d’un lutin du Père Noël perdu dans l’immensité de la ville de New York – une histoire créée à l’origine en 2003 pour un film dont la vedette était Will Ferrell et adaptée pour la scène de Broadway en 2010.
Il faudrait être bougon de nature et avoir mauvais caractère pour en pas apprécier ce spectacle sans prétention, peut-être un peu simplet mais fort amusant et très bien agencé. L’histoire en est bien conçue. Buddy, un bébé orphelin, se glisse un soir de Noël dans le sac de jouets du Père Noël, à l’insu de ce dernier, et échoue ainsi au terme de sa tournée au pôle Nord où Papa Elf l’adopte et l’élève comme l’un de ses lutins. Mais, au fur et à mesure que les ans passent, Buddy, qui se croit toujours un lutin, a grandi à tel point que son père d’adoption lui révèle enfin son origine – il est le fils de Walter, un éditeur de livres pour enfants, et de Susan, laquelle a malheureusement disparu – et lui recommande de retourner dans sa ville natale, New York, afin de retrouver son vrai père. Entre-temps, ce dernier a épousé Emily, avec qui ils ont eu un enfant, Michael.
À sa grande surprise, Buddy découvre que Walter est sur la liste des gens mal vus par le Père Noël parce qu’il ne croit pas à l’esprit de joie festive qui auréole la saison, pas plus d’ailleurs que Michael. Ils ne sont pas les seuls – Buddy se rend compte bientôt que personne ne se soucie de savoir qui est ce personnage de fiction, même Jovie, une fille dont il fait la connaissance et qui n’a que du mépris pour les hommes qu’elle rencontre. Avec détermination, Buddy décide alors de les convertir et de leur faire comprendre la vraie valeur de Noël, mais ce sera l’arrivée imprévue du Père Noël lui-même qui les fera changer d’avis, y compris Jovie, dont les sentiments à son égard vont d’ailleurs fondre comme neige au soleil auprès de Buddy, dont elle deviendra la compagne et la mère de leur petit lutin.
Cette histoire bon enfant, écrite pour l’écran par David Berenbaum et retravaillée pour la scène par Thomas Meehan et Bob Martin, est pleine de bons moments théâtraux et musicaux – les chansons sont dues à Matthew Sklar pour la musique et à Chad Bergulin pour les paroles –, mais ce qui retient surtout l’attention, c’est la richesse de cette production toute en couleurs dans ses décors et ses costumes attrayants signés Tim Goodchild, ses éclairages relevés conçus par Patrick Woodroffe, et ses visions lumineuses et effets spéciaux dus à Ian William Galloway. Dans ce milieu qui reflète la joie et l’abandon de la saison, il n’en faut guère plus pour que les actrices et acteurs donnent toute la mesure de leurs talents dans des numéros dansés pleins d’enthousiasme, réglés par Liam Steel, et une mise en scène débordante de vitalité sous la direction de Philip William McKinley. Un numéro en particulier, « Happy All the Time », qui sert de prélude à l’action, frappe par son ingéniosité et donne à la troupe une occasion d’incarner les lutins du Père Noël en dansant sur leurs genoux de façon très réaliste. Un autre numéro, de claquettes cette fois, est également fort bien mené et surprenant d’élan et de précision.
Dans le rôle de Buddy, Grey Henson fait preuve d’agilité et de sens comique, et donne à son personnage toute la vitalité requise pour le rendre non seulement sympathique mais attachant. Il est bien évident qu’il emprunte quelques traits à Will Ferrell, mais il lui donne également un aspect plus personnel qui lui sied.
À ses côtés : Kayla Davion, qui incarne une séduisante Jovie qui garde ses distances ; Michael Hayden, le père de Buddy, qui doit faire face à l’arrivée intempestive de cet enfant qu’il n’attendait pas ; Ashley Brown, sa femme, qui se montre tolérante vis-à-vis de cet intrus qui débarque du pôle Nord et pour lequel elle éprouve de la sympathie ; Sean Astin, sous les traits de Santa, qui narre l’histoire de Buddy ; et surtout, Kai Edgar, vedette précoce qui se manifeste avec beaucoup de talent dans le rôle de Michael, un gosse de douze ans.
Une célébration théâtrale de Noël pleine de relief, Elf doit rester à l’affiche jusqu’au 4 janvier. À ne pas manquer si vous êtes à New York !