Un spectacle musical inédit, sur les traces de Judy Garland et les mystères entourant le tournage du Magicien d’Oz.
Londres. 1969. Épuisée et à bout de nerfs, Judy Garland s’apprête à donner une ultime série de concerts dans la capitale britannique. Ruinée, la star n’est plus la légende d’autrefois. Pourtant, les premières notes d’une mélodie lancinante résonnent encore dans sa tête, celles de « Over the Rainbow »… Invitée à revenir là où tout a commencé, Judy remonte le temps pour revenir sur le célèbre et tragique tournage du Magicien d’Oz. Abusée par le miroir aux alouettes d’une célébrité trop facile, Judy vivra une expérience aussi traumatisante que cruciale pour sa carrière naissante…
De son Minnesota natal en passant par les célèbres plateaux de la MGM, redécouvrez le parcours hors norme de la « Petite Fiancée de l’Amérique », entre rêves et désillusions, célébrité et déchéance. Un spectacle musical entre poésie, magie et amère réalité.
Notre avis : Judy Garland figure parmi les artistes dont le talent est aussi grand que la vie fut tragique. Il n’est pas surprenant que ces destins dramatiques constituent un matériel en or pour le cinéma et le théâtre. Après un biopic de l’artiste interprétée par Renée Zellweger en 2019 (oscarisée pour l’occasion), la compagnie Les Joyeux de La Couronne adapte à son tour, mais cette fois sur scène, le parcours de la star en jonglant entre ses derniers concerts à Londres et le tournage du Magicien d’Oz, œuvre fondatrice de sa carrière mais aussi de la misère qui ne la quittera plus.
Bouleversante, cette création est une très belle surprise.
L’élégance du texte écrit par Olivier Schmidt fait honneur à son sujet tant les dialogues sont joliment ciselés. La mise en scène s’est brillamment adaptée au tout petit écrin qu’est le Théo Théâtre en garantissant une parfaite fluidité entre les scènes sans jamais donner l’impression que la compagnie y est à l’étroit.
On constate avec plaisir tout au long de la pièce qu’un soin tout particulier a été apporté aux costumes. Ceci est d’autant plus appréciable que chaque comédien, mis à part le rôle principal, interprète une galerie de personnages, dès lors aisément individualisés.
La performance des comédien.nes est à souligner tant l’incarnation de multiples personnalités demande une certaine rigueur de jeu. Si quelques personnages sont plus maîtrisés que d’autres, la richesse de la proposition nous fait pardonner les ponctuelles fausses notes. On se délecte notamment de l’interprétation glaçante du patron de la MGM par Kevin Maille. Quant à Séverine Wolff, elle incarne Judy avec passion et précision, alternant délicatement entre l’enfant naïve et l’artiste désabusée.
D’un point de vue musical, la pièce pioche parmi les standards de l’époque joués sur bande. Les numéros chantés sont, à vrai dire, relativement anecdotiques en ce qu’ils ne font pas spécialement avancer l’histoire. S’ils n’étaient pas nécessaires en définitive, ils ne sont pas pour autant désagréables et on ne manquera pas d’apprécier la voix chaude de Maeve Jourand.
Il ne reste plus que deux vendredis pour applaudir Les Joyeux de la Couronne à Paris avant qu’ils n’empruntent la yellow brick road des artistes en direction d’Avignon. On ne saurait que vous conseiller de (re)découvrir ce qui se cache derrière l’arc-en-ciel !