I Was Looking at the Ceiling and Then I Saw the Sky : inclassable et captivant

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I felt broken into compromise with nothing left to hope or prize
I was searching for a reasonable reason for my smile
I was finding what I want washed out completely in denial
I was looking at the ceiling and then I saw the sky!

Song­play en deux actes (le site du com­pos­i­teur indique aus­si « An Earthquake/Romance »).

Musique de John Adams. Livret de June Jordan.

Créa­tion le 13 mai 1995 à l’université de Cal­i­fornie à Berke­ley (Zeller­bach Play­house). Direc­tion musi­cale : Grant Ger­shon. Ensem­ble Paul Dresch­er. Mise en scène de Peter Sel­l­ars. Ingénieur du son : Mark Grey. Décors : Gronk et dif­férents graf­fi­tistes de Los Ange­les. Copro­duc­tion avec Cal Per­for­mances, le Lin­coln Cen­ter de New York, le Théâtre Thalia de Ham­burg, la MC93 de Bobigny et le Fes­ti­val d’Helsinki.

Chanteurs : trois mez­zos, un ténor aigu, trois bary­tons. Rôles écrits pour des chanteurs-comé­di­ens du théâtre musi­cal fam­i­liers des gen­res pop, soul, jazz et rock.

Instru­men­tistes : deux bois (clar­inette, clar­inette basse, sax­o­phone alto), trois claviers (piano, syn­thé­tiseur), gui­tares acous­tique et élec­trique, basse élec­trique (dou­bles sur la basse acous­tique), kit de per­cus­sion (dou­bles sur les per­cus­sions MIDI).

Argument

En 1994, à Los Ange­les, dans un cli­mat urbain chargé de vio­lence et d’idéalisme, sept jeunes Améri­cains issus d’origines eth­niques et de milieux soci­aux divers se croisent le jour du tris­te­ment célèbre trem­ble­ment de terre de North­ridge, qui va les oblig­er à se con­fron­ter à d’inévitables vérités et chang­er rad­i­cale­ment leur existence.

Genèse de l’œuvre

Le séisme d’une mag­ni­tude de 6,7 sur­venu dans la région de Los Ange­les le petit matin du 17 jan­vi­er 1994 (qui coïn­cidait cette année-là avec le jour férié nation­al en hom­mage à Mar­tin Luther King Jr) four­nit à June Jor­dan le matéri­au d’une trame qui repose sur la bas­cule entre un avant et un après-cat­a­clysme. Inspirée par le témoignage paru dans le Los Ange­les Times d’une sur­vivante dont les mots allaient devenir le titre « Je regar­dais le pla­fond et soudain j’ai vu le ciel », elle se rap­procha de John Adams pour lui pro­pos­er de tra­vailler sur un pro­jet autour du trem­ble­ment de terre, dont l’épicentre n’était non pas situé dans la ban­lieue aisée de North­ridge mais dans celle de Rese­da, une zone peu­plée d’ouvriers immigrés.

Le com­pos­i­teur, qui avait déjà signé deux chefs‑d’œuvre d’opéra con­tem­po­rain, Nixon in Chi­na et The Death of Kling­hof­fer, et qui souhaitait tra­vailler sur des formes plus pop­u­laires, saisit l’occasion que lui présen­tait la dra­maturge, et con­tac­ta Peter Sel­l­ars, avec qui il avait déjà col­laboré sur ses deux précé­dents ouvrages lyriques.

I Was Looking at the Ceiling visuel Châtelet
Pro­duc­tion du Châtelet © M.-N. Robert

Peter Sel­l­ars : « Après deux œuvres trai­tant de poli­tique étrangère, John et moi voulions abor­der un sujet de poli­tique intérieure. Nous souhaitions faire une his­toire d’amour – c’est de là que tout est par­ti. Il s’agit de gens qui sont amoureux. […] Ce spec­ta­cle traite de la vie des gens : qui on ramène chez soi pour la nuit, et pourquoi ? Nous voulions faire un spec­ta­cle sur des jeunes gens qui avan­cent dans la vie. Oui, la vie est dure, mais c’est enten­du : elle l’est tou­jours. Avançons. Je suis agacé par tout ce qui tourne autour de la généra­tion X, et qui est totale­ment faux. C’est une image véhiculée par MTV. Ça n’est que de la cul­ture de pub­lic­ité. J’enseigne à UCLA et June ici [à Berke­ley], et nos étu­di­ants ne sont pas du tout dans cette mou­vance de la généra­tion X. »

« Les jeunes, insiste Peter Sel­l­ars, 37 ans, ont hérité d’un monde qui a été mal géré, de façon grotesque et égoïste, par la généra­tion précé­dente, mais ils ne restent pas les bras croisés à déprimer. Ils sont act­ifs et posi­tifs. Leur réal­ité, c’est qu’ils ont des réflex­es en bien meilleur état que les gens du Congrès. »

June Jor­dan don­na son accord au pro­jet dès qu’elle apprit que le thème retenu par Adams et Sel­l­ars était l’amour. « J’avais un livre de poèmes d’amour qui devait être pub­lié, et j’ai tou­jours voulu agir pour que l’amour soit recon­nu comme une chose sérieuse et impor­tante dans notre société, alors même qu’elle le ridi­culise, le dén­i­gre et le con­sid­ère comme une maladie. »

June Jor­dan s’enthousiasme : « John [Adams] dit qu’il avait besoin du livret dans son inté­gral­ité avant de pou­voir com­mencer. Je me suis donc mise au tra­vail l’été dernier et l’ai écrit en six semaines. C’est tout ce que j’ai fait pen­dant ce temps… pas de lessive, rien. Je m’y suis con­sacrée à cent pour cent. » Et le trio Adams-Jor­dan-Sel­l­ars se réu­nit toutes les semaines à Berke­ley pour met­tre au point les per­son­nages et la struc­ture finale.

Le livret était fini bien avant que les amende­ments sécu­ri­taires 187 sur l’immigration illé­gale et 184 sur la récidive ne soient adop­tés par l’État de Cal­i­fornie. « Tout au plus, com­mente Peter Sel­l­ars, la réal­ité de la rue s’est inten­si­fiée depuis l’écriture du livret. Elle est dev­enue plus frap­pante, les mots ont encore plus de sens. »

I Was Looking at the Ceiling Châtelet visuel
Pro­duc­tion du Châtelet © M.-N. Robert

June Jor­dan explique que les per­son­nages sont venus en pre­mier. « Les ques­tions poli­tiques ont émergé à par­tir des iden­tités des per­son­nages, pas l’inverse. Nous nous sommes demandé qui sont ces gens et pourquoi ils se con­nais­sent l’un l’autre. Pourquoi s’aimeraient-ils ? Pourquoi cela réus­sir­ait-il ou non ? Ce sont ces inter­ro­ga­tions qui nous ont con­duits vers les ques­tions sociales. »

« Peter et moi-même sommes con­venus que les artistes sur scène auraient moins de vingt-cinq ans. Cela sig­nifi­ait que je pour­rais m’inspirer de mon expéri­ence des étu­di­ants. Je suis très proche de beau­coup d’entre eux. Ils ont beau­coup d’énergie et sont très posi­tifs. Je n’en con­nais aucun qui soit tire-au-flanc. J’ai presque imag­iné que cette œuvre pou­vait être un cadeau de Saint-Valentin à mes étu­di­ants. Leur généra­tion a ten­dance à être con­sid­érée comme une sta­tis­tique ou à être tournée en déri­sion. J’ai essayé de présen­ter des per­son­nages com­plète­ment dess­inés et crédi­bles, et par con­séquent pas par­faits, et alors ? »

Pour ce qui est de la musique, le con­cept de John Adams n’avait « rien à voir avec l’opéra ou les comédies musi­cales de Broad­way », mais essen­tielle­ment inspiré des albums de rock, tels que Abbey Road (The Bea­t­les), John Wes­ley Hard­ing (Bob Dylan) ou Tom­my (The Who). « Au fur et à mesure d’un album, il y a comme une his­toire qui est racon­tée, soit par allu­sion soit directe­ment. Il s’agit d’une suc­ces­sion de chan­sons dans la tra­di­tion de la musique pop­u­laire, sans dia­logue qui vienne s’imbriquer. Tout est racon­té au tra­vers de la métaphore de la poésie liée à la musique. » Citant Por­gy and Bess et West Side Sto­ry comme influ­ences, il explique : « C’étaient des œuvres orig­i­nales de com­pos­i­teurs doués qui ont su utilis­er la musique ver­nac­u­laire de leur temps d’une manière très créa­tive. » Il qual­i­fie même West Side Sto­ry de « som­met de l’art » et ne s’est jamais caché de vouloir, avec Ceiling/Sky, qu’il présente comme une « his­toire d’amour shake­speari­enne », créer un pen­dant cal­i­fornien au Roméo et Juli­ette new-yorkais de Leonard Bernstein.

