Quel auteur et quelle femme se cachent derrière le nom de George Sand ? À la fois romancière, dramaturge, épistolière et journaliste engagée, elle est sur tous les fronts, femme libre, mère, amante, écrivain pléthorique, intellectuelle tenaillée par l’idéal républicain.
On voudrait la croiser dans les années 1830 à Paris. On aimerait ressentir son rayonnement et cette force irradiante qui attirent ses illustres amis dans son jardin d’Éden à Nohant. On espère la suivre à Venise avec Musset en 1833 et aussi à Majorque avec Chopin en 1838. Et à la fin, on se promet de partager ses baignades dans les eaux fraîches de l’Indre, de jouir avec elle de chaque instant de sa maturité.
Musique de chambre, théâtre et cinéma animent une création inspirée par les écrits autobiographiques de George Sand et par l’œuvre de Frédéric Chopin, à redécouvrir dans un arrangement pour piano, cor et violon-alto.
Notre avis : Avec Sand, Emmanuelle Prager met en lumière le destin de George Sand, dont le parcours d’artiste et de femme libre au XIXe siècle reste emblématique. Seule comédienne (et chanteuse) sur scène, Claudine Charreyre est accompagnée par trois musiciens, au piano, au violon alto et au cor. Ils ont la particularité d’interpréter la musique de Chopin, retravaillée habilement pour leurs instruments par Gérard Lecointe. L’enchevêtrement des paroles de George Sand et des musiques de Chopin, rappelant la fusion entre les deux artistes, a des aspects parfois envoûtants. Cette association est plaisante bien que la voix parlée de Claudine Charreyre soit quelque fois « étouffée » par le son des instruments.
Des personnages qui ont marqué la vie de George Sand s’expriment grâce à de belles et grandes projections vidéo au premier plan de la scène. Toutefois, malgré ces vidéos, Sand souffre d’un rythme et d’un ton trop uniformes du début à la fin. Le spectacle se déroule par ailleurs en continu dans une forme de pénombre, peut-être destinée à accentuer le caractère intimiste et sincère de l’œuvre. Ce manque de variété pèse quelque peu sur le quasi-monologue pourtant bien joué par Claudine Charreyre. Le caractère original et ambitieux de ce spectacle associant théâtre et musique classique reste à saluer, Sand possédant de beaux atouts.