Hamilton: An American Musical

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Disponible sur la plateforme de diffusion Disney+ à partir du 3 juillet 2020.

En dépit de l’épidémie du coro­n­avirus, ou peut-être grâce à elle, Dis­ney con­tin­ue de faire des étin­celles. Pour la fête nationale du 4 juil­let, ce géant des spec­ta­cles, dont la présence à Broad­way depuis 1997 a pro­fondé­ment changé le monde de la comédie musi­cale, s’est attribué la présen­ta­tion en ligne de la ver­sion filmée du plus gros suc­cès théâ­tral de ces dernières années en dif­fu­sant en stream­ing sur son site Dis­ney+ l’intégrale de Hamil­ton, le spec­ta­cle mythique créé (livret, paroles et musique) par Lin-Manuel Miran­da, d’une durée de 160 min­utes, sans pub­lic­ités intem­pes­tives et avec une pause d’une minute seule­ment entre les deux actes.

Filmée en 2016, la pièce devait être présen­tée dans les salles dans cette ver­sion vidéo en octo­bre prochain, mais l’arrêt des représen­ta­tions le 12 mars et l’incertitude qui règne quant à un retour sur les planch­es dans un avenir immé­di­at ont sug­géré à Dis­ney d’avancer cette présen­ta­tion. Il faut le recon­naître : c’est un coup de maître ! Et nom­breux sont ceux qui ont choisi de voir et revoir cette œuvre explo­sive, sur un écran plat peut-être, mais pour un prix bien plus abor­d­able que ceux des bil­lets du Richard Rodgers The­atre, où elle a tenu ses assis­es depuis sa créa­tion le 6 août 2015.

Par son ampleur, aus­si bien que par son cadre his­torique, Hamil­ton s’apparente un peu aux Mis­érables de Bou­blil et Schön­berg. Mais là s’arrête la com­para­i­son. Hamil­ton détaille les prin­ci­paux élé­ments dans la vie du pre­mier secré­taire d’État aux Finances améri­cain sous George Wash­ing­ton, après que l’Amérique a obtenu son indépen­dance de ses gou­ver­nants anglais. Ce qui en fait l’originalité, c’est que Miran­da, au lieu de traiter son sujet, inspiré par la biogra­phie écrite par Ron Cher­now et pub­liée en 2004, a choisi de créer une œuvre dont les moments musi­caux emprun­tent au lan­gage actuel du rap, du hip hop, des styles pop, du R’n’B et du théâtre conventionnel.

Cela fait une sacrée salade qui non seule­ment est séduisante mais qui tient bien la route, et per­met aux spec­ta­teurs de se sen­tir à l’aise devant un spec­ta­cle qui doit son orig­i­nal­ité à sa fac­ture mul­ti-expres­sive. Le seul défaut, peut-être, c’est que les spec­ta­teurs mal aver­tis du con­tenu his­torique de la pièce peu­vent être déroutés par ce mélange nar­ratif autour d’un per­son­nage quand même mal con­nu des foules, sur des accents mod­ernes qui ne sont pas tou­jours bien com­pris lors d’une pre­mière audition.

Hamil­ton © Disney

Né orphe­lin à Charlestown, sur l’île de Nevis aux Antilles, Alexan­der Hamil­ton a été recueil­li par un riche marc­hand qui l’a envoyé en Amérique du Nord pour par­faire ses études, alors qu’il n’avait qu’une dizaine d’années. Après s’être engagé dans les troupes révo­lu­tion­naires con­tre les Anglais, il est devenu rapi­de­ment un assis­tant, puis un con­seiller financier du général Wash­ing­ton, qui le nom­ma au Bud­get de la nou­velle république améri­caine en 1776. Il rédi­gea les lois qui con­trô­lent encore aujourd’hui les finances du pays, et mit sur pied plusieurs ini­tia­tives, tou­jours en vigueur, dont notam­ment la créa­tion d’une banque d’intérêt nation­al, et le rem­bourse­ment par le gou­verne­ment fédéral des dettes accu­mulées par les États. Il devait égale­ment être l’un des sig­nataires les plus en vue de la Con­sti­tu­tion adop­tée par la Con­ven­tion de Philadel­phie en 1787.

Ardent par­ti­san d’un traité unis­sant l’Amérique avec l’Angleterre, il devait s’aliéner le sou­tien de la France et de son ami le mar­quis de La Fayette. Con­fron­té à une polémique née d’indis­cré­tions sur sa vie privée, il dut renon­cer à sa can­di­da­ture à la prési­dence du col­lège élec­toral, et se désista en faveur de Thomas Jef­fer­son, qu’il détes­tait par-dessus tout, pour con­tre­car­rer les désirs d’Aaron Burr, son ami et rival, con­tre lequel il prit égale­ment posi­tion, lorsque ce dernier essaya de briguer le poste de gou­verneur de l’État de New York. Burr le provo­qua en duel en 1804 et le tua.

Dav­eed Dig­gs & Ensem­ble © Disney

A pri­ori, on aurait pu penser qu’un tel sujet se prêterait mal à un traite­ment musi­cal, mais Miran­da a réus­si cette gageure de con­cevoir une œuvre qui accroche le spec­ta­teur et retient son atten­tion. Entouré de la troupe qui avait créé la pièce à son orig­ine – autre sin­gu­lar­ité : ce sont tous des Noirs ou des Lati­nos ; le seul Blanc dans la dis­tri­b­u­tion étant l’acteur qui joue le roi d’Angleterre –, dont Leslie Odom Jr. (Burr), Philip­pa Soo (Eliza Hamil­ton), Dav­eed Dig­gs (La Fayette / Thomas Jef­fer­son), Renée Elise Gold­ber­ry (Angel­i­ca Schuyler) et Christo­pher Jack­son (George Wash­ing­ton) dans les rôles prin­ci­paux, la pièce, filmée au cours de plusieurs représen­ta­tions dans le cadre du Richard Rodgers The­atre devant des salles combles, déroule ses fastes avec une vigueur extraordinaire.

La mise en scène de Thomas Kail, qui détaille l’action par une mul­ti­tude de plans dif­férents, per­met de mieux saisir et d’ap­préci­er le jeu des acteurs, chose impos­si­ble quand on est assis dans la salle de spec­ta­cles. Pour Miran­da, c’est une con­fir­ma­tion du suc­cès énorme déjà rem­porté par sa pièce. Pour Dis­ney, c’est une façon élo­quente de se man­i­fester une fois de plus dans le domaine de la comédie musi­cale de Broad­way. Sur tous les plans, c’est un succès…

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