« Je me suis servi de tout l’éventail de la musique améri­caine que j’ai à ma dis­po­si­tion, du be-bop au gospel, le rock, le rock aton­al. Je voulais trou­ver des musiques qui résu­ment la sen­si­bil­ité de chaque per­son­nage. Tiffany est une femme blanche au désir sul­fureux de couch­er avec un polici­er ; elle chante une espèce de numéro de grand orchestre be-bop dans un style de torch song [une chan­son sen­ti­men­tale dans laque­lle on se lamente d’un amour non partagé, N.D.L.R.]. Dewain, c’est ce gars mer­veilleux, doux, décon­trac­té qui aime traîn­er dans la rue ; j’ai donc, pour sa pre­mière inter­ven­tion, choisi une espèce de blues urbain avec du groove ; dans sa cel­lule de prison, alors qu’il se rend compte que sa libéra­tion est une affaire intime (après le séisme qui sec­oue la scène), j’ai écrit une chan­son pour lui qui est presque une révéla­tion dans le style gospel. »

I Was Looking at the Ceiling Croix-Rousse visuel
Pro­duc­tion de l’Opéra de Lyon © B. Soulage

John Adams dit lui-même que ce pro­jet l’a libéré. « Ça a été un voy­age fan­tas­tique fait de décou­vertes. J’ai passé un très bon moment. En par­tie parce que l’œuvre de June m’a libéré. C’est une écrivaine qui a un extra­or­di­naire sens du rythme de l’anglais par­lé par les citadins noirs. Ça a déver­rouil­lé en moi toute une source d’idées musicales. »

« C’est mer­veilleux de pou­voir [présen­ter cette nou­velle œuvre] dans la ville où j’habite, là où pré­cisé­ment tous ces prob­lèmes sont réels – que ce soit l’hostilité à l’égard de ceux que nous appelons si joli­ment des ‘étrangers’, ou la haine latente envers les Noirs au moment même où le ‘Con­tract with Amer­i­ca’* essaye de min­er le peu de pro­grès réal­isé depuis le ‘Great Soci­ety’**. »

*Série de mesures lég­isla­tives à l’initiative du par­ti répub­li­cain sur la sécu­rité nationale, la lutte con­tre la criminalité…
*Pro­gramme de lois lancé en 1964–1965 por­tant sur les droits civils, la lutte con­tre la pau­vreté, l’ac­cès aux soins…

« On a reproché à Peter et à moi-même de suiv­re la ten­dance, de surfer sur la vague. Mais nous nous ser­vons d’événements actuels pour son­der les plus pro­fonds niveaux de l’expérience humaine – ce que seules la musique et la poésie réu­nies peu­vent accomplir. »

Faisant allu­sion à ses deux opéras précé­dents, il ajoute d’un ton amusé : « Vous savez, ça a été une mau­vaise année [1994] pour l’opéra améri­cain : Nixon est décédé et l’Achille Lau­ro* a coulé. Je ferais mieux de faire atten­tion avec [ce nou­v­el opus] : j’habite exacte­ment sur la faille de Hayward ! »
*L’opéra The Death of Kling­hof­fer racon­te la prise d’otages à bord du paque­bot Achille Lau­ro par le Front de libéra­tion de la Pales­tine en 1985.

La création

La pre­mière a lieu le 13 mai 1995 à l’université de Cal­i­fornie à Berke­ley, après une semaine de pre­views. Grant Ger­shon est à la tête de l’ensemble Paul Dresch­er. La mise en scène est signée Peter Sel­l­ars, comme pour les deux précé­dents opéras de John Adams. Et la jeune dis­tri­b­u­tion réu­nit des étoiles mon­tantes, comme Ken­nya Ram­sey et Jesse Means II.

Cha­cune des vingt et quelques chan­sons donne l’occasion de déploy­er une ban­nière d’environ deux mètres sur trois illus­trée de graf­fi­tis signés d’éminents artistes cal­i­forniens. Tous ces artistes ont col­laboré aux décors : deux immenses fresques représen­tant des yeux exor­bités, qui instal­lent une cli­mat urbain ten­du. Celle de l’acte II offre une vision comi­co-apoc­a­lyp­tique de Los Ange­les après le trem­ble­ment de terre : des démons ram­p­ent depuis une faille sis­mique et crachent de la lave, un bus est ren­ver­sé et un Jésus à six bras s’élève sere­ine­ment dans un ciel ardent.

Cette pre­mière représen­ta­tion est fraîche­ment accueil­lie par un pub­lic pour­tant aver­ti. Il aura sans doute été désarçon­né par cette suc­ces­sion de chan­sons por­tant sur des sujets socié­taux qu’on n’oserait pas évo­quer à Broad­way – la con­tra­cep­tion, la place des minorités dans le milieu urbain, l’im­mi­gra­tion illé­gale, la vio­lence poli­cière cou­plée à une ingérence et un voyeurisme médi­a­tiques… Et les cri­tiques s’en pren­nent aus­si bien à la musique jugée trop sophis­tiquée ou trop gen­ti­ment rétro pour ren­dre compte de l’ur­gence urbaine de la cat­a­stro­phe, et au livret trop tor­turé et trop décousu, qu’à la pro­duc­tion trop uni­voque et laborieuse.

Même les fac­tions com­mu­nau­taires y trou­vent à redire. Les les­bi­ennes jugent inap­pro­prié de la part de la libret­tiste – qui s’af­fiche comme bisex­uelle – de con­fi­er à un trio de femmes un hymne au pénis, qui plus est avec des paroles très imagées. Les Asi­a­tiques râlent de voir le jeune avo­cat viet­namien tomber amoureux de la présen­ta­trice de télé raciste. John Adams répond à ces cri­tiques « qu’il n’y a pas plus intolérant qu’une com­mu­nauté libérale. Berke­ley est [un endroit] telle­ment per­mis­sif, et pour­tant il est rem­pli de pan­car­tes d’interdiction ».

Le com­pos­i­teur prend néan­moins sa part de respon­s­abil­ité dans l’échec de la créa­tion, tout en évo­quant des fric­tions avec la libret­tiste June Jor­dan : lui, met­tant le livret au ser­vice de la musique, ne voulait pas que l’œu­vre se trans­forme en dia­tribe con­tre les injus­tices eth­niques et sociales ; elle, l’a­gaça en pub­liant le livret avant la pre­mière et en se répan­dant en remer­ciements à l’é­gard du met­teur en scène Peter Sel­l­ars – mais rien pour John Adams. « Bien plus tard, je l’ai croisée et nous étions con­venus de nous réc­on­cili­er. Mais elle était déjà atteinte d’un can­cer du sein et, mal­heureuse­ment, elle mourut. »

Peter Sellars portrait
Peter Sel­l­ars © DR

Avec Peter Sel­l­ars, pour­tant le géni­teur des pro­jets de John Adams pour la scène et son « meilleur ami », ce furent d’autres couleu­vres à avaler. « C’é­tait un prob­lème avec lui, car il se livrait à des harangues poli­tiques après chaque représen­ta­tion. Quand nous sommes allés présen­ter le spec­ta­cle à Ham­bourg et qu’on nous a con­viés à une con­férence de presse prélim­i­naire, Peter a dis­cou­ru devant les Alle­mands pen­dant plus d’une heure sur la poli­tique en Cal­i­fornie, et n’a pas fait une seule fois men­tion de l’œu­vre. » Les cos­tumes aus­si furent un objet de dis­corde : le met­teur en scène avait décidé que, pour les femmes, des vête­ments et des acces­soires trop évi­dents – bustiers, talons aigu­illes, bijoux, tatouages et pierc­ings – étaient insul­tants et devaient être ban­nis ; le com­pos­i­teur fut donc per­plexe lorsqu’il vit arriv­er sur scène des per­son­nages « habil­lés comme s’ils se rendaient à un entre­tien d’embauche ou comme s’ils fai­saient cam­pagne pour un député ».

