Camelot

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Vivian Beaumont Theater – 150 West 65th Street, New York.
Previews à partir du 9 mars 2023. Première le 13 avril 2023. Dernière le 23 juillet 2023.
Pour en savoir plus, consulter le site du spectacle.

 

Depuis des siè­cles, la légende du roi Arthur et de ses cheva­liers de la Table ronde capte l’attention de tous, petits et grands, partout dans le monde. Fréquem­ment reprise et embel­lie, elle fut 1960 à l’origine d’une comédie musi­cale créée par Alan Jay Lern­er et Fred­er­ick Loewe, les auteurs de My Fair Lady qua­tre ans plus tôt, qui avaient envis­agé d’en faire un spec­ta­cle grandiose. Toute­fois, l’œuvre, qui res­ta à l’affiche le temps de 873 représen­ta­tions, prit un tour­nant his­torique quand le prési­dent John F. Kennedy, qui avait déclaré avoir été séduit par cette his­toire et ses chan­sons, fut assassiné.

Son suc­cès ini­tial tenait surtout au fait que ses vedettes n’étaient autres que Richard Bur­ton dans le rôle d’Arthur, Julie Andrews, fraîche­ment décou­verte qua­tre ans plus tôt dans My Fair Lady, dans le rôle de Guen­e­vere, et Robert Goulet, chanteur pop­u­laire à l’époque, dans celui de Lancelot du Lac.

Pour­tant, le sujet était davan­tage abor­dé d’un point de vue poli­tique, celui du désir de créer une démoc­ra­tie basée sur la jus­tice et l’égalité pour tous, plutôt que d’être réduit à une romance à trois per­son­nages, ce qui rendait la pièce moins abor­d­able que les comédies musi­cales tra­di­tion­nelles de l’époque.

Camelot – Philli­pa Soo (Guen­e­vere). Lin­coln Cen­ter The­aters ©Joan Marcus

Pour cette reprise se voulant inno­vante, Aaron Sorkin, dra­maturge et scé­nar­iste con­nu pour A Few Good Men et son adap­ta­tion de To Kill a Mock­ing­bird, film clas­sique réal­isé en 1962 avec Gre­go­ry Peck en tête d’affiche, a repris le texte d’Alan Jay Lern­er et a essayé de lui don­ner une tour­nure un peu plus roman­tique. Le résul­tat n’est guère plus probant, même si le met­teur en scène Bartlett Sher en a prof­ité pour don­ner au spec­ta­cle lui-même l’aspect d’une fresque médié­vale en Tech­ni­col­or ani­mée par des chan­sons restées célèbres, comme «The Lusty Month of May », « I Won­der What the King Is Doing Tonight », « How to Han­dle a Woman », « C’est moi » et la chan­son-titre, « Camelot ».

Cela dit, les acteurs, et notam­ment Andrew Bur­nap sous les traits d’Arthur, Philip­pa Soo sous ceux de Guen­e­vere, et Jor­dan Don­ica dans le rôle de Lancelot se mon­trent à la hau­teur, même si ce dernier par­le par­fois français avec un accent qui trahit ses orig­ines améri­caines (il a égale­ment tenu le rôle de Raoul dans The Phan­tom of the Opera et celui du mar­quis de La Fayette dans Hamil­ton).

Le reste de la dis­tri­b­u­tion regroupe des acteurs de tal­ent dans des rôles sec­ondaires, dont Antho­ny Michael Lopez (Sir Dinadan), Dan­ny Wolo­han (Sir Lionel), Fer­gie Philippe (Sir Sagramore), trois cheva­liers de la Table ronde, Darin Matthews (Mer­lyn), Tay­lor Trench (Mor­dred, fils illégitime d’Arthur) et Mar­ilee Talk­ing­ton (Mor­gan Le Fey).

Camelot – Jor­dan Don­ica, Philli­pa Soo, Andrew Bur­nap ©Joan Marcus

Ce qui frappe surtout dans cette pro­duc­tion, c’est l’ampleur des décors imag­inés par Michael Year­gan qui recréent bien l’ambiance d’une château médié­val, ain­si que les éclairages dus à Lap Chi Chu qui reflè­tent les nuances voulues pour l’époque, et les nom­breux cos­tumes cha­toy­ants de Jen­nifer Moeller qui ajoutent une touche col­orée à l’ensemble.

Si le texte d’Alan Jay Lern­er a été quelque peu retouché, les chan­sons sont restées telles qu’ils les avaient com­posées dans les orches­tra­tions de Robert Rus­sell Ben­nett et Philip J. Lang, avec l’orchestre de trente musi­ciens placé sous la direc­tion de Kim­ber­ly Grigsby.

Camelot — Philli­pa Soo ©Joan Marcus

Cette nou­velle ver­sion de Camelot reste cap­ti­vante dans l’énorme enceinte du Vivian Beau­mont, le théâtre du Lin­coln Cen­ter, bien qu’en défini­tive elle dure presque trois heures et s’achève sur une note plutôt triste, la sépa­ra­tion entre Arthur et Guen­e­vere après qu’elle a cédé aux avances de Lancelot, l’annonce d’un con­flit entre l’Angleterre et la France, et ces paroles prophé­tiques : « N’oubliez pas qu’il exis­tait une fois, pour un bref moment ensoleil­lé, un endroit qui était con­nu sous le nom de Camelot. » Les temps ont bien changé depuis, même si l’histoire d’Arthur et de ses cheva­liers n’était qu’une légende…

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