Depuis 1964 et Carol Channing, on ne compte plus les grandes stars ayant interprété le rôle de Dolly Gallagher Levi. De Barbra Streisand au cinéma à Bette Midler à Broadway en passant par Bernadette Peters, Ethel Merman, Imelda Staunton à Londres ou encore Annie Cordy à Paris, toutes ont incarné cette marieuse bien décidée à retrouver un mari par tous les moyens.
À Paris, c’est Caroline O’Connor, légende de la scène des musicals internationaux et que l’on a déjà pu applaudir dans Sweeney Todd au Théâtre du Châtelet, qui interprétera pour la première fois ce rôle.
Grands tubes intemporels, numéros de danse exubérants, costumes flamboyants, troupe sans pareille, la nouvelle production de Stephen Mear (42nd Street au Theâtre du Châtelet, Funny Girl au Théâtre Marigny) promet d’être la comédie musicale la plus grandiose et le spectacle le plus festif de 2024. À ne pas manquer.
Hello, Dolly! est une comédie musicale pétillante et pleine de cœur qui raconte l’histoire de Dolly Levi, une marieuse professionnelle pleine de ressources et d’esprit, qui voyage jusqu’à Yonkers, New York, pour trouver la compagne parfaite pour le célibataire grincheux et riche marchand Horace Vandergelder. Dans sa quête pour unir les cœurs solitaires, Dolly concocte un plan audacieux qui implique des rencontres inattendues, des quiproquos hilarants, et une série d’événements comiques. Alors qu’elle travaille à orchestrer l’amour autour d’elle, Dolly réalise que sa propre chance au bonheur pourrait bien être à portée de main. Hello, Dolly! vous transporte dans une aventure romantique avec ses numéros musicaux époustouflants, ses chorégraphies élaborées et ses costumes somptueux, rendant chaque scène plus mémorable que la précédente. Cette production emblématique célèbre l’amour, l’amitié et la joie de vivre à travers des moments de pure magie théâtrale.
Notre avis : Afin de célébrer les 60 ans de la création de cette comédie musicale très populaire, le directeur du Lido 2 Paris Jean-Luc Choplin a décidé de mettre à l’affiche Hello, Dolly! pour les fêtes de fin d’année.
Incarnée par une Caroline O’Connor épatante, à l’abattage idoine, qui sait aussi se montrer émouvante et qui s’abstient d’un cabotinage pourtant plus que tentant avec ce personnage, cette charismatique Dolly séduit immédiatement une salle qui semble déjà bien connaître l’œuvre.
La reprise proposée par Stephen Mear ne cherche en rien à dépoussiérer ce musical et respecte quasiment à la lettre tous les attendus d’un livret plongé dans l’Âge doré de l’État de New York. Oui, vous verrez le départ en train de Yonkers pour la Grande Pomme ; oui, les cuivres explosent ; oui, les serveurs font des claquettes juste avant que Dolly ne fasse son entrée triomphale dans sa robe rouge et scintillante. Aucune crainte à avoir, donc.
Comme le faisait justement remarquer un spectateur averti, la chanson-titre se limite à acter le retour d’une cliente – certes adorée et certes absente depuis longtemps – dans un grand restaurant. On pourrait rêver mieux en matière de message ! L’histoire est donc toujours aussi simplette, renvoie à une conception devenue douteuse de la femme – et de l’homme – dans la société, mais comporte des moments typiques d’un humour juif que l’on peut qualifier d’irrésistible, à l’instar des innombrables cartes de visite que Dolly distribue à chaque fois qu’elle sent que ses services sont requis, fussent-ils extravagants. Tout comme dans Yentl, l’héroïne dialogue avec un proche défunt dont on attend un signe – ici, celui d’Ephraïm, le mari tant aimé et disparu, qui doit libérer Dolly et la laisser épouser l’épicier ronchon.
Le Lido 2 Paris offre, comme toujours, le luxe d’un orchestre sur scène. Même si celui-ci adopte un tempo qui semble un peu plus lent que la moyenne des versions entendues, on tombe instantanément sous le charme des sonorités et des mélodies de Jerry Herman.
Ce spectacle feel good ravira les aficionados du genre et parviendra jusqu’à convaincre les plus rétifs et permettre aux jeunes générations de découvrir un musical à l’ancienne, tant dans son écriture que dans sa mise en scène élégamment illustrative et ponctuée de chorégraphies soigneusement réglées. Aucun ruban ne manque aux magnifiques costumes, les divers lieux dans lesquels se déroule l’action sont clairement identifiés, le metteur en scène jouant intelligemment avec les contraintes de la scène de cette salle qui a conservé son esprit, et sa géographie cabaret.
À ce titre, la nature et la disposition de cette salle continuent de poser un sérieux problème. Malgré une excellente sonorisation de la scène, il reste en effet possible d’entendre le croustillement des chips sous les mâchoires de ses voisins de table – elles sont en effet disponibles à la vente au bar au même titre que les boissons. Donc, suggestion à la direction : servir des aliments qui appellent une plus grande discrétion masticatoire, comme des tranches de radis noir, voire de la betterave pour être davantage en accord avec le menu de l’Harmonia Gardens… Et c’est plus sain.
Cette manie de manger pendant un spectacle ou pendant un film, c’est insupportable !
Comme si on ne pouvait s’abstenir d’ingérer de la nourriture pendant deux heures…
Un petit oubli : Notre Nicole Croisille nationale a également interprété Dolly, en anglais, au théâtre du Châtelet, en 1992, dans une production américaine qui m’a laissé un excellent souvenir.