Après la créa­tion à Berke­ley, le sec­ond acte a été mod­i­fié et la con­cep­tion scénique a été revue : l’ensemble instru­men­tal, ini­tiale­ment sur scène, a été placé en fos­se et les micro­phones, ini­tiale­ment dans le style des stars de rock, ont été rem­placés par des micro­phones cor­porels. La pro­duc­tion orig­i­nale a été jouée plus d’une cinquan­taine de fois, à Berke­ley, Mon­tréal, New York, Édim­bourg, Helsin­ki, Paris et Hambourg.

I Was Looking at the Ceiling partition
Par­ti­tion de l’œu­vre éditée chez Boosey & Hawkes

L’œu­vre n’a jamais con­nu le suc­cès des deux précé­dents opéras de John Adams, devenus depuis des clas­siques du réper­toire con­tem­po­rain. Le com­pos­i­teur la qual­i­fie lui-même d’« enfant mal-aimé » ; il ajoute qu’on lui a rap­porté que Stephen Sond­heim l’« appré­cie vrai­ment » et il est cer­tain qu’un jour, les gens l’ap­précieront aussi.

Les personnages

« Les per­son­nages représen­tent la diver­sité de la Cal­i­fornie et le futur sché­ma démo­graphique des États-Unis. Tous ces gens dif­férents devront vivre ensem­ble, bien, ou pas. Je voulais absol­u­ment que l’amour appa­raisse comme le choix évi­dent, et un rêve évi­dent auquel cha­cun de nous aspire. J’ai beau­coup tra­vail­lé pour ne pas avoir de per­son­nages ternes, de ‘mau­vais garçons’ ou de ‘mau­vais­es filles’. Cha­cun se rachète avec quelque chose des autres, cha­cun incar­ne une façon val­able de se com­porter dans le monde. J’espère que les spec­ta­teurs seront touchés par les per­son­nages car leurs vies sont aus­si les nôtres. » June Jordan

Trois Noirs, deux Blancs, un Asi­a­tique, une Lati­no-Améri­caine. Tous ont une ving­taine d’années.

[Source : pro­gramme de salle de la pro­duc­tion du Châtelet (texte extrait du site offi­ciel du com­pos­i­teur et traduit par San­dra Solvit).]

Dewain (baryton)

Un jeune homme noir. Il se sent par­ti­c­ulière­ment bien aujourd’hui parce qu’il sort de prison et s’apprête à retrou­ver sa petite amie Con­sue­lo, la mère de sa petite fille. Il a eu des démêlés avec la jus­tice pour des faits mineurs, et après son récent séjour sous les ver­rous, il est déter­min­er à s’amender et revenir dans le droit chemin.

David (baryton)

Proche de la trentaine, il est le pas­teur d’une église bap­tiste afro-améri­caine du quarti­er. Tou­jours souri­ant, par­lant d’une voix douce, con­fi­ant, bel homme, il n’hésite pas à prof­iter des faveurs, quelles qu’elles soient, des plus belles jeunes femmes de sa con­gré­ga­tion. Mais il a beau faire, ses charmes ne sem­blent pas agir sur…

Leila (mezzo-soprano)

Une jeune étu­di­ante noire diplômée, aujourd’hui employée dans un cen­tre de plan­ning famil­ial de quarti­er, où elle s’escrime, par­fois au bord du dés­espoir, à ren­seign­er les jeunes gens de toutes orig­ines eth­niques sur les moyens con­tra­cep­tifs exis­tants. Par­mi ses clients figure…

Consuelo (mezzo-soprano)

Une jeune mère sans papiers orig­i­naire du Sal­vador, où le père de son garçon alors âgé de qua­tre ans a été assas­s­iné par les escadrons de la mort. Main­tenant, elle tente pénible­ment de join­dre les deux bouts à Los Ange­les, étrangère en sit­u­a­tion irrégulière dont la seule lueur d’espoir dans la vie est l’amour qu’elle éprou­ve pour Dewain, le père de son sec­ond enfant nouveau-né.

Mike (baryton)

Un jeune polici­er blanc de Los Ange­les. Il n’a pas encore acquis le cynisme et le com­porte­ment bru­tal que ses col­lègues atten­dent de lui. En fait, il a quelque chose d’un mil­i­tant, con­sid­érant son tra­vail comme un moyen de favoris­er la trans­for­ma­tion du quarti­er alen­tour et prenant sur son temps per­son­nel pour ten­ter d’éloigner les enfants des gangs et de la drogue. Il a même tra­vail­lé avec Dewain afin de dévelop­per un club de bas­ket-ball pour les garçons du quarti­er. Mais ses con­flits intérieurs, à la fois soci­aux et sex­uels, font de sa vie un nœud insup­port­able de con­tra­dic­tions, la moin­dre n’étant pas sa rela­tion avec…

Tiffany (mezzo-soprano)

D’une élé­gance un peu guindée, elle est présen­ta­trice dans une sta­tion de télévi­sion locale. Avec son sac à main assor­ti à ses chaus­sures et son tailleur de femme d’affaires, elle est un mod­èle de per­fec­tion télévisée. Pro­fes­sion­nelle accom­plie, sa car­rière est sur la bonne voie, même pour des pro­jets plus impor­tants. Mais pour elle, la meilleure par­tie de son tra­vail est con­sti­tué par les heures où elle peut accom­pa­g­n­er les ron­des Mike dans sa voiture de police, le regar­dant patrouiller dans le quarti­er et procéder occa­sion­nelle­ment à des arresta­tions, qu’elle filme pour son émis­sion heb­do­madaire Le Crime comme divertissement.

Rick (ténor)

Né à Los Ange­les de par­ents viet­namiens anciens boat peo­ple, il vient de ter­min­er ses études de droit et tra­vaille comme avo­cat com­mis d’office. Comme Mike, il n’a pas non plus per­du son idéal­isme et croit encore que la loi a le pou­voir de chang­er les choses pour le mieux. Il a dépen­sé son dernier dol­lar pour un cos­tume Brooks Broth­ers (qu’il ne peut se per­me­t­tre) afin de bien présen­ter devant les tri­bunaux. Il est sur le point de recevoir une leçon sur la manière dont le sys­tème juridique fonc­tionne vrai­ment, et une leçon encore plus impor­tante sur la façon dont l’amour marche… ou non.

Argument détaillé – Liste des chansons

[Source : pro­gramme de salle de la pro­duc­tion du Châtelet]

1. Ensem­ble : I Was Look­ing at the Ceil­ing and Then I Saw the Sky
« Ensem­ble : Je regar­dais le pla­fond et soudain j’ai vu le ciel. »
Avant que l’histoire ne com­mence, les per­son­nages prin­ci­paux s’avancent et présen­tent leur situation.
Intro­duc­tion instru­men­tale conçue comme un hom­mage à la musique min­i­mal­iste de la fin des années soix­ante-dix avec une chan­son-titre tube.

2. A Ser­mon on Romance
« Un ser­mon sur l’amour »
David cour­tise Leila et rend un vibrant hom­mage à la beauté fémi­nine. Leila reste scep­tique : après tout, il court après toutes les femmes.
Gospel, soul à la Ste­vie Wonder.

