Les Raisins de la colère

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Théâtre Michel – 38, rue des Mathurins, 75008 Paris.
À partir du 1er février 2024. Les jeudis, vendredis et samedis à 19h, les dimanches à 18h.

Le grand roman améri­cain pour la pre­mière fois sur scène !

Désas­tre écologique, crise économique, migra­tion, vio­lence sociale… Les Raisins de la Colère pour­raient appa­raître tris­te­ment d’actualité si le livre de John Stein­beck, prix Pulitzer puis prix Nobel de lit­téra­ture, n’était pas avant tout un chef d’œuvre intem­porel riche d’une human­ité plus que jamais frag­ile : l’exode de la famille Joad, aban­don­nant sa terre d’adoption, ne se révèlera que désil­lu­sions et exploita­tion économique et humaine.

Un texte fon­da­teur. Un con­te musi­cal, tout au long de la route 66.

Notre avis (paru lors des représen­ta­tions au Théâtre Michel en févri­er 2024) : Depuis sa pub­li­ca­tion en 1939, Les Raisins de la colère, auréolé d’un prix Pulitzer, fait durable­ment par­tie du pat­ri­moine mon­di­al de la lit­téra­ture. La force d’écri­t­ure de son auteur, John Stein­beck (prix Nobel de lit­téra­ture en 1962), les thèmes uni­versels qu’il abor­de et le réal­isme sai­sis­sant dans lequel il plonge le lecteur suff­isent à expli­quer son statut de texte fon­da­teur. Le suc­cès de l’adap­ta­tion, l’an­née suiv­ante, en un long-métrage réal­isé par John Ford avec Hen­ry Fon­da a large­ment con­tribué à dif­fuser l’his­toire de la famille Joad. Alors que la Grande Dépres­sion vient de débuter, la sécher­esse qui s’a­bat sur l’Ok­la­homa et la mod­erni­sa­tion de l’in­dus­trie agri­cole oblig­ent Tom Joad, ses par­ents et ses proches, métay­ers sans ressources, à aller chercher du tra­vail dans les verg­ers de Cal­i­fornie. Les dif­fi­cultés qu’ils ren­con­trent en route et l’im­mense désil­lu­sion qu’ils vont con­naître à leur arrivée font de ce réc­it un man­i­feste qui dénonce, entre autres, la mis­ère sociale dans le monde rur­al, l’ex­ploita­tion des tra­vailleurs par les grands pro­prié­taires, la cor­rup­tion de l’au­torité au détri­ment des moins nan­tis, les con­di­tions insalu­bres d’ac­cueil de migrants vic­times de cat­a­stro­phes cli­ma­tiques… Des thèmes uni­versels, écriv­ions-nous… et plus que jamais actuels !

©Lau­rencine Lot

Par la suite, Les Raisins de la colère a été notam­ment adap­té en pièce de théâtre – Tony Award en 1990 – et en opéra (musique de Ricky Ian Gor­don et livret de Michael Korie). Xavier Simonin pro­pose ici un con­te en musique en puisant intel­ligem­ment dans un réc­it de près de cinq cents pages les étapes et les images mar­quantes de ce road trip de la mis­ère et du désen­chante­ment. Sur scène, il endosse à la fois les habits du nar­ra­teur qui plante le décor si par­ti­c­uli­er de ces ter­res arides des États-Unis et de tous les per­son­nages qui peu­plent cet exode – un envoû­tant tour de force. La lumière, l’op­ti­misme qui ne fait jamais défaut chez Stein­beck, trou­ve ici son expres­sion dans de for­mi­da­bles musiques orig­i­nales signées Glenn Arzel et Claire Nivard et inter­prétées par trois excel­lents instru­men­tistes-chanteurs sous la direc­tion musi­cale de Jean-Jacques Mil­teau (deux Vic­toires de la musique, Grand Prix du jazz de la Sacem). Dans des sonorités coun­try ou blues à l’an­ci­enne, voix joli­ment har­mon­isées, gui­tares, con­tre­basse, ban­jo, vio­lon, har­mon­i­ca et guim­barde se mêlent en chan­sons pour ponctuer la migra­tion sur la mythique route 66 et aus­si en musiques de scène évo­ca­tri­ces pour soulign­er la narration.

©Lau­rencine Lot

Par l’en­gage­ment sans faille de son auteur et par la fidél­ité de ton au mon­u­ment de Stein­beck, et par la fusion réussie avec une musique cap­ti­vante, ce spec­ta­cle réus­sit à la fois à nous embar­quer dans une his­toire vieille de presque cent ans et à nous inter­roger sur notre époque.

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