The Notebook, nouvelle comédie musicale d’après le roman qui a inspiré le film iconique, conte l’histoire bouleversante entre Allie et Noah qui, issus de mondes différents, partagent une vie d’amour malgré les forces qui tentent de les séparer.
Notre avis : Après une pause de trois mois et plusieurs spectacles qui ont annoncé leur fermeture, Broadway reprend du poil de la bête avec une comédie musicale peu commune, une petite histoire d’amour entre deux individus peu faits, semble-t-il, pour vivre ensemble : Noah, un ouvrier sans grande ressource, et Allie, la fille d’une famille aisée. Inspirée du livre de Nicholas Sparks publié en 1964 et du film du même nom sorti en 2004 (avec Ryan Gosling), cette histoire sans ambages est remarquable dans sa simplicité et la force des sentiments qui en émane, d’autant plus qu’elle est renforcée par des chansons composées par Ingrid Michaelson qui séduisent dès une première écoute – notamment dans des arrangements vocaux qui frappent par leur qualité harmonieuse.
La comédie musicale débute dans une maison de retraite où un vieil homme vient tous les jours rendre visite à une vieille dame atteinte d’Alzheimer à qui il lit une histoire d’amour entre un adolescent nommé Noah et Allie. Leur relation continue pendant quelques années jusqu’à ce qu’Allie exprime son désir de vivre avec Noah et de l’épouser, mais ses parents s’y opposent, jugeant son compagnon bien en dessous de ce qu’elle est en droit d’espérer au vu de leur position sociale. Allie se sépare de Noah en lui promettant de garder le contact, cependant qu’il s’engage dans l’armée américaine et qu’il est envoyé au Viêt Nam, où le conflit fait rage.
Sept ans plus tard, Allie repère dans un journal une vieille maison, héritée de son père, que Noah vient de rénover, et décide de lui rendre visite. Noah est d’abord surpris de la revoir, surtout quand elle lui révèle qu’elle est sur le point d’épouser Lon, un garçon de bonne famille. Elle lui reproche de ne pas avoir gardé le contact, mais il l’assure qu’il lui a écrit tous les jours pendant un an après leur séparation, s’arrêtant seulement quand il a imaginé qu’elle n’avait plus envie de rester en contact avec lui. Ils en déduisent que c’est sans doute la mère d’Allie qui a dissimulé ces lettres. Quand Allie confronte sa mère, cette dernière n’a d’autre réponse que de lui remettre les lettres qu’elle a gardées. Partagée entre Lon et Noah, qu’elle n’a jamais cessé d’aimer, Allie se rapproche de ce dernier, et tous deux renouent rapidement avec les sentiments qu’ils éprouvaient lors de leurs premières amours… avant de passer la nuit ensemble.
Interrompant sa lecture, le vieil homme révèle alors qu’il est en fait Noah et que la vieille dame est Allie, sa femme, que l’histoire est la leur, telle qu’il l’a consignée jour après jour dans un carnet – leur vie ensemble, les enfants qu’ils ont eus, sa carrière à elle en tant qu’artiste peintre renommée, les années qu’ils ont vécues jusqu’à ce jour… et les maladies qu’ils doivent maintenant affronter : elle avec Alzheimer qui fait qu’elle ne le reconnaît plus et ne sait plus qui il est ; lui avec ses propres problèmes, un cancer, une crise cardiaque et tant d’autres soucis de santé qui lui sont pénibles. Mais Allie soudain reconnaît Noah et lui déclare son amour. Avec la complicité d’une infirmière de la maison de retraite, Allie et Noah peuvent passer la nuit et leur éternité ensemble.
Si l’intrigue peut sembler un peu convenue ou sirupeuse, le traitement musical en fait l’une des meilleures comédies musicales de cette saison. Les chansons écrites par Ingrid Michaelson sont d’une rare beauté, en particulier celles qui bénéficient des arrangements vocaux qu’elle a préparés avec Carmel Dean et qui donnent à certains de ces airs des reflets harmonieux qui caressent l’oreille.
Dans les décors sobres imaginés par David Zinn et Brett J. Banakis, la pièce prend toute son ampleur et sa vérité, sous le souple contrôle de Michael Greif et de Schele Williams, responsables de la mise en scène.
La distribution est à la hauteur du sujet traité, de façon subtile mais qui frappe surtout quand on découvre que les six interprètes qui incarnent Noah et Allie à trois époques de leurs vies sont de races différentes sans que cette distinction n’ait aucun rapport avec l’action ou soit mentionnée. De façon très conforme aux personnages qu’ils incarnent à différentes époques de leurs vies, Jordan Tyson et John Cardoza sont pleins d’enthousiasme sous les traits d’Allie et de Noah en pleine adolescence ; Joy Woods et Ryan Vasquez ajoutent la maturité qui en découle avec l’expérience ; et Maryann Plunkett et Dorian Harewood donnent une vision réaliste des deux amants devenus âgés et au terme de leurs vies.
Mais ce qui frappe surtout, c’est l’intelligence et la sensibilité qui entourent le sujet dans ce traitement scénique inattendu. The Notebook est un petit joyau d’une rare qualité qui devrait attirer nombre de gens soucieux d’évoquer à nouveau les sentiments qu’ils éprouvaient dans des situations similaires à celles dans lesquelles Noah et Allie se trouvent, même s’il s’agit simplement d’une romance qui ne perd jamais son éclat en dépit des difficultés que la vie peut imposer.