3. Leila’s Song of the Wise Young Woman
« Chan­son de Leila : La jeune femme sage »
Leila con­seille vive­ment à Con­sue­lo d’utiliser des préser­vat­ifs et de ne se lier qu’avec des hommes dignes de con­fi­ance. Elles ne se com­pren­nent pas : Con­sue­lo croit en son amour pour Dewain.
Duo ani­mé sur des rythmes latino-américains.

4. Solo in the Sunlight
« Solo dans la lumière du jour »
Dewain vient tout juste de sor­tir de prison et il est enfin de retour dans son quartier.
Hard blues rock à la Joe Cocker.

5. ¿ Dónde estás ?
« Où es-tu ? »
Con­sue­lo est inquiète : son fils de six ans a dis­paru sans laiss­er de traces. Est-ce que ce sont les ser­vices de l’immigration qui l’ont enlevé, afin de retrou­ver sa mère ? Des sou­venirs de son pays natal, le Sal­vador, revi­en­nent à sa mémoire : ici, comme là-bas, elle doit se cacher.
Chan­son ten­dre accom­pa­g­née par une gui­tare acoustique.

6. Mike’s Song About Arrest­ing a Par­tic­u­lar Individual
« Chan­son de Mike sur l’arrestation d’un individu »
Mike arrête Dewain, qui vient de vol­er deux bouteilles de bière. Tiffany filme toute la scène. Mike lui mon­tre com­ment men­er à bien une arrestation.
Hard rock.

7. Tiffany’s Solo : How Far Can I Go in a Car Dri­ven by a Cop?
« Solo de Tiffany : Jusqu’où puis-je aller dans une voiture con­duite par un flic ? »
Tiffany réflé­chit à sa sit­u­a­tion et son admi­ra­tion pour Mike. Depuis longtemps, elle essaie de le séduire et d’entamer avec lui une rela­tion plus intime, mais elle ne lui a pas fait part de ses sen­ti­ments à son égard.
Bal­lade de jazz, inspirée de dif­férents styles de cool jazz (be-bop, style Monk).

8. Song About the On-Site Altercation
« Alter­ca­tion sur le site de l’arrestation »
Suite de la scène de l’arrestation. Leila arrive. S’ensuite une dis­cus­sion ani­mée, qui manque de dégénér­er en bagarre.
Un par­lé-chan­té très ryth­mique sur un free jazz agres­sif à la Her­bie Hancock.

9. Song About the Bad Boys and the News
« Chan­son sur les mau­vais garçons et les informations »
En dehors de l’histoire, les trois femmes déclar­ent ouverte­ment leur sym­pa­thie pour les mau­vais garçons.
Terzet­to lyrique a cap­pel­la, puis rock’n’roll avec des vari­a­tions de mesures inhabituelles.

10. Your Hon­or My Client Is a Young Black Man
« Mon­sieur le Juge, mon client est un jeune Noir »
Dewain se tient devant le tri­bunal. Comme il s’est déjà retrou­vé deux fois sous les ver­rous, il risque l’emprisonnement à vie, selon la loi cal­i­forni­enne des « trois fois » (amende­ment 184 appelé Three Strikes Law : « Trois faux pas, et t’es mort »). Rick, son avo­cat, tente avec élo­quence de lui éviter cette sen­tence ; Dewain pense qu’il n’a aucune chance d’en réchap­per en rai­son de sa couleur de peau.
Chan­son car­ac­térisée par le funk et la musique minimale.

11. Con­suelo’s Dream
« Le rêve de Consuelo »
Pen­dant ce temps, Con­sue­lo rêve de vivre dans la paix et la sécu­rité avec son mari et ses enfants.
Bal­lade très lyrique, car­ac­térisée à cer­tains moments par des sons de syn­thé­tiseur célestes et un doux solo de gui­tare électrique.

12. Rick’s Cross-Exam­i­na­tion of Tiffany and Mike
« Rick procède au con­tre-inter­roga­toire de Tiffany et Mike »
Au tri­bunal, Rick inter­roge les témoins Mike et Tiffany, qui affir­ment ne pas être ensem­ble. Le jeune avo­cat ne les croit pas. Tiffany devient agres­sive et profère des pro­pos racistes à l’égard du jeune homme d’origine viet­nami­enne, ce qui n’empêche pas Rick de tomber amoureux d’elle.
Chan­son de style très min­i­mal­iste avec swing lan­goureux des claviers et syn­thé­tiseur en boucle.

13. Song About Law School As the Nat­ur­al Fol­low-Up to Jail
« La fac de droit comme pro­longe­ment naturel de la prison »
David rend vis­ite à Dewain en prison pour lui annon­cer qu’il a recueil­li suff­isam­ment d’argent pour pay­er sa cau­tion. L’arrogance de David con­duit presque Dewain au dés­espoir : il lui reproche ses manières de séduc­teur et évoque son inten­tion de devenir avo­cat, après sa libéra­tion, afin d’être en mesure de s’en sor­tir seul.
Be-bop.

14. Leila’s Song: Alone (Again or at Last)
« Seule (à nou­veau ou enfin) »
Leila s’est détournée de David. Elle se sent seule et aspire à une rela­tion sta­ble reposant sur la fidélité.
Bal­lade lyrique à la Whit­ney Hous­ton, accom­pa­g­née seule­ment par le clavier solo et la basse.

15. Song About the Sweet Major­i­ty Pop­u­la­tion of the World
« Chan­son sur la douce pop­u­la­tion majori­taire du monde »
Avant la fin de l’acte I, tous les hommes de la troupe expri­ment leur sym­pa­thie pour le beau sexe. Morceau qui vient en réponse au n°9, sorte d’intermezzo qui n’est que très vague­ment relié à l’intrigue.
Blues non­cha­lant et déten­du avec des pas­sages de scat.

16. Duet: Three Weeks and Still I’m Out­ta My Mind
« Duo : Trois semaines et j’ai encore la tête à l’envers »
Leila et David, à nou­veau amoureux, se sont retrou­vés dans l’église de David. Ils n’arrivent pas à rompre et doivent tout sim­ple­ment appren­dre à accepter leurs défauts. Ils sont sur­pris par un trem­ble­ment de terre.
Rock à la Supertramp.

17. Earth­quake-Sounds
Impro­vi­sa­tions aléa­toires à la Witold Lutoslaws­ki dans le style rock.

18. Crushed by the Rock I’ve Been Stand­ing On
« Écrasée par le rocher sur lequel je me tenais »
À la suite du trem­ble­ment de terre, l’église s’est effon­drée ; enter­rée vivante, Leila se meurt. David est au dés­espoir : com­ment cela a‑t-il pu se pro­duire dans son église ? Il com­prend, trop tard, à quel point il aimait Leila
Chan­son rock avec des riffs de gui­tare élec­trique sur fond de chœur à la Queen.

19. Duet in the Mid­dle of Ter­ri­ble Duress
« Duo au milieu de l’effroyable contrainte »
Mike retrou­ve Tiffany dans les ruines. Il est heureux qu’elle ait survécu au trem­ble­ment de terre et soit indemne. La jeune femme évoque leur étrange rela­tion, provenant du fait, pense-t-elle, que Mike est homo­sex­uel. Le jeune homme en rejette l’idée, avant de l’accepter. Rick arrive : lui aus­si s’inquiète pour Tiffany, ne pou­vant plus cacher qu’il est amoureux d’elle. Ils sont de plus en plus attirés l’un par l’autre.
Scène la plus longue et la plus dra­ma­tique de l’œuvre, dans laque­lle des frag­ments de l’acte I réap­pa­rais­sent. Formelle­ment appar­en­tée à une scène d’opéra, elle com­porte de très nom­breux change­ments de tem­po et d’atmosphère. Musi­cale­ment, c’est le numéro le plus com­plexe et le plus exigeant, qui se rat­tache au style « savant » du compositeur.

