Songplay en deux actes (le site du compositeur indique aussi « An Earthquake/Romance »).
Musique de John Adams. Livret de June Jordan.
Création le 13 mai 1995 à l’université de Californie à Berkeley (Zellerbach Playhouse). Direction musicale : Grant Gershon. Ensemble Paul Drescher. Mise en scène de Peter Sellars. Ingénieur du son : Mark Grey. Décors : Gronk et différents graffitistes de Los Angeles. Coproduction avec Cal Performances, le Lincoln Center de New York, le Théâtre Thalia de Hamburg, la MC93 de Bobigny et le Festival d’Helsinki.
Chanteurs : trois mezzos, un ténor aigu, trois barytons. Rôles écrits pour des chanteurs-comédiens du théâtre musical familiers des genres pop, soul, jazz et rock.
Instrumentistes : deux bois (clarinette, clarinette basse, saxophone alto), trois claviers (piano, synthétiseur), guitares acoustique et électrique, basse électrique (doubles sur la basse acoustique), kit de percussion (doubles sur les percussions MIDI).
Argument
En 1994, à Los Angeles, dans un climat urbain chargé de violence et d’idéalisme, sept jeunes Américains issus d’origines ethniques et de milieux sociaux divers se croisent le jour du tristement célèbre tremblement de terre de Northridge, qui va les obliger à se confronter à d’inévitables vérités et changer radicalement leur existence.
Genèse de l’œuvre
Le séisme d’une magnitude de 6,7 survenu dans la région de Los Angeles le petit matin du 17 janvier 1994 (qui coïncidait cette année-là avec le jour férié national en hommage à Martin Luther King Jr) fournit à June Jordan le matériau d’une trame qui repose sur la bascule entre un avant et un après-cataclysme. Inspirée par le témoignage paru dans le Los Angeles Times d’une survivante dont les mots allaient devenir le titre « Je regardais le plafond et soudain j’ai vu le ciel », elle se rapprocha de John Adams pour lui proposer de travailler sur un projet autour du tremblement de terre, dont l’épicentre n’était non pas situé dans la banlieue aisée de Northridge mais dans celle de Reseda, une zone peuplée d’ouvriers immigrés.
Le compositeur, qui avait déjà signé deux chefs‑d’œuvre d’opéra contemporain, Nixon in China et The Death of Klinghoffer, et qui souhaitait travailler sur des formes plus populaires, saisit l’occasion que lui présentait la dramaturge, et contacta Peter Sellars, avec qui il avait déjà collaboré sur ses deux précédents ouvrages lyriques.
Peter Sellars : « Après deux œuvres traitant de politique étrangère, John et moi voulions aborder un sujet de politique intérieure. Nous souhaitions faire une histoire d’amour – c’est de là que tout est parti. Il s’agit de gens qui sont amoureux. […] Ce spectacle traite de la vie des gens : qui on ramène chez soi pour la nuit, et pourquoi ? Nous voulions faire un spectacle sur des jeunes gens qui avancent dans la vie. Oui, la vie est dure, mais c’est entendu : elle l’est toujours. Avançons. Je suis agacé par tout ce qui tourne autour de la génération X, et qui est totalement faux. C’est une image véhiculée par MTV. Ça n’est que de la culture de publicité. J’enseigne à UCLA et June ici [à Berkeley], et nos étudiants ne sont pas du tout dans cette mouvance de la génération X. »
« Les jeunes, insiste Peter Sellars, 37 ans, ont hérité d’un monde qui a été mal géré, de façon grotesque et égoïste, par la génération précédente, mais ils ne restent pas les bras croisés à déprimer. Ils sont actifs et positifs. Leur réalité, c’est qu’ils ont des réflexes en bien meilleur état que les gens du Congrès. »
June Jordan donna son accord au projet dès qu’elle apprit que le thème retenu par Adams et Sellars était l’amour. « J’avais un livre de poèmes d’amour qui devait être publié, et j’ai toujours voulu agir pour que l’amour soit reconnu comme une chose sérieuse et importante dans notre société, alors même qu’elle le ridiculise, le dénigre et le considère comme une maladie. »
June Jordan s’enthousiasme : « John [Adams] dit qu’il avait besoin du livret dans son intégralité avant de pouvoir commencer. Je me suis donc mise au travail l’été dernier et l’ai écrit en six semaines. C’est tout ce que j’ai fait pendant ce temps… pas de lessive, rien. Je m’y suis consacrée à cent pour cent. » Et le trio Adams-Jordan-Sellars se réunit toutes les semaines à Berkeley pour mettre au point les personnages et la structure finale.
Le livret était fini bien avant que les amendements sécuritaires 187 sur l’immigration illégale et 184 sur la récidive ne soient adoptés par l’État de Californie. « Tout au plus, commente Peter Sellars, la réalité de la rue s’est intensifiée depuis l’écriture du livret. Elle est devenue plus frappante, les mots ont encore plus de sens. »
June Jordan explique que les personnages sont venus en premier. « Les questions politiques ont émergé à partir des identités des personnages, pas l’inverse. Nous nous sommes demandé qui sont ces gens et pourquoi ils se connaissent l’un l’autre. Pourquoi s’aimeraient-ils ? Pourquoi cela réussirait-il ou non ? Ce sont ces interrogations qui nous ont conduits vers les questions sociales. »
« Peter et moi-même sommes convenus que les artistes sur scène auraient moins de vingt-cinq ans. Cela signifiait que je pourrais m’inspirer de mon expérience des étudiants. Je suis très proche de beaucoup d’entre eux. Ils ont beaucoup d’énergie et sont très positifs. Je n’en connais aucun qui soit tire-au-flanc. J’ai presque imaginé que cette œuvre pouvait être un cadeau de Saint-Valentin à mes étudiants. Leur génération a tendance à être considérée comme une statistique ou à être tournée en dérision. J’ai essayé de présenter des personnages complètement dessinés et crédibles, et par conséquent pas parfaits, et alors ? »
Pour ce qui est de la musique, le concept de John Adams n’avait « rien à voir avec l’opéra ou les comédies musicales de Broadway », mais essentiellement inspiré des albums de rock, tels que Abbey Road (The Beatles), John Wesley Harding (Bob Dylan) ou Tommy (The Who). « Au fur et à mesure d’un album, il y a comme une histoire qui est racontée, soit par allusion soit directement. Il s’agit d’une succession de chansons dans la tradition de la musique populaire, sans dialogue qui vienne s’imbriquer. Tout est raconté au travers de la métaphore de la poésie liée à la musique. » Citant Porgy and Bess et West Side Story comme influences, il explique : « C’étaient des œuvres originales de compositeurs doués qui ont su utiliser la musique vernaculaire de leur temps d’une manière très créative. » Il qualifie même West Side Story de « sommet de l’art » et ne s’est jamais caché de vouloir, avec Ceiling/Sky, qu’il présente comme une « histoire d’amour shakespearienne », créer un pendant californien au Roméo et Juliette new-yorkais de Leonard Bernstein.
