Monsieur Perrichon, commerçant enrichi, embarque sa femme et sa fille pour la première fois en villégiature : destination Chamonix. Le hasard fait qu'ils seront accompagnés dans le voyage par deux soupirants de la jeune Henriette, bien décidés à obtenir sa main. La lutte sera serrée pour séduire dans un premier temps le père, sot et orgueilleux (mais finalement pas si mauvais bougre), ainsi que son encombrante épouse – un peu écervelée.
Quiproquos, coups de théâtre (avec en prime un duel) mèneront nos protagonistes à un happy end, le tout en chanson et sur quelques pas de danse improvisés !
Notre avis : Frédérique Lazarini remonte avec bonheur un des joyaux du théâtre de Labiche : Le Voyage de Monsieur Perrichon. Elle retrouve la scène de l'Artistic Théâtre, qu'elle connaît bien pour avoir monté et interprété de nombreux spectacles dont Le Cid, La Mégère apprivoisée ou bien encore Un visiteur inattendu d'Agatha Christie. Cette nouvelle aventure, où elle se montre fidèle à bon nombre d'artistes avec qui elle aime travailler, s'avère réussie.
Il s'agit certainement d'une des meilleures pièces de Labiche, finalement assez peu jouée hors du répertoire de la Comédie-Française – qui la remonte assez régulièrement. L'auteur, sous les abords d'un vaudeville premier degré, nous livre un témoignage saisissant de son époque et des diverses révolutions qui se produisent : le tourisme naissant, l'avènement du chemin de fer, la fascination pour le cinéma muet... Dès les premières scènes, on comprend que Frédérique Lazarini a trouvé le rythme et le ton parfaits pour nous happer dans cette aventure burlesque.
Les comédiens, pleins de vivacité, entonnent à un rythme trépidant de charmants couplets sur des musiques de Gershwin. La scénographie (composée principalement de vidéos) permet de rapides changements de lieux et assure une fluidité sans faille au spectacle. La complicité des artistes de la troupe apparaît évidente : ils ont souvent travaillé ensemble dans d'autres productions et jouent au même tempo. Cédric Colas – impeccable Perrichon – évoluera et posera un regard neuf sur le monde nouveau qui s'ouvre à lui. Emmanuelle Galabru, dans la maturité de sa carrière, se révèle maintenant tout à fait prête pour reprendre les rôles comiques laissés vacants par les Maillan, Pacôme et autres Desmarets.
Hugo Givort et Arthur Guézennec, justes et élégants soupirants, retrouvent également la scène de l'Artistic. Artistes complets en comédie, chant et danse, ils incarnent parfaitement le profil actuel exigé pour jouer une palette variée de rôles tant en fantaisie qu'en drame. Guillaume Veyre, fidèle compagnon de la troupe, remplit plusieurs emplois dont celui d’un truculent commandant. Enfin, la jeune première Messaline Paillet (formée au Cours Florent), qui incarne Henriette, nous semble destinée à une carrière prometteuse. Un sans-faute pour ce divertissement de qualité qui nous a donné beaucoup de plaisir et que nous vous recommandons donc chaudement !
