Patience ne parle plus, elle a arrêté.
Elle ne parvient plus à établir le contact.
Alors, elle produit des sons et tente de faire bonne figure grâce à son fidèle nez rouge et Pitou, son chien imaginaire.
Déjà quand elle était petite et qu’elle se sentait triste, Patience devenait muette. Elle se mettait à rêver qu’elle devenait minuscule, presque transparente, et qu’elle avait le cœur si léger que ses pieds ne touchaient plus terre. Elle rêvait de s’envoler pour aller rire et chanter un peu plus haut, avec les oiseaux, et sa tristesse disparaissait.
Mais voilà : légère, ça fait longtemps que Patience ne l’est plus et ses rêves sont loin. Un jour elle reçoit un colis.
Et si Patience finissait par s’envoler…?
Notre avis : Christine Bonnard surprend avec ce seule en scène où elle incarne une femme toute de blanc vêtue, accompagnée par de multiples voix et tout autant de nez rouges, ces nez de clown avec lesquels elle va converser. Cette socialisation particulière propose à chaque spectateur de s’interroger. Patience est-elle folle ? Vit-elle dans un monde structuré à sa manière dans lequel elle peut s’épanouir, loin des conventions ? La réception de divers objets, tous chatoyants avec une étoile bleue et des paillettes de-ci de-là, la plonge à chaque fois dans un nouvel état. Il appartient à chacun de décrypter, deviner ce que traverse le personnage que Christine Bonnard incarne avec une légèreté déterminée. La comédie musicale s’invite brièvement par le biais d’un extrait de Gypsy interprété en portant un étrange nez rouge pailleté – un homologue blanc tout aussi pailleté blanc tiendra aussi une place importante, un peu plus tard.
Jouer avec son clown pour s’échapper d’un monde trop dur, voire s’envoler comme le suggère le titre, c’est bien le pari poétique qui appelle le public à considérer, peut-être, la vie sous une autre forme et, qui sait, à se laisser pousser des ailes en assistant à une représentation inspirée…