Hello, Dolly ! marque son retour dans le West End après une absence de plusieurs années. Elle fut créée à Broadway en 1964 par Carol Channing qui, par ailleurs, reprendra le rôle à Londres en 1979. Mary Martin puis Dora Bryan incarneront la célèbre marieuse dès 1965 au Royal Theatre Drury Lane. Une reprise, toujours londonienne, aura lieu en 1984 avec en vedette le drag performer Danny La Rue.
Tirée d’une pièce de théâtre du dramaturge Thornton Wilder, The Matchmaker deviendra en 1958 un film avec Shirley Booth – qui ne marquera pas l’histoire du cinéma. De prestigieuses têtes d’affiches se succéderont sur les scènes américaines, d’Ethel Merman à Ginger Rogers ou, plus récemment, Bette Midler ou Bernadette Peters, sans oublier Barbra Streisand dans le phénoménal film de Gene Kelly en 1969. Enfin, dans l’Hexagone, Annie Cordy puis Nicole Croisille ainsi que Liliane Montevecchi eurent le privilège de jouer Dolly dès 1972. L’automne prochain, le Lido 2 Paris confiera le rôle à Caroline O’Connor.
L’intrigue est simple et peut se résumer ainsi : Dolly Levi, veuve et marieuse de profession, se rend à Yonkers pour y rencontrer Horace Vandergelder, un riche et avare marchand de grains. Celui-ci emploie deux commis (Cornelius et Barnaby) à qui il dévoile son intention de convoler avec une modiste : Irène Molloy, elle-même veuve. Tout ce petit monde se retrouvera à New York, à la grande parade sur la 42e Rue, avant d’être réunis pour une soirée au fameux Harmonia Gardens, où Dolly effectuera son grand retour. D’heureuses unions concluront l’histoire : chacun des protagonistes trouvera chaussure à son pied.
Que dire de cette nouvelle production du London Palladium qui célèbre le 60e anniversaire de la création ? Elle se révèle extrêmement spectaculaire, tant par la richesse des décors que par le grand raffinement des costumes. Le choix d’Imelda Staunton surprend dans un premier temps, celle-ci n’ayant peut-être pas le panache de certaines de ses devancières. Cependant, aguerrie à de nombreuses comédies musicales dont Follies ou bien encore Sweeney Todd, elle endosse le rôle avec délicatesse et avec un grand professionnalisme. Son jeu est parfait et sa voix juste. Face à elle, Andy Nyman campe un Horace heureusement moins grimaçant et caricatural que Walter Matthau dans le film de 1969 ; nous le retrouverons prochainement dans la version cinématographique du musical Wicked. Jenna Russell (Irene Molloy) reste une valeur sûre du West End, tandis que Harry Hepple (Cornelius), tout juste sorti de représentations triomphales de Hamilton, nous apporte un entrain plus que certain.
Notre coup de cœur revient au jeune Tyrone Huntley (Barnaby), sémillant en diable, véritable révélation du spectacle et récemment applaudi dans The Book of Mormon. Au total, une quarantaine d’artistes investissent la scène du Palladium, où se donne cette reprise à guichets fermés. Un bienheureux retour en vérité ! Signalons de surcroît d’époustouflantes chorégraphies qui n’ont pas pris une ride, inspirées par celles de Gower Champion, le chorégraphe de la version originelle.