À Saint-Germain-des-Prés, la comédie musicale

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Théâtre de Passy – 95, rue de Passy, 75016 Paris.
À partir du 8 octobre 2022, du mercredi au samedi à 19h.
Informations en cliquant ici.

Ce spec­ta­cle célèbre Saint-Ger­main-des-Prés et l’ex­tra­or­di­naire diver­sité de son réper­toire musical.

L’après-guerre en France est mar­qué par la fas­ci­na­tion du rêve améri­cain. Mais plus pro­fondé­ment, sur le plan cul­turel, Sartre fait la part belle, dès 1945, à la décou­verte des romanciers améri­cains. Paris est un lieu d’une extra­or­di­naire agi­ta­tion artis­tique et intel­lectuelle qui cul­mine dans l’aventure de Saint-Ger­main-des-Prés : côté français, Sartre et Simone de Beau­voir mais aus­si Claude Luter et, côté améri­cain, Ver­non Sul­li­van. Lais­sons-nous emporter avec Alice « notre héroïne » dans le tour­bil­lon de cette époque, à la pour­suite du Lapin Blanc. Dans des scènes pit­toresques, peu­plées de per­son­nages hauts en couleurs, his­toriques ou de fic­tion, qui se suc­cè­dent dans un joyeux tin­ta­marre : une comédie musi­cale jouée sur un rythme endi­a­blé, qui alterne des chan­sons de Boris Vian, Juli­ette Gré­co et Mouloudji.

Notre avis : Le syn­op­sis nous promet de plonger dans l’ag­i­ta­tion artis­tique et intel­lectuelle du Paris de l’après-guerre, et l’en­gage­ment est tenu. L’am­biance de Saint-Ger­main-des-Prés est pal­pa­ble, par­fois même sur­voltée. Le pub­lic vient pour retrou­ver des chan­sons emblé­ma­tiques de l’époque et cela se sent. Dans la salle, quand réson­nent les pre­mières notes de « Fais-moi mal John­ny » ou de « À Saint-Ger­main-des-Prés », on entend les spec­ta­teurs fre­donner et appréci­er ces airs que tous con­nais­sent et affectionnent.

Ce sont des per­son­nages extrav­a­gants qui nous sont pro­posés durant une heure vingt ; c’est même une dimen­sion presque psy­chédélique du spec­ta­cle qui se dévoile à mesure que celui-ci avance. Impos­si­ble de ne pas faire le par­al­lèle avec l’u­nivers d’Alice au pays des mer­veilles de Lewis Car­roll, présent grâce à de nom­breux élé­ments clés du con­te. En revanche, on s’in­ter­roge sincère­ment sur la logique de ce choix. Car, dans cette volon­té d’ex­ubérance assumée, les comé­di­ens surar­tic­u­lent leurs textes, décu­plent leurs effets et per­dent ain­si en sincérité et en justesse, faisant bas­culer le spec­ta­cle dans un style pour le moins inat­ten­du et sur­prenant – entre le théâtre de boule­vard et l’ab­surde, un mélange audacieux.

Les voix chaleureuses et agréables, la juste inter­pré­ta­tion des chan­sons ain­si que la douceur de cer­taines scènes con­tribuent à installer une ambiance plaisante. Pour­tant, quelques choix de mise en scène et de scéno­gra­phie sem­blent flous ; et les per­son­nages emblé­ma­tiques du quarti­er man­quent quelque peu de car­ac­téri­sa­tion, bien que l’héroïne ne fasse de sa ren­con­tre avec eux un moment très attendu…

Si nous ne sommes pas com­plète­ment tombés sous le charme de ce spec­ta­cle – sans doute une ques­tion de magie qui n’a pas opéré –, le reste de la salle avait l’air plutôt ent­hou­si­aste et con­quis par cette nou­velle ver­sion de Saint-Germain-des-Prés.

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