« Je me suis servi de tout l’éventail de la musique américaine que j’ai à ma disposition, du be-bop au gospel, le rock, le rock atonal. Je voulais trouver des musiques qui résument la sensibilité de chaque personnage. Tiffany est une femme blanche au désir sulfureux de coucher avec un policier ; elle chante une espèce de numéro de grand orchestre be-bop dans un style de torch song [une chanson sentimentale dans laquelle on se lamente d’un amour non partagé, N.D.L.R.]. Dewain, c’est ce gars merveilleux, doux, décontracté qui aime traîner dans la rue ; j’ai donc, pour sa première intervention, choisi une espèce de blues urbain avec du groove ; dans sa cellule de prison, alors qu’il se rend compte que sa libération est une affaire intime (après le séisme qui secoue la scène), j’ai écrit une chanson pour lui qui est presque une révélation dans le style gospel. »
John Adams dit lui-même que ce projet l’a libéré. « Ça a été un voyage fantastique fait de découvertes. J’ai passé un très bon moment. En partie parce que l’œuvre de June m’a libéré. C’est une écrivaine qui a un extraordinaire sens du rythme de l’anglais parlé par les citadins noirs. Ça a déverrouillé en moi toute une source d’idées musicales. »
« C’est merveilleux de pouvoir [présenter cette nouvelle œuvre] dans la ville où j’habite, là où précisément tous ces problèmes sont réels – que ce soit l’hostilité à l’égard de ceux que nous appelons si joliment des ‘étrangers’, ou la haine latente envers les Noirs au moment même où le ‘Contract with America’* essaye de miner le peu de progrès réalisé depuis le ‘Great Society’**. »
*Série de mesures législatives à l’initiative du parti républicain sur la sécurité nationale, la lutte contre la criminalité…
*Programme de lois lancé en 1964–1965 portant sur les droits civils, la lutte contre la pauvreté, l’accès aux soins…
« On a reproché à Peter et à moi-même de suivre la tendance, de surfer sur la vague. Mais nous nous servons d’événements actuels pour sonder les plus profonds niveaux de l’expérience humaine – ce que seules la musique et la poésie réunies peuvent accomplir. »
Faisant allusion à ses deux opéras précédents, il ajoute d’un ton amusé : « Vous savez, ça a été une mauvaise année [1994] pour l’opéra américain : Nixon est décédé et l’Achille Lauro* a coulé. Je ferais mieux de faire attention avec [ce nouvel opus] : j’habite exactement sur la faille de Hayward ! »
*L’opéra The Death of Klinghoffer raconte la prise d’otages à bord du paquebot Achille Lauro par le Front de libération de la Palestine en 1985.
La création
La première a lieu le 13 mai 1995 à l’université de Californie à Berkeley, après une semaine de previews. Grant Gershon est à la tête de l’ensemble Paul Drescher. La mise en scène est signée Peter Sellars, comme pour les deux précédents opéras de John Adams. Et la jeune distribution réunit des étoiles montantes, comme Kennya Ramsey et Jesse Means II.
Chacune des vingt et quelques chansons donne l’occasion de déployer une bannière d’environ deux mètres sur trois illustrée de graffitis signés d’éminents artistes californiens. Tous ces artistes ont collaboré aux décors : deux immenses fresques représentant des yeux exorbités, qui installent une climat urbain tendu. Celle de l’acte II offre une vision comico-apocalyptique de Los Angeles après le tremblement de terre : des démons rampent depuis une faille sismique et crachent de la lave, un bus est renversé et un Jésus à six bras s’élève sereinement dans un ciel ardent.
Cette première représentation est fraîchement accueillie par un public pourtant averti. Il aura sans doute été désarçonné par cette succession de chansons portant sur des sujets sociétaux qu’on n’oserait pas évoquer à Broadway – la contraception, la place des minorités dans le milieu urbain, l’immigration illégale, la violence policière couplée à une ingérence et un voyeurisme médiatiques… Et les critiques s’en prennent aussi bien à la musique jugée trop sophistiquée ou trop gentiment rétro pour rendre compte de l’urgence urbaine de la catastrophe, et au livret trop torturé et trop décousu, qu’à la production trop univoque et laborieuse.
Même les factions communautaires y trouvent à redire. Les lesbiennes jugent inapproprié de la part de la librettiste – qui s’affiche comme bisexuelle – de confier à un trio de femmes un hymne au pénis, qui plus est avec des paroles très imagées. Les Asiatiques râlent de voir le jeune avocat vietnamien tomber amoureux de la présentatrice de télé raciste. John Adams répond à ces critiques « qu’il n’y a pas plus intolérant qu’une communauté libérale. Berkeley est [un endroit] tellement permissif, et pourtant il est rempli de pancartes d’interdiction ».
Le compositeur prend néanmoins sa part de responsabilité dans l’échec de la création, tout en évoquant des frictions avec la librettiste June Jordan : lui, mettant le livret au service de la musique, ne voulait pas que l’œuvre se transforme en diatribe contre les injustices ethniques et sociales ; elle, l’agaça en publiant le livret avant la première et en se répandant en remerciements à l’égard du metteur en scène Peter Sellars – mais rien pour John Adams. « Bien plus tard, je l’ai croisée et nous étions convenus de nous réconcilier. Mais elle était déjà atteinte d’un cancer du sein et, malheureusement, elle mourut. »
Avec Peter Sellars, pourtant le géniteur des projets de John Adams pour la scène et son « meilleur ami », ce furent d’autres couleuvres à avaler. « C’était un problème avec lui, car il se livrait à des harangues politiques après chaque représentation. Quand nous sommes allés présenter le spectacle à Hambourg et qu’on nous a conviés à une conférence de presse préliminaire, Peter a discouru devant les Allemands pendant plus d’une heure sur la politique en Californie, et n’a pas fait une seule fois mention de l’œuvre. » Les costumes aussi furent un objet de discorde : le metteur en scène avait décidé que, pour les femmes, des vêtements et des accessoires trop évidents – bustiers, talons aiguilles, bijoux, tatouages et piercings – étaient insultants et devaient être bannis ; le compositeur fut donc perplexe lorsqu’il vit arriver sur scène des personnages « habillés comme s’ils se rendaient à un entretien d’embauche ou comme s’ils faisaient campagne pour un député ».
