Ceci n’est pas une fable.
L’île d’Or existe-t-elle en réalité ? Où se trouve-t-elle ? Cette fois-ci elle se trouve dans les eaux du Japon. Oui, elle existe. Ce n’est pas la première fois. Elle a déjà existé (et elle existera encore) plus d’une fois dans la longue chronique de nos Astres et Désastres. Chaque fois que le monde est tout près de s’autodétruire, maints joyeux défenseurs de l’honneur de l’espoir, pas fous du tout, se démènent pour trouver l’arche ou le vaisseau. On va à l’Ile, ça a l’air d’un exil, c’est un refuge et un recommencement.
Vous vous souvenez d’Utopia, naturellement. Une île presque incroyable : répondant à un Roi tyran violent, cruel – et réel – qui secouait la planète et décapitait comme argument, le courageux lettré Thomas More vint faire la découverte de cette île promise. Et déjà, dans les années 1530, c’était la culture du cœur contre les Pouvoirs Brutaux, assassins de l’esprit.
Un brouillard sanglant répandu dans la ville ?
Vite ! une île. Et tout ce qu’il faut pour faire paradis, égalité entre les sexes, culture des arts, création d’une langue, l’utopienne, délivrée des sons rauques des vulgarités dites « modernes ». À ce propos que parlerons-nous sur notre île ? Sans aucun doute le mélodieux Aureus (or en latin) du théâtre.
En vérité le Théâtre est toujours une île. Mais cela ne se voit pas toujours au premier regard, surtout lorsque le Théâtre, Globe, Nef, Cartoucherie, est ancré sur le sol d’un continent. Mais cela se sent et se soupçonne. Et un jour, sous une Tempête Politique, le Théâtre d’Or rompt les chaînes et les amarres et gagne le dehors.
Elle s’appelle vraiment l’île d’Or. Mais qu’est-ce que l’or ? Pour nos personnages défenseurs du Bonheur, ce n’est pas l’or des mines et des banques c’est l’or de l’hospitalité, l’or innocent, hors coffre, l’or des banquets de l’amitié, le bon or qui va permettre la Fête de la Guérison à venir, de l’intelligence ranimée.
Ah ! Certains d’entre nous avaient pu croire que l’île d’Or dort ? Ça lui arrive. Mais l’île du Théâtre ne dort que d’un œil et pour bien rêver. D’un œil elle est toujours réveillée. D’une oreille, toujours vigilante : pas folle, pas innocente notre île est sur le qui-vive. Qui dort veille, nuit et jour, sur les préparatifs du Festival.
Le Festival, c’est la Cérémonie des Moments de Vie. Des quatre coins du pauvre monde nous ne sommes pas venus à l’île pour oublier mais pour célébrer, relever. Nous sommes venus mettre nos nombreuses et diverses colères en musiques, les jouer, les transformer et les faire entendre.
Pas pour fuir le Virus et ses co-virus, mais, bravant ses bombes, à la lumière de ses explosions, tenter d’éclairer le chaos du monde et d’illuminer les nids et les coins de bonheur et de promesse.
Le Festival ?! Rien qu’à ce mot, les gens de Bêtise et de Guerres se mobilisent. Le bonheur ? Quelle horreur ! Le Festival ? Non ! Pas de festival ! Tout sauf le théâtre, c’est-à-dire les voies de la liberté, et pas cotées en bourse.
- Un Festival de Théâtre ? râlent les démons spéculateurs. Et vous croyez que nos suppôts vont vous laisser survoler l’abîme, rire, jouer, jouir, cesser de souffrir, laisser la Vie gagner ? Un Festival ? Jamais. Au diable les acteurs ! A nous les actions ! Vous nous faites ricaner !
— Le Festival aura bien lieu, bande de jaloux !
— C’est ce que nous allons voir !
Comment cela finira-t-il ? Cela finira-t-il jamais ?