Séraphin, le musical

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MPAA Saint-Germain – 4, rue Félibien, 75006 Paris
Du 21 au 23 octobre 2021.

Paris, 1963. Mon­sieur Séraphin est pro­prié­taire de son restau­rant depuis une ving­taine d’an­nées. Chez Séraphin, rien ne change ni ne bouge. Ce dernier mène son équipe d’une main de maître : pour lui, la restau­ra­tion est un art et il con­vient d’en respecter tous les principes. Mais depuis tou­jours, Mon­sieur Séraphin rêve de décrocher une étoile au Guide Miche­lin. Pour y par­venir, il décide de s’offrir les ser­vices d’un expert auto­proclamé for­mé à New York…

Notre avis : Une par­ti­tion et un livret orig­in­aux, plus d’une dizaine de comé­di­ens sur scène, un orchestre live, des décors de plain-pied… On pour­rait croire à la descrip­tion d’un show de Broad­way et pour­tant, ceux-ci décrivent la récente pro­duc­tion de la com­pag­nie Sel­ma, Séraphin, le musi­cal, qui ter­mine une semaine d’ex­ploita­tion à guichets fer­més à la MPAA Saint-Ger­main. L’im­pos­si­ble, Sel­ma l’a accom­pli grâce à la force de son col­lec­tif de pas­sion­nés, dont l’élan créatif fait plaisir à voir. Après How to Suc­ceed in Busi­ness With­out Real­ly Try­ing en 2018, la com­pag­nie se penche cette fois sur l’u­nivers de la restau­ra­tion et nous invite Chez Séraphin. Dès l’ou­ver­ture, le spec­ta­teur est instan­ta­né­ment trans­porté grâce à de splen­dides décors réal­istes, très rares pour une pro­duc­tion de cette échelle. De là, s’en­chaî­nent les choré­gra­phies sautil­lantes et les bonnes idées de mise en scène : on retien­dra une inté­gra­tion maligne de l’orchestre, un numéro entier de per­cus­sions sur usten­siles ain­si qu’une flopée de per­son­nages dont la pro­fondeur n’a pas man­qué de nous sur­pren­dre. Car le plus fort avec Sel­ma, c’est que la prox­im­ité de ses mem­bres et l’at­tache­ment per­son­nel que cha­cun ressent pour ce pro­jet orig­i­nal transparais­sent indé­ni­able­ment et don­nent à l’œu­vre une irré­sistible human­ité. L’at­trait du spec­ta­cle est autant dû à la qual­ité de sa con­fec­tion qu’à la façon dont les comé­di­ens s’a­musent à faire exis­ter employés lamb­das, fig­ures d’au­torité et per­son­nages hauts en couleur. La recette musi­cale fait mouche égale­ment, com­posée de morceaux « à la Broad­way » et d’enivrantes balades jazzy. Les quelques con­tre­sens du livret sont vite oubliés quand l’ensem­ble entame son final explosif où l’on se délecte de voir l’austère patron repen­ti se met­tre à danser, un grand sourire aux lèvres, au rythme d’une entê­tante mélodie qui nous restera jusqu’au matin. L’« eau à la bouche », c’est assuré­ment ce que pro­cure l’at­tente de la suite des aven­tures de la com­pag­nie Sel­ma. Cha­peau, les artistes.

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