Après la création à Berkeley, le second acte a été modifié et la conception scénique a été revue : l’ensemble instrumental, initialement sur scène, a été placé en fosse et les microphones, initialement dans le style des stars de rock, ont été remplacés par des microphones corporels. La production originale a été jouée plus d’une cinquantaine de fois, à Berkeley, Montréal, New York, Édimbourg, Helsinki, Paris et Hambourg.
L’œuvre n’a jamais connu le succès des deux précédents opéras de John Adams, devenus depuis des classiques du répertoire contemporain. Le compositeur la qualifie lui-même d’« enfant mal-aimé » ; il ajoute qu’on lui a rapporté que Stephen Sondheim l’« apprécie vraiment » et il est certain qu’un jour, les gens l’apprécieront aussi.
Les personnages
« Les personnages représentent la diversité de la Californie et le futur schéma démographique des États-Unis. Tous ces gens différents devront vivre ensemble, bien, ou pas. Je voulais absolument que l’amour apparaisse comme le choix évident, et un rêve évident auquel chacun de nous aspire. J’ai beaucoup travaillé pour ne pas avoir de personnages ternes, de ‘mauvais garçons’ ou de ‘mauvaises filles’. Chacun se rachète avec quelque chose des autres, chacun incarne une façon valable de se comporter dans le monde. J’espère que les spectateurs seront touchés par les personnages car leurs vies sont aussi les nôtres. » June Jordan
Trois Noirs, deux Blancs, un Asiatique, une Latino-Américaine. Tous ont une vingtaine d’années.
[Source : programme de salle de la production du Châtelet (texte extrait du site officiel du compositeur et traduit par Sandra Solvit).]
Dewain (baryton)
Un jeune homme noir. Il se sent particulièrement bien aujourd’hui parce qu’il sort de prison et s’apprête à retrouver sa petite amie Consuelo, la mère de sa petite fille. Il a eu des démêlés avec la justice pour des faits mineurs, et après son récent séjour sous les verrous, il est déterminer à s’amender et revenir dans le droit chemin.
David (baryton)
Proche de la trentaine, il est le pasteur d’une église baptiste afro-américaine du quartier. Toujours souriant, parlant d’une voix douce, confiant, bel homme, il n’hésite pas à profiter des faveurs, quelles qu’elles soient, des plus belles jeunes femmes de sa congrégation. Mais il a beau faire, ses charmes ne semblent pas agir sur…
Leila (mezzo-soprano)
Une jeune étudiante noire diplômée, aujourd’hui employée dans un centre de planning familial de quartier, où elle s’escrime, parfois au bord du désespoir, à renseigner les jeunes gens de toutes origines ethniques sur les moyens contraceptifs existants. Parmi ses clients figure…
Consuelo (mezzo-soprano)
Une jeune mère sans papiers originaire du Salvador, où le père de son garçon alors âgé de quatre ans a été assassiné par les escadrons de la mort. Maintenant, elle tente péniblement de joindre les deux bouts à Los Angeles, étrangère en situation irrégulière dont la seule lueur d’espoir dans la vie est l’amour qu’elle éprouve pour Dewain, le père de son second enfant nouveau-né.
Mike (baryton)
Un jeune policier blanc de Los Angeles. Il n’a pas encore acquis le cynisme et le comportement brutal que ses collègues attendent de lui. En fait, il a quelque chose d’un militant, considérant son travail comme un moyen de favoriser la transformation du quartier alentour et prenant sur son temps personnel pour tenter d’éloigner les enfants des gangs et de la drogue. Il a même travaillé avec Dewain afin de développer un club de basket-ball pour les garçons du quartier. Mais ses conflits intérieurs, à la fois sociaux et sexuels, font de sa vie un nœud insupportable de contradictions, la moindre n’étant pas sa relation avec…
Tiffany (mezzo-soprano)
D’une élégance un peu guindée, elle est présentatrice dans une station de télévision locale. Avec son sac à main assorti à ses chaussures et son tailleur de femme d’affaires, elle est un modèle de perfection télévisée. Professionnelle accomplie, sa carrière est sur la bonne voie, même pour des projets plus importants. Mais pour elle, la meilleure partie de son travail est constitué par les heures où elle peut accompagner les rondes Mike dans sa voiture de police, le regardant patrouiller dans le quartier et procéder occasionnellement à des arrestations, qu’elle filme pour son émission hebdomadaire Le Crime comme divertissement.
Rick (ténor)
Né à Los Angeles de parents vietnamiens anciens boat people, il vient de terminer ses études de droit et travaille comme avocat commis d’office. Comme Mike, il n’a pas non plus perdu son idéalisme et croit encore que la loi a le pouvoir de changer les choses pour le mieux. Il a dépensé son dernier dollar pour un costume Brooks Brothers (qu’il ne peut se permettre) afin de bien présenter devant les tribunaux. Il est sur le point de recevoir une leçon sur la manière dont le système juridique fonctionne vraiment, et une leçon encore plus importante sur la façon dont l’amour marche… ou non.
Argument détaillé – Liste des chansons
[Source : programme de salle de la production du Châtelet]
1. Ensemble : I Was Looking at the Ceiling and Then I Saw the Sky
« Ensemble : Je regardais le plafond et soudain j’ai vu le ciel. »
Avant que l’histoire ne commence, les personnages principaux s’avancent et présentent leur situation.
Introduction instrumentale conçue comme un hommage à la musique minimaliste de la fin des années soixante-dix avec une chanson-titre tube.
2. A Sermon on Romance
« Un sermon sur l’amour »
David courtise Leila et rend un vibrant hommage à la beauté féminine. Leila reste sceptique : après tout, il court après toutes les femmes.
Gospel, soul à la Stevie Wonder.
