Après le Montfort, c’est au tour de l’Athénée–Louis-Jouvet d’annoncer sa prochaine saison. Comme pour les années passées, la programmation 2020–2021 peut s’enorgueillir de beaucoup de spectacles musicaux, dont des créations ambitieuses et des raretés alléchantes. À dire vrai, tout nous fait envie !
Annoncée comme une « comédie musicale nautique », l’opérette Normandie (1936, musique de Paul Misraki), dont la chanson « Ça vaut mieux que d’attraper la scarlatine » est passée à la postérité, débarquera le 13 octobre avec, à son bord : l’Orchestre des Frivolités Parisiennes et la mise en scène de Christophe Mirambeau. Lorsqu’il a été présenté à la Nouvelle Ève, ce spectacle nous avait absolument conquis.
Après le choc, la claque, le délice, que furent Les Enfants terribles en 2012, la curiosité nous poussera à aller découvrir, en décembre, l’autre opéra de chambre composé par Philip Glass sur un livret inspiré de Jean Cocteau : La Belle et la Bête.
Les Frivolités Parisiennes (Le Testament de la Tante Caroline et Les Bains macabres, qui nous avaient enchantés au plus haut point) reviennent pour les fêtes de fin d’année avec une opérette – évidemment tourbillonnante et pétillante – de la fin des années vingt : Le Diable à Paris, dont le compositeur, Maurice Lattès, a également signé Arsène Lupin banquier, présenté par la troupe des Brigands dans ce même théâtre à la fin de l’année 2007.
Toujours dans le registre de l’opérette, Jacques Offenbach sera également à l’affiche, mais d’une façon a priori étonnante, puisque sa pièce fantastique en un acte Les Trois Baisers du diable sera couplée avec l’opéra de poche d’Arnold Schönberg Von heute auf morgen… le tout dans une transcription pour cinq instruments. Audacieux !
Si la saison tourne beaucoup autour d’œuvres des XXe et XXIe siècles, c’est toutefois un opéra baroque qui l’ouvrira : Crésus, de Reinhard Keiser, à partir du 30 septembre.
Fin mars 2021, le mythe de Salomé sera au centre d’un spectacle mêlant la musique de Richard Strauss, la pièce d’Oscar Wilde et la modernité pionnière de la danseuse Loïe Fuller, qui faisait virevolter des voiles en 1907.
En janvier, un « eau-péra » : Au cœur de l’océan. En avril, un conte musical explosif inspiré de L’Oiseau de feu : Rien ne se passe jamais comme prévu.
Mai verra la création d’Eurydice, un opéra pour voix seule de Dmitri Kourliandski, qui raconte « l’expérience du noir » et dans lequel le rôle d’Orphée est confié à un danseur, Dominique Mercy, figure emblématique de la compagnie Pina Bausch de 1974 à 2009.
Fin mai et début juin seront données huit représentations des Sept Péchés capitaux de Kurt Weill et Bertolt Brecht, dont le mordant et le grinçant ne cessent de trouver leurs résonances dans notre société.
En juin aura lieu la création de Pelléas et Mélisande, d’après la pièce de Maurice Maeterlinck, non pas sur la musique de Claude Debussy, mais sur celle de Nicholas Stücklin. Puis, également production du Nouvel Opéra Fribourg : l’opéra Powder Her Face, de Thomas Adès, créé en 1995, qui raconte sans détours les frasques sexuelles d’une duchesse anglaise – à tel point que le spectacle est déconseillé aux moins de seize ans.
Mr. Shi and His Lover, d’après une histoire vraie – celle d’un diplomate français en Chine accusé de trahison pour avoir livré des secrets à sa maîtresse chinoise, laquelle est en réalité… un homme – adaptée à l’écran par David Cronenberg sous le titre M. Butterfly, clôturera la saison.
En dehors des spectacles musicaux, plusieurs récitals classiques sont programmés, et le théâtre sera également très présent, avec un mois de novembre consacré à Anton Tchekhov (Ivanov, La Mouette, Oncle Vania, Trois Sœurs, La Cerisaie, Sans père et des pièces en un acte), deux pièces de Jean-Luc Lagarce (J’étais dans ma maison et j’attendais que la pluie vienne, Ébauche d’un portrait) et, comme souvent à l’Athénée, du Samuel Beckett (Words and Music, L’Image).
La billetterie est ouverte. Pour en savoir plus : le site du théâtre et la bande-accroche :