20. Dewain’s Song of Lib­er­a­tion and Surprise
« Chan­son de libéra­tion et surprise »
La prison a elle aus­si été détru­ite dans le trem­ble­ment de terre ; de manière inat­ten­due, Dewain se retrou­ve libre. Éton­né, il se rend compte qu’une fois de plus il a la chance d’avoir devant lui une nou­velle vie véri­ta­ble­ment libre.
Bal­lade lyrique et intime au piano avec solo final de saxophone.

21. ¡ Este país ! / This Country!
« Ce pays »
Dewain et Con­sue­lo se sont retrou­vés – avant de se per­dre à nou­veau : Con­sue­lo retourn­era au Sal­vador pour se bat­tre pour la démoc­ra­tie. Dewain restera aux États-Unis afin d’y pour­suiv­re la lutte pour les droits de l’homme.
Duo polymétrique raf­finé, mar­qué par l’influence latine.

22. One Last Look at the Angel in Your Eyes
« Un dernier regard sur l’ange dans tes yeux »
Émou­vante scène de sépa­ra­tion entre Con­sue­lo et Dewain.
Duo très sim­ple avec juste un accom­pa­g­ne­ment de piano.

23. Finale
« Final »
L’intrigue s’achève sur David, en deuil : retour à la sit­u­a­tion de départ.
Mer­veilleuse pas­sacaille dans laque­lle sont réu­nis des thèmes et des frag­ments enten­dus précédem­ment au cours de l’œuvre, avant le retour à la chan­son de l’ouverture.

Analyse de l’œuvre

Même si elle est sou­vent – et à juste titre – asso­ciée au courant « min­i­mal­iste répéti­tif » (qui repose sur la scan­sion et la sub­tile évo­lu­tion de courts motifs répétés, et dont les représen­tants les plus con­nus sont, en dehors de John Adams, La Monte Young, Ter­ry Riley, Steve Reich et Philip Glass), la musique de John Adams a sou­vent flirté avec des formes et des gen­res divers. Ce « song­play » – ain­si nom­mé par le com­pos­i­teur, lit­térale­ment « pièce en chan­sons » –, est une ten­ta­tive appuyée et délibérée de tra­vailler à par­tir de dif­férents styles : gospel, rap, rock… Cette démarche s’inscrit dans une lignée panaméri­caine que John Adams revendique et qui con­cilie lan­gages pop­u­laire et clas­sique au ser­vice de la scène. Avant lui, George Gersh­win avait façon­né son Por­gy and Bess (1927) de spir­i­tu­als et de blues, et Leonard Bern­stein pétri son West Side Sto­ry (1957) de rythmes latins et de jazz cool. S’inspirant lui-même de la tra­di­tion du Singspiel – terme à l’origine de song­play –, Kurt Weill aus­si s’était adon­né au mélange des gen­res, avec Mahagonny (1927) et Hap­py End (1929), mais en y imp­ri­mant une verve satirique… dont manque le texte de June Jor­dan, plus préoc­cupé par la vérac­ité soci­ologique que par des aspects poli­tiques militants.

John Adams et Peter Sel­l­ars souhaitaient se servir de Mahagonny-Songspiel comme mod­èle. À cette époque-là, June Jor­dan adhérait à cette inspi­ra­tion : « Brecht était encore un de mes men­tors, pour ain­si dire. Je savais donc com­ment faire pass­er des idées poli­tiques très pro­fondes sans pour autant noy­er la pièce ou éclipser la vie de ces jeunes gens. »

Mais, en pleine écri­t­ure, elle fit un con­stat tout dif­férent : « Je me suis ren­du compte que Brecht n’était plus un men­tor pour moi. Je ne pense pas que nous viv­ions actuelle­ment dans l’Allemagne nazie. Il y a des choses hor­ri­bles qui ont lieu dans ce pays en ce moment – la ter­ri­ble vio­lence imposée par la droite, la croisade laïque et religieuse pour se débar­rass­er de nous – mais je ne pense pas que le mal ait encore rem­porté le com­bat. J’ai donc choisi volon­taire­ment d’aller à con­tre-courant de Brecht. À la longue, il était cynique et plom­bant ; j’ai voulu être recon­nais­sante et pleine d’espoir. Dans la plu­part de ses œuvres, on a le sen­ti­ment que la majorité des gens sont nuls, et je ne peux absol­u­ment pas le croire. »

© DR

Le livret de June Jor­dan traduit une con­science poli­tique qui s’inscrit dans une société certes datée mais qui rap­pelle cru­elle­ment le peu de pro­grès accom­pli depuis. Les con­flits vécus par les per­son­nages sont des­tinés à être perçus comme autant de sym­bol­es des ten­sions sociales à Los Ange­les à l’époque du séisme de 1994. En cela, la nature éclec­tique des vocal­ités reflète bien l’intention de June Jordan.

À la manière d’un film choral, comme le Short Cuts de Robert Alt­man, les sept per­son­nages, comme autant de spéci­mens de la société améri­caine, déam­bu­lent dans une méga­lo­pole cos­mopo­lite : un délin­quant noir, une réfugiée poli­tique sal­vadori­enne, un avo­cat viet­namien issu des boat peo­ple, un pas­teur friand de jolies paroissi­ennes, un jeune polici­er gay qui ne se l’avoue pas encore, une ani­ma­trice de télé-réal­ité poli­cière qui aime flirter. Cer­tains se con­nais­sent déjà ou se croisent, d’autres non, dans ce décor urbain où les prob­lé­ma­tiques foi­son­nent : immi­gra­tion clan­des­tine, con­flits eth­niques, iden­tité sex­uelle, rap­ports entre délin­quants et police.

La dif­fi­culté de met­tre en scène un tel col­lage réside dans le manque de car­ac­téri­sa­tion des per­son­nages qui, sans dia­logues par­lés et sans réc­i­tat­ifs, et seule­ment avec des chan­sons vague­ment reliées entre elles par le thème de l’amour, peinent à faire vivre une trame décousue. Mais on peut compter sur l’énergie de la musique ain­si que sur l’audace des thèmes abor­dés, les fan­tasmes des per­son­nages et l’humour des paroles pour ravir le spec­ta­teur. Et le cat­a­clysme qui survient au début de l’acte II est capa­ble d’inspirer une scéno­gra­phie dichotomique, pas­sant en un instant (le « then » du titre) de la poésie et de l’onirisme au chaos et au drame.

© DR

La par­ti­tion offre, de manière iné­gale diront cer­tains, de nom­breux moments assuré­ment impres­sion­nants ou fine­ment mélodiques. En bal­ayant toute une palette de styles pro­fondé­ment ancrés dans la cul­ture améri­caine (rock, jazz, blues, swing, bal­lade, doo-wop…) et en recher­chant la facil­ité musi­cale du style pop qui plaît tant au grand pub­lic, John Adams ne peut cepen­dant s’empêcher d’y imprimer sa sci­ence con­som­mée de la musique savante. Chaque mélodie, même lorsqu’elle a des allures d’hymne ou de refrain facile, emprunte à la gram­maire « clas­sique » des har­monies et des rythmes com­plex­es, et évolue par­mi les cel­lules répétées typ­iques du courant min­i­mal­iste. Cette ambiva­lence ne s’avère pour­tant en rien un obsta­cle pour le pub­lic, immé­di­ate­ment séduit, hyp­no­tisé, par le morceau-titre qui ouvre l’œuvre, en dépit de sa poly­phonie à sept voix et de sa polyry­th­mie si car­ac­téris­tique du style de John Adams. Est égale­ment appré­cié le trio des femmes, « Song About the Bad Boys and the News », qui com­mence a cap­pel­la et de manière très lyrique avant de se tein­ter de rock’n’roll sur des paroles très graphiques. Le duo « Three Weeks and Still I’m Out­ta My Mind » entre David et Leila, aux allures de Mar­vin Gaye et Tam­mi Ter­rell dans « Ain’t Noth­ing Like the Real Thing », sait égale­ment séduire un large audi­toire. Tout comme la très mélodique « Dewain’s Song of Lib­er­a­tion and Sur­prise » à l’ir­ré­sistible révéla­tion. Enfin, au tra­vers d’une har­monieuse super­po­si­tion des thèmes déjà évo­qués au cours de l’œuvre – une pas­sacaille, lit­térale­ment une marche dans la rue –, le retour à l’hymne d’ou­ver­ture, qui a gag­né en fougue et s’est nour­ri de l’expérience épanouis­sante ou douloureuse de cha­cun, ne manque pas d’insuffler un élan nou­veau, une impul­sion résolue au pub­lic décidé­ment pris par une phrase-titre scan­dée de façon entê­tante – ce témoignage, « Je regar­dais le pla­fond et soudain j’ai vu le ciel », qui évoque aus­si bien l’anéantissement du foy­er que la libéra­tion d’une prison.

