De Mistinguett à Brigitte Fontaine et Juliette, les deux Caroline laissent libre cours à leur fantaisie dans leur nouveau spectacle musical !
Les deux chanteuses comédiennes Caroline Loeb et Caroline Montier ont concocté en toute inconscience un spectacle musical burlesque et tendre autour d’un répertoire détonnant. De Mistinguett à Brigitte Fontaine en passant par Juliette, Régine et Pauline Carton, elles livrent leurs versions à la fois glamour et décoiffantes de succès populaires ou de perles rares. Accompagnées par Vincent Gaillard, leur pianiste et néanmoins complice, elles déploient toute leur fantaisie pour nous faire rire et nous toucher. Grand huit émotionnel en perspective !
Notre avis : Caroline Loeb et Caroline Montier font la paire ! Pas seulement parce qu’elles portent le même prénom – ce serait trop facile ! – mais surtout parce qu’elles brûlent les planches d’une même flamme. Leurs différences… elles s’en amusent, et c’est ce qui fait tout le sel de ce spectacle bourré d’humour et de « chansons à texte ». Toutes en jambes et en résilles, habillées et maquillées à l’identique, les deux artistes ont à cœur de raconter en musique, seules ou à deux voix, des historiettes, tantôt déjantées, tantôt émouvantes, toujours féminines donc universelles – l’occasion au passage de militer intelligemment. Elles profitent aussi de leurs numéros et des transitions pour cabotiner et jouer les chipies, pour se taquiner sur leur différence d’âge ou de niveau vocal – tout en maintenant une bonne dose d’autodérision. Il est vrai que la Caroline qui a marqué à jamais nos oreilles avec « C’est la ouate » ne fait pas montre du timbre de miel ni des compétences d’accordéoniste de l’autre Caroline, celle qui interprète actuellement Gréco et Barbara à l’Essaïon, mais sa gouaille et son sens de la repartie colorent diablement le répertoire des Damia, Mistinguett, Brigitte Fontaine et autre Régine d’un grain de folie qui ravit le public. Au piano, Vincent Gaillard fait plus que d’accompagner ces dames : il joint sa voix au duo le temps de quelques airs mais se retrouve aussi livré à lui-même pour meubler le temps d’un changement de costumes – on en rit encore ! Sous les lumières d’Arnaud Le Dû qui habillent un fond noir et servie par quelques pas de danse ici et là, la mise en scène de Flannan Obé veille à créer différentes ambiances dans un univers de cabaret et à maintenir le rythme.
On l’aura compris : ce spectacle bien fichu avec ses chansons piquantes et son humour pétillant est idéal pour se dérider sans complexe les zygomatiques tout en fredonnant des airs qui vont droit au cœur.