3. Leila’s Song of the Wise Young Woman
« Chanson de Leila : La jeune femme sage »
Leila conseille vivement à Consuelo d’utiliser des préservatifs et de ne se lier qu’avec des hommes dignes de confiance. Elles ne se comprennent pas : Consuelo croit en son amour pour Dewain.
Duo animé sur des rythmes latino-américains.
4. Solo in the Sunlight
« Solo dans la lumière du jour »
Dewain vient tout juste de sortir de prison et il est enfin de retour dans son quartier.
Hard blues rock à la Joe Cocker.
5. ¿ Dónde estás ?
« Où es-tu ? »
Consuelo est inquiète : son fils de six ans a disparu sans laisser de traces. Est-ce que ce sont les services de l’immigration qui l’ont enlevé, afin de retrouver sa mère ? Des souvenirs de son pays natal, le Salvador, reviennent à sa mémoire : ici, comme là-bas, elle doit se cacher.
Chanson tendre accompagnée par une guitare acoustique.
6. Mike’s Song About Arresting a Particular Individual
« Chanson de Mike sur l’arrestation d’un individu »
Mike arrête Dewain, qui vient de voler deux bouteilles de bière. Tiffany filme toute la scène. Mike lui montre comment mener à bien une arrestation.
Hard rock.
7. Tiffany’s Solo : How Far Can I Go in a Car Driven by a Cop?
« Solo de Tiffany : Jusqu’où puis-je aller dans une voiture conduite par un flic ? »
Tiffany réfléchit à sa situation et son admiration pour Mike. Depuis longtemps, elle essaie de le séduire et d’entamer avec lui une relation plus intime, mais elle ne lui a pas fait part de ses sentiments à son égard.
Ballade de jazz, inspirée de différents styles de cool jazz (be-bop, style Monk).
8. Song About the On-Site Altercation
« Altercation sur le site de l’arrestation »
Suite de la scène de l’arrestation. Leila arrive. S’ensuite une discussion animée, qui manque de dégénérer en bagarre.
Un parlé-chanté très rythmique sur un free jazz agressif à la Herbie Hancock.
9. Song About the Bad Boys and the News
« Chanson sur les mauvais garçons et les informations »
En dehors de l’histoire, les trois femmes déclarent ouvertement leur sympathie pour les mauvais garçons.
Terzetto lyrique a cappella, puis rock’n’roll avec des variations de mesures inhabituelles.
10. Your Honor My Client Is a Young Black Man
« Monsieur le Juge, mon client est un jeune Noir »
Dewain se tient devant le tribunal. Comme il s’est déjà retrouvé deux fois sous les verrous, il risque l’emprisonnement à vie, selon la loi californienne des « trois fois » (amendement 184 appelé Three Strikes Law : « Trois faux pas, et t’es mort »). Rick, son avocat, tente avec éloquence de lui éviter cette sentence ; Dewain pense qu’il n’a aucune chance d’en réchapper en raison de sa couleur de peau.
Chanson caractérisée par le funk et la musique minimale.
11. Consuelo’s Dream
« Le rêve de Consuelo »
Pendant ce temps, Consuelo rêve de vivre dans la paix et la sécurité avec son mari et ses enfants.
Ballade très lyrique, caractérisée à certains moments par des sons de synthétiseur célestes et un doux solo de guitare électrique.
12. Rick’s Cross-Examination of Tiffany and Mike
« Rick procède au contre-interrogatoire de Tiffany et Mike »
Au tribunal, Rick interroge les témoins Mike et Tiffany, qui affirment ne pas être ensemble. Le jeune avocat ne les croit pas. Tiffany devient agressive et profère des propos racistes à l’égard du jeune homme d’origine vietnamienne, ce qui n’empêche pas Rick de tomber amoureux d’elle.
Chanson de style très minimaliste avec swing langoureux des claviers et synthétiseur en boucle.
13. Song About Law School As the Natural Follow-Up to Jail
« La fac de droit comme prolongement naturel de la prison »
David rend visite à Dewain en prison pour lui annoncer qu’il a recueilli suffisamment d’argent pour payer sa caution. L’arrogance de David conduit presque Dewain au désespoir : il lui reproche ses manières de séducteur et évoque son intention de devenir avocat, après sa libération, afin d’être en mesure de s’en sortir seul.
Be-bop.
14. Leila’s Song: Alone (Again or at Last)
« Seule (à nouveau ou enfin) »
Leila s’est détournée de David. Elle se sent seule et aspire à une relation stable reposant sur la fidélité.
Ballade lyrique à la Whitney Houston, accompagnée seulement par le clavier solo et la basse.
15. Song About the Sweet Majority Population of the World
« Chanson sur la douce population majoritaire du monde »
Avant la fin de l’acte I, tous les hommes de la troupe expriment leur sympathie pour le beau sexe. Morceau qui vient en réponse au n°9, sorte d’intermezzo qui n’est que très vaguement relié à l’intrigue.
Blues nonchalant et détendu avec des passages de scat.
16. Duet: Three Weeks and Still I’m Outta My Mind
« Duo : Trois semaines et j’ai encore la tête à l’envers »
Leila et David, à nouveau amoureux, se sont retrouvés dans l’église de David. Ils n’arrivent pas à rompre et doivent tout simplement apprendre à accepter leurs défauts. Ils sont surpris par un tremblement de terre.
Rock à la Supertramp.
17. Earthquake-Sounds
Improvisations aléatoires à la Witold Lutoslawski dans le style rock.
18. Crushed by the Rock I’ve Been Standing On
« Écrasée par le rocher sur lequel je me tenais »
À la suite du tremblement de terre, l’église s’est effondrée ; enterrée vivante, Leila se meurt. David est au désespoir : comment cela a‑t-il pu se produire dans son église ? Il comprend, trop tard, à quel point il aimait Leila
Chanson rock avec des riffs de guitare électrique sur fond de chœur à la Queen.
19. Duet in the Middle of Terrible Duress
« Duo au milieu de l’effroyable contrainte »
Mike retrouve Tiffany dans les ruines. Il est heureux qu’elle ait survécu au tremblement de terre et soit indemne. La jeune femme évoque leur étrange relation, provenant du fait, pense-t-elle, que Mike est homosexuel. Le jeune homme en rejette l’idée, avant de l’accepter. Rick arrive : lui aussi s’inquiète pour Tiffany, ne pouvant plus cacher qu’il est amoureux d’elle. Ils sont de plus en plus attirés l’un par l’autre.
