Molière, le spectacle musical

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Dôme de Paris – Palais des Sports – 34, boulevard Victor, 75015 Paris.
Du 11 novembre 2023 au 18 février 2024. Avant-premières les 7 et 8 novembre 2023. Puis en tournée en France, Belgique et Suisse à partir du 2 mars 2024. Reprise au Dôme de Paris à partir du 18 février 2025 (billetterie).
Renseignements et réservations sur le site du spectacle.

Molière est un spec­ta­cle musi­cal d’un nou­veau genre qui réu­nit sur scène des chanteurs, slam­meurs, rappeurs, danseurs, comé­di­ens et musi­ciens dans des décors et cos­tumes du XVIIe siè­cle. Le spec­ta­cle racon­te l’his­toire d’un homme qui renonce au con­fort matériel et au pres­tige de la charge de Tapissier du Roi pour créer aux côtés de la femme qu’il aime une troupe de théâtre. Mais la route du suc­cès sera très longue et les obsta­cles seront nom­breux. Molière va devenir un auteur libre qui va révo­lu­tion­ner l’écri­t­ure de la comédie. Il paiera très cher sa lib­erté en affrontant l’hypocrisie de la société, l’ad­ver­sité de ses con­cur­rents et la haine des dévots.

Voir notre compte-ren­du du show­case du 19 juin 2023.

Notre avis : On dit sou­vent que les spec­ta­cles musi­caux réus­sis doivent l’en­t­hou­si­asme qu’ils sus­ci­tent à leur livret. Avec Molière – dont on ne sait plus s’il faut le sous-titr­er « opéra urbain » ou « spec­ta­cle musi­cal », peu importe d’ailleurs –, dans la lignée des Dix Com­man­de­ments, du Roi Soleil ou autre Mozart, c’est surtout l’én­ergie qui émane de la scène qui con­va­inc, plus que l’his­toire de Jean-Bap­tiste Poquelin et de ses con­tem­po­rains, pré­texte assez lâche à des sen­ti­ments uni­versels insuff­isam­ment appro­fondis pour qu’on s’y laisse pren­dre. Devant un livret si peu élaboré et servi par une direc­tion d’ac­teurs qui verse dans l’outrance, la ten­ta­tion est grande de par­tir à l’en­tracte. Cela dit, si la pre­mière par­tie s’évertue à empil­er les per­son­nages, les ren­con­tres et les dates sans véri­ta­ble­ment installer de tonal­ité prég­nante ni con­stru­ire une trame autre que chronologique, la sec­onde s’in­téresse de plus près au Molière devenu dra­maturge et au renou­veau lit­téraire qu’il incar­ne, et prend un peu de recul pour laiss­er place à une cer­taine folie, celle du frère de Louis XIV, et à l’é­mo­tion – jolie trou­vaille que cette fille du ves­ti­aire qui vient annon­cer les décès suc­ces­sifs. Annon­cé comme une nou­veauté styl­is­tique, le slam s’in­vite dans les dia­logues – une des moti­va­tions de Dove Attia, qui lui vient du Hamil­ton de Lin-Manuel Miran­da, pour revenir à l’écri­t­ure et qui avait engen­dré l’ap­pel­la­tion « opéra urbain », par la suite aban­don­née pour ne pas s’al­ién­er un pub­lic fidèle mais finale­ment trop con­ser­va­teur –, ce qui per­met aux per­son­nages de par­ler en rimes, mais pas non plus de quoi révo­lu­tion­ner le genre, surtout qu’il reste quelques dia­logues vrai­ment par­lés et que le choix du vocab­u­laire sem­ble par­fois étrange plus que volon­taire­ment anachronique ou gaguesque (« Con­ti est un fripon », « boloss »)… Comme on l’au­ra com­pris, l’im­por­tant est ailleurs : d’in­croy­ables tal­ents vocaux ; des solistes physique­ment engagé·es – un PETiT­OM stupé­fi­ant, une Shaï­na Pron­zo­la au jeu à la fois ani­mal et sen­si­ble, un David Alex­is pro­téi­forme comme on l’aime : tan­tôt père inflex­i­ble, tan­tôt fash­ion­ista foldingue – ; des choré­gra­phies vigoureuses signées Romain Rach­line Borgeaud exé­cutées avec brio par une troupe pleine de fougue ; une mag­nifique scéno­gra­phie qui en met plein les mirettes ; de superbes cos­tumes ; et des chan­sons entê­tantes dont Dove Attia a le secret depuis plusieurs décen­nies – et qu’on a le droit de trou­ver aus­si peu orig­i­nales ou cap­ti­vantes que celles de ses précé­dentes créa­tions. Un spec­ta­cle des­tiné à un large pub­lic donc – même si près de trois heures, entracte com­pris, ça reste un peu long pour les plus jeunes –, artis­tique­ment et tech­nique­ment réus­si, qui ravi­ra les afi­ciona­dos du genre et lais­sera les autres au bord du chemin, ou les fera fuir – l’avenir dira s’il y a matière à une nou­velle Querelle des Anciens et des Modernes…

Dove Attia était l’in­vité de la « 42e Rue » de Lau­rent Val­ière dimanche 18 novem­bre. À réé­couter ici.

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