Programme
20h Grande Salle
Clarisse Dalles (chant), Arnaud Tibere-Inglesse (piano) : extrait de Peer Gynt.
Trio SR9 et Kyrie Kristmanson : Venus Rising.
—
Thomas Enhco et Vassilena Serafimova : Bach Mirror.
—
CHLOE et Vassilena Serafimova : Sequenza.
23h05 Grand Foyer
Extraits d’une première étape de recherche sur une création lyrique contemporaine en cours. Mise en scène: Lucie Berelowitsch. Interprètes lyriques : Julie Hega, Raquel Camarinha et Sonia Bonny.
Au cœur du concert d’ouverture de saison 2024–2025, un seul ingrédient : la rencontre, sous toutes ses formes. Et ses déclinaisons, multiples ! Deux artistes, aux styles différents et parfois même antagoniques, sont invités à s’emparer de la grande salle le temps d’une grande soirée de rentrée. Autour de cette rencontre artistique impromptue, la naissance d’un duo composé pour l’occasion, mais aussi et surtout les retrouvailles entre les artistes et les publics du Châtelet autour d’une soirée organisée en trois temps : un pré-show, un concert et un after-show, pour célébrer la rentrée !
Notre avis : Nouvelle saison, nouvelles émotions. Ce concert d’ouverture du Châtelet, festif et dense, annonce une programmation à la fois éclectique et rassembleuse.
Après une « Chanson de Solveig » extraite du Peer Gynt d’Edvard Grieg interprétée en français avec beaucoup de fraîcheur et d’intensité par Clarisse Dalles et Arnaud Tibere-Inglesse, Olivier Py, directeur du Châtelet depuis un an et demi, a tenu à accueillir, de façon concise mais marquante, le public. Il nous renvoie à la brochure rose bonbon pour les détails de la saison, l’essentiel étant les artistes qui vont se succéder sur scène dans quelques instants. Il rappelle néanmoins qu’il est grand temps de prendre ses billets pour Les Misérables !
Le retard pris dans le déroulement de la soirée sur la scène de la grande salle ne nous a malheureusement pas permis, à presque minuit, de découvrir en son entier la création lyrique donnée dans le grand foyer. Dommage car l’atmosphère étrange qui se dégageait du mélange entre l’électro de Labelle et les voix parlées ou chantées à partir d’une histoire de robot a suscité notre curiosité…
Le retard en fin de soirée nous a paru trouver son origine dans une troisième partie trop longue. La Sequenza que déroulait la DJ électro CHLOÉ à partir d’échantillons joués en direct par la percussionniste Vasselina Serafimova, rejointe par le pianiste Thomas Enhco, excitante au début nous a semblé, dans la configuration d’une salle de théâtre, tourner en rond et se refermer sur elle-même. Si nous avions pu nous lever, danser et participer à l’effet de transe recherché, les choses auraient été sans doute bien différentes.
Thomas Enhco et Vassilena Serafimova, déjà eux, présentaient peu avant, en deuxième partie de soirée, leur Bach Mirror, un ensemble de morceaux variés composés à l’origine par le Cantor de Leipzig et revisités, selon les mots du pianiste, « comme si on passait, lors d’une fête foraine, dans une salle aux miroirs déformants ». L’effet est saisissant : ralentissements, accélérations, déstructurations, martèlements, ornementations, colorations jazz… Aucune variation n’échappe à la virtuosité du pianiste et de la joueuse de marimba, visiblement complices, qui n’hésitent pas à s’adresser au public pour expliquer leur projet, citer les titres des œuvres ou plaisanter sur la provenance des pièces de monnaie que la percussionniste scotche sur les lames de son marimba pour basculer, à l’instar du piano préparé de son duettiste, dans une sonorité électro. Audacieux et gagnant.
Déjà en première partie de soirée, nous étions sous le charme d’un piano et de percussions, celles du Trio SR9, auxquels se mêlait la voix ensorcelante de Kyrie Kristmanson. Encore plus qu’avec Enhco et Serafimova, sans doute parce que le chant et les mots qu’il véhicule nous plongent dans une dimension supplémentaire, la sincérité et le plaisir manifeste dans le geste d’offrir de l’émotion contribuent à une intimité enveloppante entre scène et salle. Avec un répertoire qui balaye huit siècles de composition musicale féminine, leur projet Venus Rising dégage une sensibilité, une sensualité et un bien-être irrésistibles. Dans des arrangements qui misent à la fois sur une rythmique développée et à une mise en valeur de la mélodie signés Grégoire Letouvet, on (re) découvre aussi bien Hildegard von Bingen que Germaine Tailleferre – mention spéciale et toute personnelle à une reprise envoûtante de In the Warm Room de l’iconique Kate Bush. Pour clore leur set, ils sont rejoints, après une anecdote charmante, par Judith Chemla pour une berceuse angélique composée par Kristmanson.
Cette soirée placée sous le signe de la diversité musicale, des complémentarités et de la fête donne l’image d’un Châtelet renouvelé dont la saison 2024–2025 s’annonce captivante. Sans parler – évidemment – de la nouvelle production des Misérables.