Comme pour d’autres ten­ta­tives d’alliage entre lan­gage clas­sique et style pop, les adeptes des deux univers pour­ront se trou­ver égale­ment insat­is­faits : les lyri­cophiles trou­veront les couleurs vocales trop brutes et la sophis­ti­ca­tion de l’ensem­ble s’éloigne trop des stan­dards de Broad­way – encore qu’elle pour­rait s’ap­par­enter à celle d’un com­pos­i­teur comme Stephen Sond­heim. Mais l’œu­vre vaut qu’on s’y attarde pour la richesse de sa musique et la poésie auda­cieuse de ses paroles. Comme pour tous les objets d’art com­plex­es, celui-ci gagne à être réex­am­iné dans toutes ses pro­fondeurs. Toute­fois, on peut aus­si choisir de le con­sid­ér­er comme un bon album pop et de l’é­couter comme on passe une play list !

I Was Looking at the Ceiling Châtelet visuel
Visuel de la pro­duc­tion du Châtelet © DR

Le compositeur – John Adams (1947)

John Adams portrait
John Adams © DR

Anec­dote (vraie ou fausse ?) : enfant, il fit sa pre­mière appari­tion sur scène lors d’une pro­duc­tion de South Pacif­ic tan­dis que sa mère jouait le rôle de Bloody Mary.

Parmi ses œuvres les plus marquantes

  • Shak­er Loops (1978), pour ensem­ble à cordes
  • Har­moniel­here (1985), pour orchestre
  • Short Ride in a Fast Machine (1986), pour fanfare
  • On the Trans­mi­gra­tion of Souls (2002), pièce pour orchestre, chœur, chœur d’enfants et bande enreg­istrée, en hom­mage aux vic­times des atten­tats du 11 sep­tem­bre 2001

Ses opéras

  • Nixon in Chi­na (1987)
  • The Death of Kling­hof­fer (1991)
  • I Was Look­ing at the Ceil­ing and Then I Saw the Sky (song play) (1995)
  • El Niño (opéra-ora­to­rio) (2000)
  • Doc­tor Atom­ic (2005)
  • A Flow­er­ing Tree (2006) (notre avis sur la pro­duc­tion du Châtelet)
  • The Gospel Accord­ing to the Oth­er Mary (opéra-ora­to­rio) (2013)
  • Girls of the Gold­en West (2017)

Principales récompenses

  • Prix Pulitzer de musique, pour On the Trans­mi­gra­tion of Souls (2003)
  • Gram­my Awards : meilleure com­po­si­tion con­tem­po­raine, pour Nixon in Chi­na (1989) ; meilleure com­po­si­tion con­tem­po­raine, pour El Dora­do (1998) ; meilleur album clas­sique, meilleure représen­ta­tion pour orchestre, meilleure com­po­si­tion clas­sique con­tem­po­raine, pour On the Trans­mi­gra­tion of Souls (2004)

Deux livres pour en savoir plus

  • Hal­lelu­jah Junc­tion, de John Adams (édi­tions Far­rar Strauss & Giroux)
  • John Adams, de Renaud Machart (édi­tions Actes Sud)

La librettiste – June Jordan (1936–2002)

June Jordan portrait
June Jor­dan © DR

Poétesse, essay­iste et activiste d’origine jamaï­caine. De 1989 jusqu’à sa mort, elle fut pro­fesseure de cul­ture afro-améri­caine à l’université de Cal­i­fornie à Berkeley.

Elle était con­nue comme la « poétesse du peu­ple » et mili­ta notam­ment pour la défense de l’ « anglais noir » par­lé par les Afro-Améri­cains. Ses écrits explorent égale­ment les ques­tions de genre, de race, de sex­u­al­ité, d’identité de l’individu…

Elle con­tribua au Songfest de Leonard Bern­stein, un cycle de mélodies sur des poèmes améri­cains pour six chanteurs et orchestre, com­posé en 1976 et 1977. Son poème « Okay, ‘Negroes’ » est entrelacé à celui du poète afro-améri­cain Langston Hugh­es, « I, Too, Sing Amer­i­ca ». À celui-ci, opti­miste, qui évoque l’homme noir humil­ié par l’homme blanc mais capa­ble de repren­dre des forces pour revendi­quer son appar­te­nance à l’Amérique, June Jor­dan répond de manière cynique et grinçante, en lui opposant le terme « Negro ». De ce com­bat, une éton­nante com­bi­nai­son de réc­i­tatif d’opéra et de scat, les deux points de vue sor­tent vain­queurs, selon le compositeur.

Dans Celing/Sky, elle joue habile­ment sur dif­férents reg­istres lex­i­caux – argot des ghet­tos, vocab­u­laire offi­ciel de la police, louanges religieuses – et dif­férentes formes – dia­logues du quo­ti­di­en, prose libre, versification.

And the walls shook
and they fell
And I heard the shattering
And I heard I felt the roar
of the dev­il climb­ing out of hell
And the air itself was battering
The win­dows! And the door
flew open and my books
crashed to the floor
And it was like a mir­a­cle of fish
and flow­ers cov­er­ing up the chaos of my cell
But I could not trust my feet
because the ground was weird and incomplete
So I stood still
I said, “I am the way I will
be free.
It doesn’t mat­ter where
I put my head to bed:
I’m here!
I am the way I will
be free!

(extrait de « Dewain’s Song of Lib­er­a­tion and Surprise »)

Productions en France

Création européenne à la MC93 de Bobigny

Du 27 sep­tem­bre au 15 octo­bre 1995. Mise en scène de Peter Sel­l­ars. Copro­duc­tion aux côtés du Fes­ti­val d’Helsinki, du Lin­coln Cen­ter de New York et du Théâtre Thalia de Hambourg.

I Was Looking at the Ceiling Châtelet
Pro­duc­tion du Châtelet © M.-N. Robert

Théâtre du Châtelet

Les 11, 14, 17 et 19 juin 2013. Direc­tion musi­cale de Alexan­dre Briger. Mise en scène de Gior­gio Bar­be­rio Corset­ti. Avec Carl­ton Ford (Dewain), Hlengi­we Mkhwanazi (Con­sue­lo), Joel O’Cangha (David), Jan­i­nah Bur­nett (Leila), John Bran­cy (Mike), Jonathan Tan (Rick), Wal­lis Giun­ta (Tiffany), Franck Scal­isi (clar­inette, clar­inette basse), Clé­ment Him­bert (sax­o­phone alto, sax­o­phone ténor), Paul Lay (clavier 1 : dou­ble piano), Claude Col­let (clavier 2 : syn­thé­tiseur), Mar­tin Surot (clavier 3 : syn­thé­tiseur), Chris­telle Séry (gui­tare clas­sique, gui­tare élec­trique), Valérie Picard (con­tre­basse, basse élec­trique), Philippe Maniez (bat­terie, bat­terie MIDI). Scéno­gra­phie : Gior­gio Bar­be­rio Corset­ti, Mas­si­mo Tron­canet­ti. Cos­tumes : Francesco Espos­i­to. Lumières : Mar­co Giusti. Con­cep­tion et réal­i­sa­tion sonore : Mark Grey. Vidéo : Igor Ren­zetti. Ani­ma­tion des images : Loren­zo Bruno. Pro­duc­tion reprise à l’Opéra de Rome en sep­tem­bre 2015. Notre avis sur cette pro­duc­tion. L’avis de Dia­pa­son. L’avis de Forum Opéra. L’avis d’Opera News (en anglais). L’avis du Monde. L’avis de resmu­si­ca. L’avis du Jour­nal du dimanche. Une inter­view du com­pos­i­teur sur le site du Figaro. Une brève inter­view sonore du met­teur en scène Gior­gio Bar­be­rio Corset­ti sur le site de Radio France inter­na­tionale.

