« Un conte pour les enfants et les gens intelligents ». C’est ainsi qu’Olivier Py caractérise L’Amour vainqueur, son quatrième spectacle inspiré des contes de Grimm. Inspirée de Demoiselle Maleen, cette opérette en un acte, au style à la fois très épuré et très écrit, raconte l’histoire d’une princesse amoureuse enfermée dans une tour par son père. Et en quittant sa tour, la princesse découvre un monde ravagé par les conflits et la misère : il n’y a plus de fleurs ni d’abeilles… il n’y a plus rien. Dans un tel chaos, comment retrouver son prince ?
Notre avis : Il importe peu que L’Amour vainqueur soit qualifié d’opérette ou de comédie musicale : il reste de toute façon destiné à un large public, à partir de 9 ans nous précise t‑on. Ce spectacle créé en 2019 en Avignon a déjà fait ses preuves et nous nous réjouissons de sa venue à Paris au Châtelet. Olivier Py à la mise en scène, également auteur du texte et de la musique, nous livre une œuvre exigeante. Le style épuré écrit en alexandrins s’accorde parfaitement aux chansons interprétées par quatre interprètes de choix. Certains d’entre eux seront également les musiciens qui interviennent dans le jeu et dans le chant.
Antoni Sykopoulos, arrangeur musical, campe les rôles du Roi et du Général tout en se mettant au piano, tandis que Pierre Lebon endosse ceux du prince ou…de la Fille de vaisselle ! La soprano et violoncelliste Clémentine Bourgoin joue la Princesse et retrouve ainsi une partie de l’équipe artistique de Mam’zelle Nitouche de 2019. Nous avons apprécié la qualité de son champ étendu dans les disciplines artistiques telles que le chant, la comédie et la musique – elle nous a définitivement conquis. Flannan Obé, le Jardinier, fait preuve une fois de plus de sa facilité d’endosser des emplois différents dans les répertoires musicaux, passant sans hésiter de l’opérette au cabaret ou à la chanson française. Pierre-André Weitz, concepteur de la scénographie, des costumes et du maquillage, restitue parfaitement l’ambiance un peu inquiétante du récit tout en préservant la magie du conte de Grimm. Les lumières de Bertrand Killy s’intègrent à merveille dans le cadre du Châtelet, devenu pour la circonstance un écrin pour marionnettes.
L’Amour vainqueur rejoint la liste des spectacles intelligents et instructifs destinés à faire réfléchir petits et grands, comme par exemple Hepta, le grand voyage du Petit Homme d’Adrien Biry-Vicente récemment présenté à Paris. Ils ne cèdent pas à la facilité et demandent une attention particulière ; les spectateurs sont alors invités à pénétrer dans des univers inconnus dont ils sortiront grandis et définitivement émerveillés.