Scène la plus longue et la plus dramatique de l’œuvre, dans laquelle des fragments de l’acte I réapparaissent. Formellement apparentée à une scène d’opéra, elle comporte de très nombreux changements de tempo et d’atmosphère. Musicalement, c’est le numéro le plus complexe et le plus exigeant, qui se rattache au style « savant » du compositeur.
20. Dewain’s Song of Liberation and Surprise
« Chanson de libération et surprise »
La prison a elle aussi été détruite dans le tremblement de terre ; de manière inattendue, Dewain se retrouve libre. Étonné, il se rend compte qu’une fois de plus il a la chance d’avoir devant lui une nouvelle vie véritablement libre.
Ballade lyrique et intime au piano avec solo final de saxophone.
21. ¡ Este país ! / This Country!
« Ce pays »
Dewain et Consuelo se sont retrouvés – avant de se perdre à nouveau : Consuelo retournera au Salvador pour se battre pour la démocratie. Dewain restera aux États-Unis afin d’y poursuivre la lutte pour les droits de l’homme.
Duo polymétrique raffiné, marqué par l’influence latine.
22. One Last Look at the Angel in Your Eyes
« Un dernier regard sur l’ange dans tes yeux »
Émouvante scène de séparation entre Consuelo et Dewain.
Duo très simple avec juste un accompagnement de piano.
23. Finale
« Final »
L’intrigue s’achève sur David, en deuil : retour à la situation de départ.
Merveilleuse passacaille dans laquelle sont réunis des thèmes et des fragments entendus précédemment au cours de l’œuvre, avant le retour à la chanson de l’ouverture.
Analyse de l’œuvre
Même si elle est souvent – et à juste titre – associée au courant « minimaliste répétitif » (qui repose sur la scansion et la subtile évolution de courts motifs répétés, et dont les représentants les plus connus sont, en dehors de John Adams, La Monte Young, Terry Riley, Steve Reich et Philip Glass), la musique de John Adams a souvent flirté avec des formes et des genres divers. Ce « songplay » – ainsi nommé par le compositeur, littéralement « pièce en chansons » –, est une tentative appuyée et délibérée de travailler à partir de différents styles : gospel, rap, rock… Cette démarche s’inscrit dans une lignée panaméricaine que John Adams revendique et qui concilie langages populaire et classique au service de la scène. Avant lui, George Gershwin avait façonné son Porgy and Bess (1927) de spirituals et de blues, et Leonard Bernstein pétri son West Side Story (1957) de rythmes latins et de jazz cool. S’inspirant lui-même de la tradition du Singspiel – terme à l’origine de songplay –, Kurt Weill aussi s’était adonné au mélange des genres, avec Mahagonny (1927) et Happy End (1929), mais en y imprimant une verve satirique… dont manque le texte de June Jordan, plus préoccupé par la véracité sociologique que par des aspects politiques militants.
John Adams et Peter Sellars souhaitaient se servir de Mahagonny-Songspiel comme modèle. À cette époque-là, June Jordan adhérait à cette inspiration : « Brecht était encore un de mes mentors, pour ainsi dire. Je savais donc comment faire passer des idées politiques très profondes sans pour autant noyer la pièce ou éclipser la vie de ces jeunes gens. »
Mais, en pleine écriture, elle fit un constat tout différent : « Je me suis rendu compte que Brecht n’était plus un mentor pour moi. Je ne pense pas que nous vivions actuellement dans l’Allemagne nazie. Il y a des choses horribles qui ont lieu dans ce pays en ce moment – la terrible violence imposée par la droite, la croisade laïque et religieuse pour se débarrasser de nous – mais je ne pense pas que le mal ait encore remporté le combat. J’ai donc choisi volontairement d’aller à contre-courant de Brecht. À la longue, il était cynique et plombant ; j’ai voulu être reconnaissante et pleine d’espoir. Dans la plupart de ses œuvres, on a le sentiment que la majorité des gens sont nuls, et je ne peux absolument pas le croire. »
Le livret de June Jordan traduit une conscience politique qui s’inscrit dans une société certes datée mais qui rappelle cruellement le peu de progrès accompli depuis. Les conflits vécus par les personnages sont destinés à être perçus comme autant de symboles des tensions sociales à Los Angeles à l’époque du séisme de 1994. En cela, la nature éclectique des vocalités reflète bien l’intention de June Jordan.
À la manière d’un film choral, comme le Short Cuts de Robert Altman, les sept personnages, comme autant de spécimens de la société américaine, déambulent dans une mégalopole cosmopolite : un délinquant noir, une réfugiée politique salvadorienne, un avocat vietnamien issu des boat people, un pasteur friand de jolies paroissiennes, un jeune policier gay qui ne se l’avoue pas encore, une animatrice de télé-réalité policière qui aime flirter. Certains se connaissent déjà ou se croisent, d’autres non, dans ce décor urbain où les problématiques foisonnent : immigration clandestine, conflits ethniques, identité sexuelle, rapports entre délinquants et police.
La difficulté de mettre en scène un tel collage réside dans le manque de caractérisation des personnages qui, sans dialogues parlés et sans récitatifs, et seulement avec des chansons vaguement reliées entre elles par le thème de l’amour, peinent à faire vivre une trame décousue. Mais on peut compter sur l’énergie de la musique ainsi que sur l’audace des thèmes abordés, les fantasmes des personnages et l’humour des paroles pour ravir le spectateur. Et le cataclysme qui survient au début de l’acte II est capable d’inspirer une scénographie dichotomique, passant en un instant (le « then » du titre) de la poésie et de l’onirisme au chaos et au drame.