I Was Looking at the Ceiling Croix-Rousse
Pro­duc­tion de l’Opéra de Lyon © B. Soulage

Théâtre de la Croix-Rousse

Du 13 au 23 févri­er 2020. Direc­tion musi­cale de Vin­cent Renaud. Mise en scène d’Eugen Jebe­leanu. Ensem­ble instru­men­tal, solistes du Stu­dio de l’Opéra de Lyon. Avec Alban Zachary Legos (Dewain), Clé­mence Poussin (Con­sue­lo), Chris­t­ian Joel (David), Axelle Fanyo (Leila), Aaron O’Hare (Mike), Biao Li (Rick), Louise Kuyven­hoven (Tiffany), Elsa Louba­ton (clar­inette), José Car­los Gar­cia Bejara­no (sax­o­phone), Corentin Quemen­er (per­cus­sions, bat­terie), Syl­vaine Car­li­er, Hiroko Ishigame et Gra­ham Lil­ly (claviers), Nico­las Frache (gui­tare élec­trique), Michel Molines (con­tre­basse, basse élec­trique). Décors et cos­tumes : Vel­i­ca Pan­duru. Lumières : Marine Le Vey. Dra­maturge : Yann Ver­burgh. Site de l’Opéra de Lyon. Site du théâtre de la Croix-Rousse. Notre avis sur cette pro­duc­tion. L’avis d’Olyrix.

I Was Looking at the Ceiling Athénée Khroma
Pro­duc­tion de la com­pag­nie Khro­ma © Hubert Amiel

Théâtre de l’Athénée-Louis Jouvet

Les 27 et 31 mars, les 1er et 2 avril 2020. Un pro­jet de la com­pag­nie Khro­ma en col­lab­o­ra­tion avec le Con­ser­va­toire roy­al de Brux­elles. Copro­duc­tion du Théâtre Nation­al ne Brux­elles, de l’Opéra roy­al de Wal­lonie et d’AS­BL Tal­ent chemin des arts. Direc­tion musi­cale de Philippe Gérard. Mise en scène, scéno­gra­phie, lumières et cos­tumes de Mar­i­anne Pousseur et Enri­co Bag­no­li. Com­pag­nie Khro­ma. Avec Maria Belen Fos / Car­ole Moneuse (Con­sue­lo), Natal­ie Oswald (Leila), Sonia Sheri­dan Jaque­lin (Tiffany), Marie Juli­ette Ghaz­ar­i­an (Rick­ie), Lionel Couchard (Dewain), Paweł Jan­o­ta (Mike), Marc Fournier (David), Anna Fer­ran­dis (clar­inette), Brayan Shimizu (sax­o­phone), Camille Moli­nos (gui­tare), Sébastien Clerc (gui­tare basse), Cate­ri­na Rober­ti (piano 1), Arthur Poss­ing (piano 2), Xavier Roesch (piano 3), Ger­main Dauwe (per­cus­sions). Chef de chant : Thier­ry Fiévet. Pro­duc­tion don­née au Théâtre nation­al Wal­lonie-Brux­elles en novem­bre 2018.
En rai­son de la déci­sion du gou­verne­ment d’in­ter­dire les rassem­ble­ments de plus de 100 per­son­nes (risques liés à la pandémie de la Covid-19), ces représen­ta­tions n’ont pas pu avoir lieu. Ces représen­ta­tions sont finale­ment pro­gram­mées les 4, 5, 8, 9 et 10 févri­er 2022 (voir le site de l’Athénée). Voir notre avis sur cette pro­duc­tion.

DR

Hors de France

I Was Looking at the Ceiling Royal Stratford East Theatre
Pro­duc­tion du Roy­al Strat­ford East The­atre © Robert Day

Theatre Royal Stratford East

Du 2 au 17 juil­let 2010. En copro­duc­tion avec le Bar­bi­can. Mise en scène de Ker­ry Michael et Matthew Xia. Avec Jason Den­ton (David), Cyn­thia Eri­vo (Leila), Anna Mateo (Con­sue­lo), Leon Lopez (Dewain), Stew­art Charlesworth (Mike), Natasha J Barnes (Tiffany), Col­in Ryan (Rick). Scéno­gra­phie : Adam Wilt­shire. Son : John Leonard. L’an­nonce des représen­ta­tions sur le site de Lon­don The­atre. Un avis ent­hou­si­aste sur le site de The Arts’ Desk (en anglais). Un autre avis ent­hou­si­aste et anglais sur le site du Guardian. L’avis moins ent­hou­si­aste d’Ian sur le blog There Ought to Be Clowns (en anglais). Une inter­view du com­pos­i­teur, à l’oc­ca­sion des représen­ta­tions, sur le site du Guardian.

Détail du décor © Marie-Noëlle Robert

Opéra de Rome – Teatro Costanzi

Les 11, 12, 13, 15, 16 et 17 sep­tem­bre 2015. Direc­tion musi­cale de Alexan­dre Briger. Mise en scène de Gior­gio Bar­be­rio Corset­ti. Avec Daniel Keel­ing (Dewain), Jea­nine De Bique (Con­sue­lo), Joël O’Cangha (David), Jan­i­nah Bur­nett (Leila), Grant Doyle (Mike), Patrick Jere­my (Rick), Wal­lis Giun­ta (Tiffany). L’an­nonce sur le site de Teatri­on­line. La pre­mière a été retrans­mise en direct sur la chaîne de radio Rai Tre.

David East Unsplash
© David East on Unsplash

Théâtre national Wallonie-Bruxelles

Les 9, 10, 12 (séance sco­laire) et 13 novem­bre 2018. Un pro­jet de la com­pag­nie Khro­ma en col­lab­o­ra­tion le Con­ser­va­toire roy­al de Brux­elles. Copro­duc­tion avec l’Opéra roy­al de Wal­lonie-Liège. Direc­tion musi­cale de Philippe Gérard. Mise en scène, scéno­gra­phie, lumières et cos­tumes de Mar­i­anne Pousseur et Enri­co Bag­no­li. Avec Maria Belen Fos / Car­ole Moneuse (Con­sue­lo), Natal­ie Oswald / Kate Petrou (Leila), Sonia Sheri­dan Jacquelin (Tiffany), Marie Juli­ette Ghaz­ar­i­an (Rick­ie), Lionel Couchard (Dewain), Paweł Janota
(Mike), Marc Fournier (David), Anna Fer­ran­dis (clar­inette), Brayan Shimizu (sax­o­phone), Camille Moli­nos (gui­tare), Sébastien Clerc (gui­tare basse), Cate­ri­na Rober­ti (piano 1), Arthur Poss­ing (piano 2), Xavier Roesch (piano 3), Ger­main Dauwe (percussions).Chef de chant : Thier­ry Fiévet. Sonori­sa­tion :Diederik De Cock. Assis­tant à la sonori­sa­tion : Elie Han­quart. Mou­ve­ment : Nienke Reehorst. Chefs assis­tants : Denis de Lib­er­ali et Math­ieu Bon­nin. Site du Théâtre nation­al Wal­lonie-Brux­elles.

I Was Looking at the Ceiling Khroma
Pro­duc­tion de la com­pag­nie Khro­ma © Hubert Amiel

Opéra royal de Wallonie- Liège

Les 30 jan­vi­er et 1er févri­er 2019 (séances sco­laires), et le 3 févri­er (tout pub­lic). Même pro­duc­tion qu’à Brux­elles. Présen­té comme un spec­ta­cle « jeune pub­lic (à par­tir de 12 ans) » avec même un dossier péd­a­gogique. Site de l’Opéra roy­al de Wal­lonie-Liège.

