Egalement au
Théâtre de La Renaissance — Oullins (69)
Du 12 au 14 décembre 2019
A 20h, sauf le samedi à 19h
Livret : George Abbott et Richard Bissell.
D’après le roman 7 1/2 Cents de Richard Bissell.
Musique et chansons : Richard Adler et Jerry Ross.
Direction musicale, arrangements et percussions : Gérard Lecointe.
Mise en scène : Jean Lacornerie et Raphaël Cottin.
Avec Dalia Constantin, Marianne Devos, Marie Glorieux, Vincent Heden, Pierre Lecomte, Mathilde Lemonnier, Alexis Mériaux, Amélie Munier, Zacharie Saal, Cloé Horry, Sébastien Jaudon (piano) et Daniel Romero (contrebasse).
Scénographie : Marc Lainé et Stephan Zimmerli.
Lumières : David Debrinay.
Costumes : Marion Benagès.
Production : Opéra de Lyon, Théâtre de la Croix-Rousse (Lyon), Théâtre de La Renaissance (Oullins Lyon-Métropole), Angers Nantes Opéra.
The Pajama Game est présenté en accord avec Music Theatre International (Europe) (www.mtishows.eu) et l’Agence Drama – Paris (www.dramaparis.com).
Une comédie musicale sur un conflit social ? Avec des ouvrières prêtes à monter au créneau pour défendre leurs intérêts ? Mais oui, c’est possible et on l’a fait !
The Pajama Game se passe dans une usine de confection de pyjamas. Obligées de travailler à un rythme infernal, les ouvrières demandent une augmentation et, bien sûr, la direction refuse. Mais l’une des meneuses, Babe, est très attirée par le nouveau directeur qui en pince aussi pour elle. Une histoire d’amour impossible vient alors s’immiscer dans la grève.
Écrite en 1954 en plein maccarthysme, l’œuvre a remporté trois Tony Awards et a été très vite adaptée au cinéma par Stanley Donen avec Doris Day. Les deux jeunes compositeurs, Jerry Ross et Richard Adler n’ont pas hésité à combiner deux éléments traditionnellement opposés à Broadway : le comique avec le mélodique, mais aussi un sujet tabou (lutte des classes, grève, conflit social) avec une touche de « romance ». Et voilà les objectifs de production de l’entreprise mis en musique, les rapports de classes chorégraphiés et les ambitions personnelles chantées à tue-tête dans le grand style jazzy des années cinquante.
Jean Lacornerie et le chorégraphe Raphaël Cottin, avec Gérard Lecointe à la direction musicale, ont choisi cette œuvre pour faire le portrait d’un groupe de jeunes femmes prêtes, déjà, à renverser la hiérarchie sociale et la domination masculine. Dans une bonne humeur communicative !
Notre avis : Après West Side Story (en version concert) et Bells Are Ringing, Jean Lacornerie et Gérard Lecointe souhaitaient à nouveau collaborer sur une œuvre de Broadway. Leur choix s’est porté sur The Pajama Game, relativement méconnue en France malgré la version cinématographique avec Doris Day coréalisée par Stanley Donen et George Abbott. Leur vision de l’œuvre les a amenés à accorder une place particulière à la danse. À ce titre, le danseur-chorégraphe Raphaël Cottin cosigne la mise en scène avec Jean Lacornerie.
The Pajama Game se déroule sur fond de conflit social dans une usine de confection de pyjamas. Alors que le projet artistique a été lancé il y a plusieurs années, les premières représentations ont lieu dans le contexte d’une actualité brûlante. Heureusement, le livret écrit par George Abbott et Richard Bissell est empreint d’humour et se conclut par un « happy end ». L’histoire d’amour qui unit Babe, une ouvrière syndicaliste, et Syd, son nouveau directeur exécutif, en pleine période de tensions au sein de l’entreprise, ne sera donc pas un nouveau Roméo et Juliette !
The Pajama Game procure un véritable plaisir pour les yeux et les oreilles. Le bleu de travail habituel des ouvriers et ouvrières est décliné en différents coloris, tout comme les perruques. De grands panneaux mobiles permettent d’isoler régulièrement une partie de la scène afin de se projeter hors des ateliers de l’usine. Des ombres chinoises sont exploitées à bon escient dans des scènes intimistes, permettant notamment à Syd de se livrer à un très beau duo parlé et chanté avec lui-même ! Les interventions de la voix du Big Boss de l’entreprise omniprésent et désincarné ne sont pas sans évoquer celle d’un Big Brother.
La partition écrite par Richard Adler et Jerry Ross est revisitée avec bonheur par Gérard Lecointe. L’ancien directeur artistique des Percussions Claviers de Lyon se trouve pourtant dans une configuration inhabituelle, les comédiens-chanteurs jouant chacun d’un instrument. La mise en scène et l’orchestration doivent donc tenir compte de cette situation, mais l’ensemble de la troupe s’adapte habilement. Un trio aux allures jazzy (piano, percussions, contrebasse) soutient solidement les comédiens qui peuvent démontrer également des talents appréciables de danseurs. La mise en scène offre véritablement la possibilité aux artistes de passer d’une discipline à l’autre à tout instant avec aisance et naturel.
La distribution du spectacle est de qualité. Le duo d’amoureux formé par Dalia Constantin et Vincent Heden est parfait, tant dans les scènes de comédie que de chant. On prend un réel plaisir à (re)découvrir avec leurs visages et leurs voix plusieurs classiques extraits de la partition. Les autres membres de la troupe ne sont pas en reste. Amélie Munier a notamment le privilège de pouvoir se lâcher sur le déjanté tango « Hernando’s Hideway ». Ce tableau est une réussite, notamment grâce à la gestion de l’espace et des éclairages, les autres artistes intervenant et se déplaçant entre jeux d’ombres et lumières. Plus globalement, cette fluidité dans les déplacements sur scène, de la comédie à la danse, en passant par la gestion des décors, est remarquable.
The Pajama Game s’annonçait comme un des grands événements dans la saison des musicals. Il répond aux attentes fondées et les spectateurs français ont bel et bien droit à une « dream team » pour The Pajama Game !
The Pajama Game — Bande annonce