La partition offre, de manière inégale diront certains, de nombreux moments assurément impressionnants ou finement mélodiques. En balayant toute une palette de styles profondément ancrés dans la culture américaine (rock, jazz, blues, swing, ballade, doo-wop…) et en recherchant la facilité musicale du style pop qui plaît tant au grand public, John Adams ne peut cependant s’empêcher d’y imprimer sa science consommée de la musique savante. Chaque mélodie, même lorsqu’elle a des allures d’hymne ou de refrain facile, emprunte à la grammaire « classique » des harmonies et des rythmes complexes, et évolue parmi les cellules répétées typiques du courant minimaliste. Cette ambivalence ne s’avère pourtant en rien un obstacle pour le public, immédiatement séduit, hypnotisé, par le morceau-titre qui ouvre l’œuvre, en dépit de sa polyphonie à sept voix et de sa polyrythmie si caractéristique du style de John Adams. Est également apprécié le trio des femmes, « Song About the Bad Boys and the News », qui commence a cappella et de manière très lyrique avant de se teinter de rock’n’roll sur des paroles très graphiques. Le duo « Three Weeks and Still I’m Outta My Mind » entre David et Leila, aux allures de Marvin Gaye et Tammi Terrell dans « Ain’t Nothing Like the Real Thing », sait également séduire un large auditoire. Tout comme la très mélodique « Dewain’s Song of Liberation and Surprise » à l’irrésistible révélation. Enfin, au travers d’une harmonieuse superposition des thèmes déjà évoqués au cours de l’œuvre – une passacaille, littéralement une marche dans la rue –, le retour à l’hymne d’ouverture, qui a gagné en fougue et s’est nourri de l’expérience épanouissante ou douloureuse de chacun, ne manque pas d’insuffler un élan nouveau, une impulsion résolue au public décidément pris par une phrase-titre scandée de façon entêtante – ce témoignage, « Je regardais le plafond et soudain j’ai vu le ciel », qui évoque aussi bien l’anéantissement du foyer que la libération d’une prison.
Comme pour d’autres tentatives d’alliage entre langage classique et style pop, les adeptes des deux univers pourront se trouver également insatisfaits : les lyricophiles trouveront les couleurs vocales trop brutes et la sophistication de l’ensemble s’éloigne trop des standards de Broadway – encore qu’elle pourrait s’apparenter à celle d’un compositeur comme Stephen Sondheim. Mais l’œuvre vaut qu’on s’y attarde pour la richesse de sa musique et la poésie audacieuse de ses paroles. Comme pour tous les objets d’art complexes, celui-ci gagne à être réexaminé dans toutes ses profondeurs. Toutefois, on peut aussi choisir de le considérer comme un bon album pop et de l’écouter comme on passe une play list !
Le compositeur – John Adams (1947)
Anecdote (vraie ou fausse ?) : enfant, il fit sa première apparition sur scène lors d’une production de South Pacific tandis que sa mère jouait le rôle de Bloody Mary.
Parmi ses œuvres les plus marquantes
- Shaker Loops (1978), pour ensemble à cordes
- Harmonielhere (1985), pour orchestre
- Short Ride in a Fast Machine (1986), pour fanfare
- On the Transmigration of Souls (2002), pièce pour orchestre, chœur, chœur d’enfants et bande enregistrée, en hommage aux victimes des attentats du 11 septembre 2001
Ses opéras
- Nixon in China (1987)
- The Death of Klinghoffer (1991)
- I Was Looking at the Ceiling and Then I Saw the Sky (song play) (1995)
- El Niño (opéra-oratorio) (2000)
- Doctor Atomic (2005)
- A Flowering Tree (2006) (notre avis sur la production du Châtelet)
- The Gospel According to the Other Mary (opéra-oratorio) (2013)
- Girls of the Golden West (2017)
Principales récompenses
- Prix Pulitzer de musique, pour On the Transmigration of Souls (2003)
- Grammy Awards : meilleure composition contemporaine, pour Nixon in China (1989) ; meilleure composition contemporaine, pour El Dorado (1998) ; meilleur album classique, meilleure représentation pour orchestre, meilleure composition classique contemporaine, pour On the Transmigration of Souls (2004)
Deux livres pour en savoir plus
- Hallelujah Junction, de John Adams (éditions Farrar Strauss & Giroux)
- John Adams, de Renaud Machart (éditions Actes Sud)
La librettiste – June Jordan (1936–2002)
Poétesse, essayiste et activiste d’origine jamaïcaine. De 1989 jusqu’à sa mort, elle fut professeure de culture afro-américaine à l’université de Californie à Berkeley.
Elle était connue comme la « poétesse du peuple » et milita notamment pour la défense de l’ « anglais noir » parlé par les Afro-Américains. Ses écrits explorent également les questions de genre, de race, de sexualité, d’identité de l’individu…
Elle contribua au Songfest de Leonard Bernstein, un cycle de mélodies sur des poèmes américains pour six chanteurs et orchestre, composé en 1976 et 1977. Son poème « Okay, ‘Negroes’ » est entrelacé à celui du poète afro-américain Langston Hughes, « I, Too, Sing America ». À celui-ci, optimiste, qui évoque l’homme noir humilié par l’homme blanc mais capable de reprendre des forces pour revendiquer son appartenance à l’Amérique, June Jordan répond de manière cynique et grinçante, en lui opposant le terme « Negro ». De ce combat, une étonnante combinaison de récitatif d’opéra et de scat, les deux points de vue sortent vainqueurs, selon le compositeur.
Dans Celing/Sky, elle joue habilement sur différents registres lexicaux – argot des ghettos, vocabulaire officiel de la police, louanges religieuses – et différentes formes – dialogues du quotidien, prose libre, versification.
And the walls shook
and they fell
And I heard the shattering
And I heard I felt the roar
of the devil climbing out of hell
And the air itself was battering
The windows! And the door
flew open and my books
crashed to the floor
And it was like a miracle of fish
and flowers covering up the chaos of my cell
But I could not trust my feet
because the ground was weird and incomplete
So I stood still
I said, “I am the way I will
be free.
It doesn’t matter where
I put my head to bed:
I’m here!
I am the way I will
be free!
(extrait de « Dewain’s Song of Liberation and Surprise »)
Productions en France
Création européenne à la MC93 de Bobigny
Du 27 septembre au 15 octobre 1995. Mise en scène de Peter Sellars. Coproduction aux côtés du Festival d’Helsinki, du Lincoln Center de New York et du Théâtre Thalia de Hambourg.