Palais des Beaux-Arts de Charleroi

Le 27 mai 2020. Même pro­duc­tion qu’à Brux­elles et Liège. Site du palais des beaux-arts de Charleroi. [Étant don­né la sit­u­a­tion san­i­taire actuelle : annu­la­tion des spec­ta­cles et fer­me­ture tem­po­raire du PBA.]

Discographie

I Was Looking at the Ceiling CD coverEnregistrement de la création de l’œuvre sous la direction de John Adams. Publié par Nonesuch Records.

Acte I ~ 44 min
1. Ensem­ble : I Was Look­ing at the Ceil­ing and Then I Saw the Sky
2. A Ser­mon on Romance
3. Con­suelo’s Dream
4. Mike’s Song About Arrest­ing a Par­tic­u­lar Individual
5. Tiffany’s Solo
6. Song About the On-Site Altercation
7. Song About the Bad Boys and the News
8. Your Hon­or My Client Is a Young Black Man
9. Leila’s Song: Alone (Again or at Last)
Acte II ~ 26 min
10. Three Weeks and Still Out­ta My Mind
11. Crushed by the Rock I’ve Been Stand­ing On
12. Dewain’s Song of Lib­er­a­tion and Surprise
13. ¡ Este país ! / This Country!
14. One Last Look at the Angel in Your Eyes
15. Finale

Direc­tion : John Adams.
Avec Michael McEl­roy (Dewain), Audra McDon­ald (Con­sue­lo), Marin Mazz­ie (Tiffany), Welly Yang (Rick), Angela Teek (Leila), Dar­ius De Haas (David), Richard Muenz (Mike).
Ensem­ble : Sep­po Kan­to­nen (clavier I, piano), Mar­ja Mutru (clavier II), Makku Tabell (clavier III), Janne Mur­to (sax­o­phone), Kari Tenka­nen (clar­inette, clar­inette basse), Han­nu Ranta­nen (basse élec­trique, con­tre­basse), Jari Niem­i­nen (gui­tare), Pekka Kar­vo­nen (per­cus­sion). Direc­tion vocale : Grant Ger­shon (chef d’orchestre de la créa­tion en 1995).

Sur cet enreg­istrement réal­isé en stu­dio en décem­bre 1996 et mai 1997, ne fig­urent de la dis­tri­b­u­tion présente à la créa­tion que deux artistes : Dar­ius De Haas et Welly Yang. Pour les autres rôles, on a fait appel à des chanteurs plus aguer­ris, notam­ment Audra McDon­ald (qui avait rem­porté en 1994 un Tony, entre autres récom­pens­es, pour son inter­pré­ta­tion de Car­rie Pip­peridge dans Carousel) et Marin Mazz­ie (nom­mée la même année pour la créa­tion du rôle de Clara dans Pas­sion).
Seule­ment 15 des 23 numéros orig­in­aux fig­urent sur cet enreg­istrement, prob­a­ble­ment dans le but de lim­iter le temps d’écoute à un seul CD et ain­si coller au for­mat de l’album de chan­sons pop plutôt qu’à celui de l’intégrale d’opéra.

I Was Looking at the Ceiling CD cover NaxosEnregistrement dirigé par Klaus Simon. Publié par Naxos.

Avec Jean­nette Friedrich (Leila), Lilith Gardell (Tiffany), Dar­ius De Haas (David), Jonas Holst (Mike), Mar­ti­na Muhl­point­ner (Con­sue­lo), Markus Alexan­der Neiss­er (Rick) et Kimako Xavier Trot­man (Dewain). Young Opera Com­pa­ny Freiburg. The Band of the Holst-Sin­foni­et­ta. Direc­tion : Klaus Simon.

Cet enreg­istrement de 2004 par un ensem­ble alle­mand béné­fi­cie d’une excel­lente dis­tri­b­u­tion à l’anglais très idioma­tique et d’un mor­dant dans l’exécution qui lui con­fère une immé­di­ateté très à fleur de peau. On est sans doute plus proche de Weill que d’Adams, mais pourquoi pas… Ten­ant sur deux CD, il a l’a­van­tage d’être plus com­plet que l’en­reg­istrement dirigé par le com­pos­i­teur, puisque les vingt-trois numéros y fig­urent (vingt-qua­tre pistes au total, dont deux pour le trem­ble­ment de terre).

1. Ensem­ble : I Was Look­ing at the Ceil­ing and Then I Saw the Sky (Tut­ti)
2. A Ser­mon on Romance (David, Leila)
3. Leila’s Song of the Wise Young Women (Leila, Consuelo)
4. Solo in Sun­light (Dewain)
5. ¿ Dónde estás ? (Con­sue­lo)
6. Mike’s Song About Arrest­ing a Par­tic­u­lar Indi­vid­ual (Mike)
7. Tiffany’s Solo (Tiffany)
8. Song About the On-Site Alter­ca­tion (Dewain, Tiffany, Mike, Leila)
9. Song About the Bad Boys and the News (Con­sue­lo, Tiffany, Leila)
10. Your Hon­or My Client Is a Young Black Man (Rick, Tiffany, Leila)
11. Con­suelo’s Dream (Con­sue­lo)
12. Rick­’s Cross-Exam­i­na­tion of Tiffany and Mike (Rick, Mike, Tiffany)
13. Song about Law School as the Nat­ur­al Fol­low-up to Jail (Dewain, David)
14. Leila’s Song: Alone (Again or at Last) (Leila)
15. Song about the Sweet Major­i­ty Pop­u­la­tion of the World (David, Rick, Dewain, Mike)
16. Three Weeks and Still Out­ta My Mind (David, Leila)
17. Earth­quake Sounds
18. Earth­quake Music
19. Crushed by the Rock I’ve Been Stand­ing On (David, Tiffany, Rick, Consuelo)
20. Duet in the Mid­dle of Ter­ri­ble Duress (Mike, Tiffany, Rick)
21. Dewain’s Song of Lib­er­a­tion and Sur­prise (Dewain)
22. ¡ Este país ! / This Coun­try! (Con­sue­lo, Dewain)
23. One Last Look at the Angel in Your Eyes (Con­sue­lo, Dewain)
24. Finale (Tut­ti)

I Was Looking at the Ceiling CD Actes SudExtraits (avec d’autres pièces de John Adams). Publié par Actes Sud.

Ensem­ble Diag­o­nales. Avec Odlie Fargère (Con­sue­lo), Emmanuel Djob (David), Vir­gine Pesch (Leila), Emi­lie Simon (Tiffany). Ensem­ble Diag­o­nales. Direc­tion : René Bosc. Enreg­istré le 31 juil­let 1997 au Fes­ti­val de Radio France de Montpellier.

Qua­tre chan­sons : « Song About the Bad Boys and the News », « A Ser­mon on Romance », « Leila’s Song », « Earthquake ».

Sur Youtube

Bande-annonce de la production du Châtelet :

Bande-annonce de la production du Theatre Royal Stratford East et séance de répétition de Leon Lopez pour « Dwain’s Song of Liberation and Surprise » :

Une transcription pour chœur de « Song About the Bad Boys and the News » :

« Consuelo’s Dream » par Audra McDonald. Album paru chez Nonesuch dirigé par le compositeur.

Bande-annonce de la production mise en scène par Marianne Pousseur et Enrico Bagnoli (Bruxelles, Liège, Paris-Athénée, Charleroi).
Wallis Giunta, en mode confiné, reprend, à elle seule, le trio « Song About the Bad Boys and the News »
« Mike’s Song About Arresting a Particular Individual » par Aaron O’Hare dans la production de l’Opéra de Lyon

1 COMMENTAIRE

  1. Bra­vo pour ce dossier pas­sion­nant, très com­plet, bien référencé et riche­ment illus­tré (et bien écrit, ce qui ne gâche rien). Un arti­cle qui m’a don­né envie d’aller voir l’œu­vre, moi qui hési­tais. Hélas, con­fine­ment oblige…
    PS: un bra­vo égale­ment pour cette nou­velle maque­tte et le raje­u­nisse­ment du logo.

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