The Music Man

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Comédie musicale très mal connue en France*, mais joyau d’une ère révolue, The Music Man doit surtout sa réputation à la prestation de Robert Preston dans le rôle d’Harold Hill, un charlatan qui, se faisant passer pour un professeur de musique accompli, vient proposer aux habitants d’une petite ville de l’Iowa des instruments de musique pour que leurs enfants apprennent à en jouer et former une fanfare. L’acteur, qui avait passé le plus clair de sa carrière à jouer des rôles très secondaires dans des films de moindre importance, se trouva soudain catapulté en haut de l’affiche et fit de son personnage une création inoubliable difficile à égaler.

*Elle aurait dû être à l'affiche du Théâtre de la Croix-Rousse en décembre 2020, avec Jean Lacornerie à la mise en scène et Jacques Verzier dans le rôle-titre, mais la crise sanitaire...

À son orig­ine, la pièce eut quelques dif­fi­cultés à s’imposer. Créa­tion d’un par­fait incon­nu, Mered­ith Will­son, qui en avait écrit le livret, la musique et les paroles des chan­sons, son action se situ­ait au début du XXe siè­cle et fai­sait appel à des élé­ments passés et désuets. Qui plus est, le cadre de cette action était une petite ville, Riv­er City, dans l’état de l’Iowa, pour tout dire le fin fond du pays. La pièce devait pour­tant devenir un énorme suc­cès et rester à l’affiche pour 1 375 représen­ta­tions, et – con­sécra­tion suprême – recevoir, en 1958, le Tony Award de la meilleure comédie musi­cale en bat­tant West Side Sto­ry, son seul vrai rival.

Bien con­nue main­tenant pour ses airs à suc­cès (« Sev­en­ty-Six Trom­bones », « Ya Got Trou­ble », « My White Knight »), c’est la deux­ième fois depuis sa créa­tion, le 19 décem­bre 1957, que la pièce est reprise à Broad­way. Si la pre­mière, en 2000, avait fait ses preuves (avec 997 représen­ta­tions), la sec­onde était con­sid­érable­ment attendue.

En effet, les représen­ta­tions auraient dû débuter en 2020, mais elles durent être (longue­ment) repoussées en rai­son de la pandémie de Covid-19, et c’est finale­ment le 10 févri­er 2022 qu’a eu lieu la soirée de pre­mière, au Win­ter Gar­den The­atre. L’attrait essen­tiel de cette reprise – et l’argument prin­ci­pal util­isé par les pro­duc­teurs pour attir­er les spec­ta­teurs – était la présence dans les rôles prin­ci­paux de Hugh Jack­man et Sut­ton Fos­ter, deux acteurs très appré­ciés des foules.

Bien con­nu dans les milieux théâ­traux pour sa présence dans des pro­duc­tions telles que Okla­homa! et The Boy from Oz, Hugh Jack­man est depuis devenu une star de l’écran, très remar­qué dans des films comme Les Mis­érables, la série des X‑Men et surtout The Great­est Show­man. Sa présence à Broad­way est un atout majeur, d’autant que la pièce lui donne l’occasion de renouer avec un milieu qu’il con­naît bien et une œuvre qui lui per­met de jouer la comédie, de chanter des chan­sons con­nues du grand pub­lic, de danser et même de faire des cla­que­ttes. Il faut recon­naître que, dans l’ensemble, sa presta­tion est ani­mée, cajoleuse et à la hau­teur de la répu­ta­tion qu’il a acquise. Cela dit, Robert Pre­ston, créa­teur du rôle à Broad­way et que l’on peut voir dans la ver­sion filmée de 1962, et dont les vocal­i­sa­tions sont l’un des points cen­traux de l’enregistrement orig­i­nal de la pièce, a mar­qué le rôle d’une telle façon qu’il est dif­fi­cile d’apprécier les efforts faits par d’autres inter­prètes. En tant que char­la­tan et pseu­do-voyageur de com­merce, Jack­man n’est mal­heureuse­ment pas très con­va­in­cant, ce qui nuit un peu au plaisir que l’on a à le voir.

Dans le rôle de Mar­i­an, la libraire et pro­fesseure de musique que le pro­fesseur Harold Hill espère séduire pour l’aider dans ses machi­na­tions, Sut­ton Fos­ter est une autre rai­son de voir la pièce. Vedette de comédies musi­cales comme Any­thing Goes, Thor­ough­ly Mod­ern Mil­lie ou Shrek, elle est l’une des actri­ces les plus recher­chées à Broad­way. Elle est ici encore l’un des attraits majeurs de cette production.

Mais ce qui sem­ble le plus réus­si dans la pièce, ce sont les enfants cen­sés représen­ter les jeunes citoyens de Riv­er City. Tous ces jeunes font leurs débuts à Broad­way et beau­coup n’ont qu’une dizaine d’années au plus, démon­trant avec aise que le tal­ent n’attend pas le nom­bre des années. Même quand le rythme des bal­lets ralen­tit dans la choré­gra­phie plate et sans imag­i­na­tion due à War­ren Car­lyle, ils parvi­en­nent à leur don­ner un souf­fle de jeunesse et d’enthousiasme qui est très récon­for­t­ant. Somme toute, quelque soix­ante-cinq années après sa créa­tion, The Music Man n’a rien per­du de son charme, même si la pièce fait par­fois un peu vieux jeu.

Plus d’in­for­ma­tions sur https://musicmanonbroadway.com/

1 COMMENTAIRE

  1. Ce show est éblouis­sant ! « The Music Man » 2022 est tout ce que j’aime: très clas­sique, joyeux, col­oré, enlevé, drôle ! Les cos­tumes sont superbes, les choré­gra­phies var­iées et extrême­ment dynamiques. Il y a plein d’en­fants qui sont impres­sion­nants de tal­ent pré­coce. Hugh Jack­man est par­fait dans ce rôle de gen­til escroc séduisant tout le monde dans un trou per­du de l’Iowa, il s’é­clate sur scène et dynamise toute la troupe. Sut­ton Fos­ter a un jeu physique épatant et fait de Mar­i­an un per­son­nage féminin très mod­erne. Côté musique, la par­ti­tion est bril­la­ment orchestrée par Patrick Vac­cariel­lo. Deux heures 30 de pur bonheur ! ???

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