Théâtre du Châtelet
Les 11, 14, 17 et 19 juin 2013. Direction musicale de Alexandre Briger. Mise en scène de Giorgio Barberio Corsetti. Avec Carlton Ford (Dewain), Hlengiwe Mkhwanazi (Consuelo), Joel O’Cangha (David), Janinah Burnett (Leila), John Brancy (Mike), Jonathan Tan (Rick), Wallis Giunta (Tiffany), Franck Scalisi (clarinette, clarinette basse), Clément Himbert (saxophone alto, saxophone ténor), Paul Lay (clavier 1 : double piano), Claude Collet (clavier 2 : synthétiseur), Martin Surot (clavier 3 : synthétiseur), Christelle Séry (guitare classique, guitare électrique), Valérie Picard (contrebasse, basse électrique), Philippe Maniez (batterie, batterie MIDI). Scénographie : Giorgio Barberio Corsetti, Massimo Troncanetti. Costumes : Francesco Esposito. Lumières : Marco Giusti. Conception et réalisation sonore : Mark Grey. Vidéo : Igor Renzetti. Animation des images : Lorenzo Bruno. Production reprise à l’Opéra de Rome en septembre 2015. Notre avis sur cette production. L’avis de Diapason. L’avis de Forum Opéra. L’avis d’Opera News (en anglais). L’avis du Monde. L’avis de resmusica. L’avis du Journal du dimanche. Une interview du compositeur sur le site du Figaro. Une brève interview sonore du metteur en scène Giorgio Barberio Corsetti sur le site de Radio France internationale.
Théâtre de la Croix-Rousse
Du 13 au 23 février 2020. Direction musicale de Vincent Renaud. Mise en scène d’Eugen Jebeleanu. Ensemble instrumental, solistes du Studio de l’Opéra de Lyon. Avec Alban Zachary Legos (Dewain), Clémence Poussin (Consuelo), Christian Joel (David), Axelle Fanyo (Leila), Aaron O’Hare (Mike), Biao Li (Rick), Louise Kuyvenhoven (Tiffany), Elsa Loubaton (clarinette), José Carlos Garcia Bejarano (saxophone), Corentin Quemener (percussions, batterie), Sylvaine Carlier, Hiroko Ishigame et Graham Lilly (claviers), Nicolas Frache (guitare électrique), Michel Molines (contrebasse, basse électrique). Décors et costumes : Velica Panduru. Lumières : Marine Le Vey. Dramaturge : Yann Verburgh. Site de l’Opéra de Lyon. Site du théâtre de la Croix-Rousse. Notre avis sur cette production. L’avis d’Olyrix.
Théâtre de l’Athénée-Louis Jouvet
Les 27 et 31 mars, les 1er et 2 avril 2020. Un projet de la compagnie Khroma en collaboration avec le Conservatoire royal de Bruxelles. Coproduction du Théâtre National ne Bruxelles, de l’Opéra royal de Wallonie et d’ASBL Talent chemin des arts. Direction musicale de Philippe Gérard. Mise en scène, scénographie, lumières et costumes de Marianne Pousseur et Enrico Bagnoli. Compagnie Khroma. Avec Maria Belen Fos / Carole Moneuse (Consuelo), Natalie Oswald (Leila), Sonia Sheridan Jaquelin (Tiffany), Marie Juliette Ghazarian (Rickie), Lionel Couchard (Dewain), Paweł Janota (Mike), Marc Fournier (David), Anna Ferrandis (clarinette), Brayan Shimizu (saxophone), Camille Molinos (guitare), Sébastien Clerc (guitare basse), Caterina Roberti (piano 1), Arthur Possing (piano 2), Xavier Roesch (piano 3), Germain Dauwe (percussions). Chef de chant : Thierry Fiévet. Production donnée au Théâtre national Wallonie-Bruxelles en novembre 2018.
En raison de la décision du gouvernement d’interdire les rassemblements de plus de 100 personnes (risques liés à la pandémie de la Covid-19), ces représentations n’ont pas pu avoir lieu. Ces représentations sont finalement programmées les 4, 5, 8, 9 et 10 février 2022 (voir le site de l’Athénée). Voir notre avis sur cette production.
Hors de France
Theatre Royal Stratford East
Du 2 au 17 juillet 2010. En coproduction avec le Barbican. Mise en scène de Kerry Michael et Matthew Xia. Avec Jason Denton (David), Cynthia Erivo (Leila), Anna Mateo (Consuelo), Leon Lopez (Dewain), Stewart Charlesworth (Mike), Natasha J Barnes (Tiffany), Colin Ryan (Rick). Scénographie : Adam Wiltshire. Son : John Leonard. L’annonce des représentations sur le site de London Theatre. Un avis enthousiaste sur le site de The Arts’ Desk (en anglais). Un autre avis enthousiaste et anglais sur le site du Guardian. L’avis moins enthousiaste d’Ian sur le blog There Ought to Be Clowns (en anglais). Une interview du compositeur, à l’occasion des représentations, sur le site du Guardian.
Opéra de Rome – Teatro Costanzi
Les 11, 12, 13, 15, 16 et 17 septembre 2015. Direction musicale de Alexandre Briger. Mise en scène de Giorgio Barberio Corsetti. Avec Daniel Keeling (Dewain), Jeanine De Bique (Consuelo), Joël O’Cangha (David), Janinah Burnett (Leila), Grant Doyle (Mike), Patrick Jeremy (Rick), Wallis Giunta (Tiffany). L’annonce sur le site de Teatrionline. La première a été retransmise en direct sur la chaîne de radio Rai Tre.
Théâtre national Wallonie-Bruxelles
Les 9, 10, 12 (séance scolaire) et 13 novembre 2018. Un projet de la compagnie Khroma en collaboration le Conservatoire royal de Bruxelles. Coproduction avec l’Opéra royal de Wallonie-Liège. Direction musicale de Philippe Gérard. Mise en scène, scénographie, lumières et costumes de Marianne Pousseur et Enrico Bagnoli. Avec Maria Belen Fos / Carole Moneuse (Consuelo), Natalie Oswald / Kate Petrou (Leila), Sonia Sheridan Jacquelin (Tiffany), Marie Juliette Ghazarian (Rickie), Lionel Couchard (Dewain), Paweł Janota
(Mike), Marc Fournier (David), Anna Ferrandis (clarinette), Brayan Shimizu (saxophone), Camille Molinos (guitare), Sébastien Clerc (guitare basse), Caterina Roberti (piano 1), Arthur Possing (piano 2), Xavier Roesch (piano 3), Germain Dauwe (percussions).Chef de chant : Thierry Fiévet. Sonorisation :Diederik De Cock. Assistant à la sonorisation : Elie Hanquart. Mouvement : Nienke Reehorst. Chefs assistants : Denis de Liberali et Mathieu Bonnin. Site du Théâtre national Wallonie-Bruxelles.
