Les Quatre Saisons : une lecture qui ne manque pas de saveur

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Mardi 17 juin, plusieurs chanceux étaient invités à découvrir, en lecture, un nouveau projet de spectacle musical : Les Quatre Saisons. Avant d'avoir vu l'affiche, nous nous demandions si le titre faisait référence à la pizza préférée des végétariens ou aux concertos bien connus de Vivaldi – qui, hasard du calendrier, fêtent leurs trois cents ans cette année. Réponse : les deux !

C'est en effet dans une pizzeria et tout en chantant sur des musiques du célèbre compositeur baroque – parfois transformées – que les Moretti, tenanciers dudit restaurant italien, vont vivre une aventure peu commune. Ajoutons que cette histoire extraordinaire se déroule à Millau en 1968.

Le commerce hérité de l'aïeul, avec ses recettes traditionnelles et des ingrédients de qualité (« quarante ans d'amour et de parmesan »), bat de l'aile et n'a pas vraiment les faveurs des notables locaux – à savoir le commissaire, la femme du préfet et le curé. Face à des parents peu entreprenants et qui méprisent son intelligence et sa rectitude, le fils Moretti entend bien redresser la barre du commerce vacillant, une fois son diplôme en poche – mais les « événements » de mai 68 passeront par là... La grand-mère, en fauteuil roulant, semble avoir jeté l'éponge. Mais tout change le jour où un client passe l'arme à gauche, sans avoir réglé son addition. Afin de récupérer les quelques francs qu'il doit, on se met à fouiller dans le sac à dos du défunt. S'ils ont d'abord du mal à identifier quelle épice se cache dans tous les nombreux petits sachets qu'ils découvrent – de l'origan ? du cerfeuil musqué ? –, les Moretti se rendent à l'évidence : c'est du cannabis. Après l'agitation du moment et l'arrivée du commissaire, avec l'idée de détendre un peu l'atmosphère familiale, le père, en fin connaisseur, verse un peu d'herbe sur les pizzas qu'il sert à sa famille. Sous l'emprise, leur vient l'idée de prolonger l'expérience avec la clientèle. L'ajout à la carte de cette nouvelle pizza savoureuse ne sera pas sans conséquences sur le microcosme millavois. Seul le fils, aux fiers principes, dans un premier temps ignorant du stratagème, tentera de s'y opposer puis de le saborder...

Le livret de Gaëtan Borg et Stéphane Laporte, déjà réunis pour Exit et 31, ne manque pas de piment. Dans ce huis clos qui sent bon la pâte à pain et la sauce tomate, la famille Moretti qu'ils ont imaginée a quelque chose de mafieux-qui-s'ignorent : leur petite combine, très lucrative, de pizzas à la marijuana ne pose aucun cas de conscience aux adultes ; et la nonna, forcément sicilienne, n'hésitera pas à sortir son revolver quand les choses commenceront à sentir le roussi.

Pour plusieurs chansons, Jonathan Goyvaerts (au piano) et Sorel ont adjoint ou mélangé leurs compositions aux musiques de Vivalvi. Il en résulte un heureux mélange de musique « savante » comiquement détournée et d'ambiance plus contemporaine.

Sur scène, respectivement le fils, le père, la mère et la grand-mère, Pablo Cherrey-Iturralde (Chevaliers, Princesse et Dragon, Pinocchio, Tom Sawyer), Arnaud Masclet (Company, Les Misérables), Marie Ruggeri et Isabelle Turschwell (Carnet de notes, L'Arche) s'en donnent à cœur joie pour camper cette famille un brin foldingue prête à tout pour, selon le cas, s'en mettre plein les fouilles, restaurer son honneur ou respecter la loi.

La mise en scène de ce spectacle en projet est signée Patrick Alluin (Les Mystères de Paris, Exit). Le reste de la distribution qui nous a été communiquée compte Sandrine Lamblin (Huckleberry Finn) à la scénographie, Julia Allègre aux costumes et Mariejo Buffon (Exit) aux chorégraphies.

Souhaitons bonne route à ces Quatre Saisons.

Jonathan Goyvaerts, Arnaud Masclet, Isabelle Turschwell, Pabli Cherrey-Iturralde et Marie Ruggeri.

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