Collectif précurseur, innovant et engagé, le Pockemon Crew a, depuis ses débuts il y a vingt ans, contribué à faire entrer la danse hip-hop dans les théâtres. En plus d’une technicité sans faille, ses danseurs ont imposé un style unique porté par la force et les valeurs des battles : respect, persévérance, dépassement de soi et ouverture d’esprit.
Le Pockemon Crew présente aujourd’hui sa nouvelle création, Nineteen, fable écologique qui invite le spectateur à se questionner sur l’état du monde et à envisager un avenir meilleur à travers la danse hip-hop. En confrontant les récits mythologiques et les discours scientifiques sur la création de la Terre, cette pièce questionne la place de l’humain et les conséquences de ses actes sur son écosystème. Elle transpose sur scène la création de l’univers et son évolution en entrechoquant les corps, les déplaçant de manière tribale et animale.
Notre avis : J’avoue humblement mon inculture dans le domaine de la breakdance : la découverte de ce spectacle n’en fut que plus saisissante.
En effet, si le propos écologique, qui sert de base à cette chorégraphie, n’est pas forcément simple à percevoir (certains tableaux étant plus explicites que d’autres, mais sans former une trame narrative facile à décrypter), l’intérêt pour ce spectacle est ailleurs.
En l’occurrence dans les prouesses physiques stupéfiantes de cette troupe, l’individuel se fondant dans le collectif. Ainsi il est assez rare qu’un seul danseur « tire la couverture à lui », mais ce sont bien les figures de danse conjuguées qui emportent le public dans un tourbillon. Les acrobaties exigent des danseurs un état physique au top, l’énergie qu’ils libèrent avec ces figures diverses a tôt fait de se transmettre à un public qui d’enthousiaste passe à extatique. La seule présence féminine, aux figures moins spectaculaires malgré des contorsions impressionnantes, tire parfaitement son épingle du jeu. Elle semble représenter une figure tutélaire (la Terre ?) face à la testostérone masculine qui s’épanouit tantôt dans les batailles, tantôt dans l’harmonie, par le biais de figures partagées entre les danseurs.
En outre il semble que Riyad Fghani, grand orchestrateur, ait remporté son pari puisque sa demande d’inscrire la breakdance comme discipline olympique semble avoir été entendue. Il conviendra donc, en 2024, de suivre cette troupe au mois d’août : impossible qu’ils ne participent pas à cette battle d’un autre genre !