« Je ne suis pas une rose qu’on coupe pour la laisser mourir dans un vase ! Je suis Coquelicot ! »
Comment rester fidèle à soi-même quand, dès la naissance, le monde entier cherche à nous cataloguer ? Comment trouver sa joie ?
Dans ce one-woman musical, Prisca nous dévoile les coulisses de sa vie d’artiste et de femme pour nous poser ces questions avec humour, folie et poésie.
Après avoir été premier rôle dans Cats, Oliver Twist, Avenue Q, la truculente Clémentine de Paprika nous entraîne dans un tourbillon d’émotions. Une autodérision irrésistible qui fait du bien.
Notre avis : Deux ans après son premier one-woman-show musical VRAIe !, c’est dans un contexte bien particulier et privilégié que nous avons pu découvrir le Coquelicot de Prisca Demarez. Un soir de juillet, nous nous sommes rendus dans la salle de spectacle de L’Île-d’Yeu afin d’assister à ce nouveau seule en scène. Le public amical s’y était amassé afin de soutenir la chanteuse et l’on s’y sentait presque en famille !
Nous étions ravis de retrouver Prisca Demarez sur scène dans un spectacle qui reprend le format et des sujets similaires à son premier seule en scène. Après un démarrage en trombe avec un « Don’t Rain on My Parade » exaltant, ce sont les lignes « But whether I’m the rose of sheer perfection, A freckle on the nose of life’s complexion » de cette chanson qui seront utilisées comme le fil rouge du spectacle.
Forte de ses expériences, Prisca a définitivement choisi son camp : elle est la tache de rousseur sur le teint immaculé de la vie, la tache de couleur dans un champ de blé. Elle est coquelicot et non la rose. Le coquelicot, d’apparence fragile avec ses jolis pétales de soie, incarne pour elle la force : la force d’être différent.e, de ne pas vouloir coller à cette image parfaite que l’on veut nous attribuer depuis qu’on est tout petit. Dans ce spectacle, elle nous exhorte donc à faire de même, à embrasser nos différences et ne pas nous perdre dans une personne que l’on est pas.
Ce message est bien sûr illustré par de nombreuses anecdotes plus que croustillantes : de ses petites hontes jusqu’à ses grands rêves, elle nous raconte tout, et nous livre son chemin pour nous accepter, croire en nos rêves et nous assumer. Nous sommes sûrs que si vous la suivez, son message résonnera en vous comme il a pu résonner en nous ce soir de juillet et vous sortirez prêts à soulever des montagnes. Le risque en effet serait de rester extérieur à ce discours qui peut quelquefois verser dans un trop plein de bienveillance.
Véritable coquelicot, droite dans ses bottes et sa jolie robe rouge, Prisca fleurit sur scène et demeure impressionnante. Soixante-quinze minutes durant, elle anime la salle et fait preuve d’une excellente palette de jeu (et d’imitation), tout comme sa technique vocale qui n’était plus à prouver. On entend avec plaisir les quelques clins d’œil à sa carrière dont elle parsème le spectacle : on la retrouve par exemple en Sally Bowles le temps d’un « Mein Herr » enflammé et d’un « Cabaret » puissant. Mais elle explore aussi d’autres répertoires comme celui de Dalida ou même de Barbara Pravi.
Prisca rafraichît quelques chansons iconiques de comédies musicales. Elle livre certaines lignes comme nous ne les avions jamais entendues auparavant. Elle fait d’ailleurs écouter au public ce qu’il se contente souvent d’entendre, en révélant les secrets des paroles de grands airs du répertoire. Ces anecdotes sont sûrement déjà connues du public averti, mais la démarche reste très intéressante pour les novices.
On a donc découvert une Prisca explosive, qui se fait plaisir et nous fait beaucoup rire. Bref, c’est un moment de bonheur partagé, un spectacle à fleur de peau qui nous rappelle qu’il est beau d’être coquelicot !