Opéra royal de Wallonie- Liège
Les 30 janvier et 1er février 2019 (séances scolaires), et le 3 février (tout public). Même production qu’à Bruxelles. Présenté comme un spectacle « jeune public (à partir de 12 ans) » avec même un dossier pédagogique. Site de l’Opéra royal de Wallonie-Liège.
Palais des Beaux-Arts de Charleroi
Le 27 mai 2020. Même production qu’à Bruxelles et Liège. Site du palais des beaux-arts de Charleroi. [Étant donné la situation sanitaire actuelle : annulation des spectacles et fermeture temporaire du PBA.]
Discographie
Enregistrement de la création de l’œuvre sous la direction de John Adams. Publié par Nonesuch Records.
Acte I ~ 44 min
1. Ensemble : I Was Looking at the Ceiling and Then I Saw the Sky
2. A Sermon on Romance
3. Consuelo’s Dream
4. Mike’s Song About Arresting a Particular Individual
5. Tiffany’s Solo
6. Song About the On-Site Altercation
7. Song About the Bad Boys and the News
8. Your Honor My Client Is a Young Black Man
9. Leila’s Song: Alone (Again or at Last)
Acte II ~ 26 min
10. Three Weeks and Still Outta My Mind
11. Crushed by the Rock I’ve Been Standing On
12. Dewain’s Song of Liberation and Surprise
13. ¡ Este país ! / This Country!
14. One Last Look at the Angel in Your Eyes
15. Finale
Direction : John Adams.
Avec Michael McElroy (Dewain), Audra McDonald (Consuelo), Marin Mazzie (Tiffany), Welly Yang (Rick), Angela Teek (Leila), Darius De Haas (David), Richard Muenz (Mike).
Ensemble : Seppo Kantonen (clavier I, piano), Marja Mutru (clavier II), Makku Tabell (clavier III), Janne Murto (saxophone), Kari Tenkanen (clarinette, clarinette basse), Hannu Rantanen (basse électrique, contrebasse), Jari Nieminen (guitare), Pekka Karvonen (percussion). Direction vocale : Grant Gershon (chef d’orchestre de la création en 1995).
Sur cet enregistrement réalisé en studio en décembre 1996 et mai 1997, ne figurent de la distribution présente à la création que deux artistes : Darius De Haas et Welly Yang. Pour les autres rôles, on a fait appel à des chanteurs plus aguerris, notamment Audra McDonald (qui avait remporté en 1994 un Tony, entre autres récompenses, pour son interprétation de Carrie Pipperidge dans Carousel) et Marin Mazzie (nommée la même année pour la création du rôle de Clara dans Passion).
Seulement 15 des 23 numéros originaux figurent sur cet enregistrement, probablement dans le but de limiter le temps d’écoute à un seul CD et ainsi coller au format de l’album de chansons pop plutôt qu’à celui de l’intégrale d’opéra.
Enregistrement dirigé par Klaus Simon. Publié par Naxos.
Avec Jeannette Friedrich (Leila), Lilith Gardell (Tiffany), Darius De Haas (David), Jonas Holst (Mike), Martina Muhlpointner (Consuelo), Markus Alexander Neisser (Rick) et Kimako Xavier Trotman (Dewain). Young Opera Company Freiburg. The Band of the Holst-Sinfonietta. Direction : Klaus Simon.
Cet enregistrement de 2004 par un ensemble allemand bénéficie d’une excellente distribution à l’anglais très idiomatique et d’un mordant dans l’exécution qui lui confère une immédiateté très à fleur de peau. On est sans doute plus proche de Weill que d’Adams, mais pourquoi pas… Tenant sur deux CD, il a l’avantage d’être plus complet que l’enregistrement dirigé par le compositeur, puisque les vingt-trois numéros y figurent (vingt-quatre pistes au total, dont deux pour le tremblement de terre).
1. Ensemble : I Was Looking at the Ceiling and Then I Saw the Sky (Tutti)
2. A Sermon on Romance (David, Leila)
3. Leila’s Song of the Wise Young Women (Leila, Consuelo)
4. Solo in Sunlight (Dewain)
5. ¿ Dónde estás ? (Consuelo)
6. Mike’s Song About Arresting a Particular Individual (Mike)
7. Tiffany’s Solo (Tiffany)
8. Song About the On-Site Altercation (Dewain, Tiffany, Mike, Leila)
9. Song About the Bad Boys and the News (Consuelo, Tiffany, Leila)
10. Your Honor My Client Is a Young Black Man (Rick, Tiffany, Leila)
11. Consuelo’s Dream (Consuelo)
12. Rick’s Cross-Examination of Tiffany and Mike (Rick, Mike, Tiffany)
13. Song about Law School as the Natural Follow-up to Jail (Dewain, David)
14. Leila’s Song: Alone (Again or at Last) (Leila)
15. Song about the Sweet Majority Population of the World (David, Rick, Dewain, Mike)
16. Three Weeks and Still Outta My Mind (David, Leila)
17. Earthquake Sounds
18. Earthquake Music
19. Crushed by the Rock I’ve Been Standing On (David, Tiffany, Rick, Consuelo)
20. Duet in the Middle of Terrible Duress (Mike, Tiffany, Rick)
21. Dewain’s Song of Liberation and Surprise (Dewain)
22. ¡ Este país ! / This Country! (Consuelo, Dewain)
23. One Last Look at the Angel in Your Eyes (Consuelo, Dewain)
24. Finale (Tutti)
Extraits (avec d’autres pièces de John Adams). Publié par Actes Sud.
Ensemble Diagonales. Avec Odlie Fargère (Consuelo), Emmanuel Djob (David), Virgine Pesch (Leila), Emilie Simon (Tiffany). Ensemble Diagonales. Direction : René Bosc. Enregistré le 31 juillet 1997 au Festival de Radio France de Montpellier.
Quatre chansons : « Song About the Bad Boys and the News », « A Sermon on Romance », « Leila’s Song », « Earthquake ».
Bravo pour ce dossier passionnant, très complet, bien référencé et richement illustré (et bien écrit, ce qui ne gâche rien). Un article qui m’a donné envie d’aller voir l’œuvre, moi qui hésitais. Hélas, confinement oblige…
PS: un bravo également pour cette nouvelle maquette et le rajeunissement du logo.