Le Garçon nuage

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Théâtre des Déchargeurs – 3, rue des Déchargeurs, 75001 Paris.
Du 25 mai au 23 juin 2023, les jeudis et vendredis à 19h15.
Réservations et renseignements sur le site du théâtre.

Et si nous pou­vions échap­per à l’an­goisse de l’échec, à la peur du devenir, à toutes les con­trar­iétés de l’ex­is­tence.? Et si pour cela, nous n’avions qu’à emmé­nag­er sur un nuage du haut duquel on déciderait de ne plus rien faire de notre vie ? Et si, au lieu de nous en vouloir de ce choix, on essayait de chérir ce rien, de le sub­limer, de le célébrer ?

Voilà ce que pen­sait avoir réus­si un garçon pour se met­tre à l’abri de la réal­ité. Mais c’é­tait sans compter sur l’amour, qui, un jour, se bal­adant sous son nuage, le fit se pencher un peu trop.

Notre avis : Voulant fuir l’an­goisse du quo­ti­di­en, l’hypocrisie d’autrui et les oblig­a­tions sociales, le Garçon nuage décide d’ex­péri­menter une vie d’er­mite, per­ché dans son univers, à faire l’éloge de l’art de ne rien faire. Un an plus tard, au tra­vers de sa ren­con­tre avec une jeune fille qui l’at­tire en bas de son nuage, un véri­ta­ble voy­age dans les émo­tions est pro­posé aux spec­ta­teurs. Le jeune comé­di­en, Ethan Oliel, décou­vert dans L’Éc­ume des jours, sus­ci­tait récem­ment l’en­t­hou­si­asme de la rédac­tion pour sa presta­tion dans La Tem­pête à la Huchette. Aujour­d’hui, son his­toire d’amour émou­vante et mal­adroite nous trans­porte par sa plume déli­cate et habile. Maîtrisant à mer­veille l’art de la rup­ture, durant une heure et quart, sur une nappe sonore, duveteuse et onirique, ce sont ses pen­sées ain­si que ses ressen­tis qu’il exprime dans une mise en scène et une direc­tion de Char­ly Coïc, tout aus­si justes et poétiques.

Ce spec­ta­cle porte décidé­ment bien son nom puisque tout du long, nous sommes comme envelop­pés dans ce texte récon­for­t­ant tant il évoque des ques­tion­nements fam­i­liers. Assis­ter au seul en scène d’Ethan Oliel, c’est jouir d’un moment de poésie rare. Il s’ag­it d’un spec­ta­cle doux, attachant, drôle, ponc­tué de folie, d’au­todéri­sion et de références aux plus grands, par­mi lesquels les plus alertes recon­naîtront Ros­tand ou Molière. On pour­rait penser que la présence des alexan­drins désta­bilis­erait la com­préhen­sion du texte ou que la  nar­ra­tion de cet amour ne suf­fi­rait pas à capter l’at­ten­tion du pub­lic pour toute la durée du spec­ta­cle, mais la pas­sion qu’a l’au­teur pour les mots est com­mu­nica­tive. C’est donc sans sur­prise que celui-ci nous trans­porte dans ce qui s’ap­par­ente par moments à un recueil de poésie nous mur­mu­rant à l’or­eille que la vie est un voy­age et qu’il nous faut sim­ple­ment ador­er ce moment.

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