L’Arlésienne / Le Docteur Miracle

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Théâtre du Châtelet – Place du Châtelet, 75001 Paris.
Du 24 mai au 3 juin 2025.
Informations et réservations en cliquant ici.

Diverses soirées commémorent le cent-cinquantième anniversaire de la disparition de Georges Bizet. Dans le cadre du Festival Palazzetto Bru Zane Paris, le Théâtre du Châtelet propose deux œuvres en coproduction avec diverses maisons d'opéra : L'Arlésienne et Le Docteur Miracle. Une œuvre de jeunesse qui remporte d'emblée un franc succès (le musicien n'a alors que 18 ans), ce Docteur Miracle tombé dans l'oubli renaît cent ans après sa création, avant une nouvelle mise en lumière imaginée aujourd'hui par Pierre Lebon. L'Arlésienne a contrario connaîtra un échec cuisant ; ce drame inspiré des mélodies provençales – rassemblées par François Vidal – ne léguera à la postérité que la partition musicale, laissant à Bizet un goût amer après d'autres déconvenues.

Photo : Thomas Amouroux

Notre avis : L’Arlésienne, pièce d'Alphonse Daudet tirée des Lettres de mon moulin et mise en musique à grand renfort de moyens scéniques à sa création, investit l’immense plateau du Châtelet. C'est au centre d'un imposant moulin à vent que le récitant (Eddie Chignara) déroule l'histoire de l'infortuné Frédéri qui attendra en vain sa bien-aimée. Autour de lui gravitent un acteur-danseur, ainsi que deux danseurs, qui interprètent les principaux protagonistes de l’intrigue, ainsi qu'un chœur composé de quatre éléments qui composent le récit.

Photo : Thomas Amouroux

Bien évidemment, la partition interprétée par l'Orchestre de chambre de Paris résonne avec éclat tout au long de l'acte. Mais que dire du rythme du spectacle ? Voulant ainsi passer du parler au chant et à la danse, le résultat nous a semblé bancal, engendrant hélas un peu d’ennui. On ne retient au final (hormis la séduisante scénographie) que la sublime musique de Bizet, qui fait partie de notre patrimoine –et ce bien au-delà des frontières. Fort heureusement, Le Docteur Miracle nous a séduits – tant visuellement que musicalement. Nous sommes reçus par un étrange maître de cérémonie, groom tout de rouge vêtu (Pierre Lebon) qui, en guise de mise en bouche, nous fait pénétrer dans l'antre d'un castelet – scène de fortune de guingois – où nos protagonistes vont s'affairer.

Charlatan et bonimenteur, cet inquiétant personnage est prêt à tout vendre et même plus... Nous ferons connaissance avec le podestat de Padoue (Thomas Dolié), sa fille Laurette (Dima Bawab) ainsi que son épouse Véronique (Héloïse Mas). Marc Mauillon incarne Silvio l'amoureux (mais aussi le docteur Miracle). Le quatuor fonctionne à merveille : Héloïse Mas, déjà remarquée chez Offenbach (La Périchole, Barbe-Bleue) étincelle. Son jeu s’avère juste et son timbre de mezzo parfaitement adapté au rôle. De même, Dima Bawab, soprano, fait preuve d'une aisance et d'un charisme indéniables. Thomas Dolié et Marc Mauillon (ténor pour la circonstance) remplissent les emplois masculins avec conviction et talent.

Photo : Thomas Amouroux

Nous pensons évidemment à Goldoni (rythme proche de la commedia dell'arte) ou à Molière et à son Malade imaginaire ; la farce est énorme, mais nous rions de bon cœur au fameux "Quatuor de l'omelette". Les artistes, tandis que planent dans l'air les ombres d'Offenbach ou de Lecocq, éprouvent et transmettent une bonne humeur et un plaisir palpables – réellement communicatifs ! Respect une fois de plus pour la cheffe Sora Elisabeth Lee, qui conduit avec force l'Orchestre de chambre de Paris. La soirée, démarrée en demi-teinte, se révèle en définitive de bonne facture et peut constituer une initiation idéale au lyrique, à destination d'un public en herbe.

Photo : Thomas Amouroux

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