Inspiré de la bande dessinée à succès de Joann Sfar, cette création musicale des Frivolités Parisiennes réunit dix-sept interprètes sur des lyrics d’Oldelaf, une musique originale de Matthieu Michard, dans une adaptation et une mise en scène de Pascal Neyron.
On y suit la quête amoureuse d’un chat qui fait écho à notre propre questionnement identitaire. Joyeux et profond à la fois, ce spectacle d’apprentissage destiné à tous nous permet d’explorer notre rapport aux autres.
Notre avis : Adapté des bandes dessinées éponymes, signées Johan Sfar, dont les premières ont été publiées voilà vingt ans, ce spectacle musical court (une heure vingt) reprend les principaux personnages et compile diverses actions des premiers albums. Un pari fou, assurément. Une fois encore, il est relevé haut la main par les Frivolités Parisiennes. L’oreille tout d’abord est charmée par la formidable partition de Mathieu Michard qui convoque diverses références tout en imposant sa patte. Ce pianiste/compositeur fait preuve d’une virtuosité subtile. Sa partition se trouve magnifiée par les douze musiciens sur scène, toujours impeccables de justesse et de finesse.
Le spectateur en quête d’un spectacle doté d’une narration forte en sera pour ses frais. Le propos ici est tout autre : l’univers de Sfar est joliment restitué. Le chat qui a pour particularité de parler après avoir croqué le perroquet de la maison est bien au centre du récit, ainsi que ses interrogations sur la religion juive et cet amour pour Zlabya, la fille du rabbin qui lui échappe… Si la scénographie et la mise en scène ne peuvent totalement être appréciées à leur juste valeur tant la scène du Théâtre de l’Œuvre les comprime par sa petitesse, ce désagrément est largement compensé par la distribution, sensationnelle. À commencer par Richard Delestre qui campe un chat hâbleur, au verbe haut. Le tout doublé d’une dextérité vocale remarquable. Neïma Naouri séduit facilement de sa voix chaude et enveloppante. Jean-Michel Fournereau incarne avec conviction ce rabbin un rien dépassé par la situation et Sinan Bertrand endosse de nombreux rôles avec dextérité.
Les Frivolités Parisiennes, en marge de leur remarquable travail d’exhumer des œuvres du passé, possèdent cette même rigueur pour les créations originales – on se souvient de la belle réussite des Bains macabres. Mesurons donc notre chance et rendez-vous au Théâtre de l’Œuvre pour découvrir ce nouveau spectacle qui, nous l’espérons, sera promis à un brillant avenir.
L’émission « Générations France Musique, le live » propose dans son édition du samedi 10 septembre de découvrir plusieurs airs du spectacle. À retrouver en cliquant ici.