Et si nous pouvions échapper à l’angoisse de l’échec, à la peur du devenir, à toutes les contrariétés de l’existence.? Et si pour cela, nous n’avions qu’à emménager sur un nuage du haut duquel on déciderait de ne plus rien faire de notre vie ? Et si, au lieu de nous en vouloir de ce choix, on essayait de chérir ce rien, de le sublimer, de le célébrer ?
Voilà ce que pensait avoir réussi un garçon pour se mettre à l’abri de la réalité. Mais c’était sans compter sur l’amour, qui, un jour, se baladant sous son nuage, le fit se pencher un peu trop.
Notre avis : Voulant fuir l’angoisse du quotidien, l’hypocrisie d’autrui et les obligations sociales, le Garçon nuage décide d’expérimenter une vie d’ermite, perché dans son univers, à faire l’éloge de l’art de ne rien faire. Un an plus tard, au travers de sa rencontre avec une jeune fille qui l’attire en bas de son nuage, un véritable voyage dans les émotions est proposé aux spectateurs. Le jeune comédien, Ethan Oliel, découvert dans L’Écume des jours, suscitait récemment l’enthousiasme de la rédaction pour sa prestation dans La Tempête à la Huchette. Aujourd’hui, son histoire d’amour émouvante et maladroite nous transporte par sa plume délicate et habile. Maîtrisant à merveille l’art de la rupture, durant une heure et quart, sur une nappe sonore, duveteuse et onirique, ce sont ses pensées ainsi que ses ressentis qu’il exprime dans une mise en scène et une direction de Charly Coïc, tout aussi justes et poétiques.
Ce spectacle porte décidément bien son nom puisque tout du long, nous sommes comme enveloppés dans ce texte réconfortant tant il évoque des questionnements familiers. Assister au seul en scène d’Ethan Oliel, c’est jouir d’un moment de poésie rare. Il s’agit d’un spectacle doux, attachant, drôle, ponctué de folie, d’autodérision et de références aux plus grands, parmi lesquels les plus alertes reconnaîtront Rostand ou Molière. On pourrait penser que la présence des alexandrins déstabiliserait la compréhension du texte ou que la narration de cet amour ne suffirait pas à capter l’attention du public pour toute la durée du spectacle, mais la passion qu’a l’auteur pour les mots est communicative. C’est donc sans surprise que celui-ci nous transporte dans ce qui s’apparente par moments à un recueil de poésie nous murmurant à l’oreille que la vie est un voyage et qu’il nous faut simplement adorer ce moment.