Sans famille

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Comédie-Française, Théâtre du Vieux-Colombier – 22, rue du Vieux-Colombier, 75006 Paris.
Du 20 novembre 2024 au 5 janvier 2025.
Renseignements et réservations sur le site de la Comédie-Française.

Recueil­li à sa nais­sance, Rémi est élevé dans l’amour par Mère Bar­berin. Son époux, acca­blé de dettes, décide de louer l’en­fant (qui n’a que huit ans) à Vital­is, un comé­di­en ambu­lant qui devien­dra pour lui un tuteur bien­veil­lant. Ce sera le début de l’aven­ture pour Rémi qui inté­gr­era la troupe du saltim­banque (en com­pag­nie du chien Capi et du singe Joli-Cœur) devenant ain­si un artiste accom­pli. Tout se com­plique lorsque Vital­is se retrou­ve empris­on­né, lais­sant sa troupe dans le désar­roi. D’autres péripéties et rebondisse­ments les atten­dront : la ren­con­tre avec la famille Mil­li­gan, puis celle de l’odieux souteneur d’en­fants Garo­foli, la mort trag­ique de Joli-Cœur… Rémi ren­con­tr­era en out­re Mat­tia, un pas­sion­né de vio­lon avec qui il s’échap­pera pour l’Angleterre.

Arrivé chez les Driscoll (receleurs aco­quinés avec le frère de Madame Mil­li­gan), il par­ti­ra à la recherche de ses orig­ines. Une nou­velle fuite avec ses coéquip­iers le mèn­era à la vérité : Madame Mil­li­gan n’est autre que sa mère biologique, qu’il retrou­vera avec bon­heur, ain­si que Madame Bar­berin, dev­enue veuve entre-temps ! L’aven­ture se ter­mine au mieux, Rémi se trou­vant enfin entouré par ses êtres les plus chers pour couler des jours heureux.

Notre avis : Il sem­ble que le souf­fle épique de la lit­téra­ture sociale du XIXe siè­cle retrou­ve des couleurs : en témoignent les suc­cès de Vic­tor Hugo ou d’Alexan­dre Dumas, et aujour­d’hui d’Hec­tor Mal­ot quelque cent cinquante ans après.

Le spec­ta­cle conçu par Léna Bréban et créé sur cette même scène du Vieux-Colom­bier en 2021 demeure fort réus­si. Tous les ingré­di­ents sont réu­nis pour séduire un large pub­lic. L’as­tu­cieuse scéno­gra­phie conçue avec Emmanuelle Roy con­siste prin­ci­pale­ment en un plateau tour­nant qui illus­tre le long périple de nos héros. Le tapis roulant per­met de nous faire évoluer au sein de divers paysages et de jouer ain­si sur des échelles et des per­spec­tives entre le proche et le loin­tain. Les effets scéniques font vari­er la marche dans la durée ; on glisse aisé­ment de Paris à Lon­dres, de la cam­pagne à la ville – comme dans un film.

Véronique Vel­la ©Sarah Robine

Les comé­di­ens, tous par­faite­ment con­va­in­cants, inter­prè­tent cha­cun plusieurs per­son­nages avec une dex­térité et une vir­tu­osité impres­sion­nantes. L’autre très astu­cieuse idée con­siste à faire représen­ter les ani­maux de façon orig­i­nale. Le singe Joli-Cœur est incar­né par une mar­i­on­nette manip­ulée par Jean Cheva­lier. For­mé à cette dis­ci­pline par Chris­t­ian Hecq, il nous sur­prend par son adresse. Capi le chien est quant à lui inter­prété par un comé­di­en : Bakary San­garé. Nos comé­di­ens-français savent tout faire, comme ils nous l’ont déjà sou­vent prou­vé dans leurs soirées Cabaret. Rémi n’est autre que Véronique Vel­la, véri­ta­ble Gavroche. Elle joue et chante à ravir, tout comme la déli­cieuse Marie Oppert. Thier­ry Hancisse, comé­di­en et musi­cien aguer­ri, campe un touchant Vital­is ; Clotilde de Bayser (tan­tôt Mère Bar­berin, tan­tôt Mère Driscoll) se révèle comme tou­jours à la hau­teur de ses emplois. Deux autres comé­di­ens extérieurs à la troupe com­plè­tent la dis­tri­b­u­tion : Antoine Prud’homme de la Boussinière et Alexan­dre Zam­beaux. Ce dernier a en out­re tra­vail­lé avec Léna Bréban à l’adap­ta­tion de l’ou­vrage et col­laboré de sur­croît à l’élaboration de la dramaturgie.

Une bien jolie soirée théâ­trale en com­pag­nie de Rémi, petit frère de Gavroche, nous est offerte. Comédie-Française comme il se doit, comédie d’ex­cel­lence comme toujours.

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