Once Upon a Mattress

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Hudson Theatre – 139-141 West 44th Street, New York.
Première le 12 août 2024. Jusqu'au 30 novembre 2024.
Pour en savoir plus, cliquez ici.

Notre avis : Vivace, séduisante, pleine d’enthousiasme, Sut­ton Fos­ter est l’une de ces comé­di­ennes dont la présence sur scène à Broad­way suf­fit à provo­quer un immense plaisir. Fréquem­ment mise en vedette ces dernières années dans des comédies musi­cales comme The Music Man, Any­thing Goes, Shrek, et récem­ment encore aux côtés de Josh Groban dans Sweeney Todd, elle est dev­enue une actrice que l’on a plaisir à revoir sur scène et à admir­er. Sa présence dans Once Upon a Mat­tress est d’autant plus un pur délice que c’est là l’occasion pour elle de man­i­fester son engoue­ment per­son­nel pour la comédie pure et sim­ple qu’elle pousse au maximum.

Ana Gastey­er, Michaem Urie © Joan Marcus

La comédie musi­cale elle-même lui donne le ton : un con­te fan­tai­siste, inspiré de La Princesse au petit pois de Hans Chris­t­ian Ander­sen, dont l’action se situe au Moyen Âge dans un roy­aume de pure inven­tion. C’est l’histoire de la princesse Win­nipeg, can­di­date au mariage avec le prince Daunt­less (« sans peur et sans reproche »), fils de la reine Aggra­vain, laque­lle exas­père et irrite tous ceux qui l’en­tourent – d’où son nom –, et du roi Sex­timus le Silen­cieux, muet de son état jusqu’à ce que « la souris dévore l’aigle » – un mau­vais sort que lui a jeté une sor­cière. Dans son désir de tout con­trôler, la reine impose un « test de sérénité » à l’aspirante princesse : celui de dormir dans un lit fait de vingt mate­las super­posés sous lesquels est dis­simulé un petit pois. Nous n’en dirons pas plus, mais c’est là le point de départ d’une œuvre déjan­tée, pleine de rebondisse­ments, qui, sou­vent, sem­ble s’inspirer des films des Marx Broth­ers par son élan et ses moments hors norme. Il faut le recon­naître : les spec­ta­teurs se lais­sent pren­dre au jeu et parta­gent l’enthousiasme des acteurs sur scène.

David Patrick Kel­ly, Michael Urie, Ana Gastey­er © Joan Marcus

Créée en 1959 sur un livret de Jay Thomp­son, Mar­shall Bar­er (égale­ment auteur des paroles) et Dean Fuller et une musique de Mary Rodgers (la fille du com­pos­i­teur Richard Rodgers), la pièce devait con­naître un grand suc­cès, grâce surtout à la presta­tion de la comé­di­enne Car­ol Bur­nett, qui fai­sait là ses débuts à Broad­way. Elle a été reprise par deux fois depuis sa créa­tion, en 1996 et en 2015, avec Sarah Jes­si­ca Park­er et Jack­ie Hoff­man respec­tive­ment en tête d’affiche. Cette nou­velle pro­duc­tion, remod­elée et mod­i­fiée pour le mieux par Amy Sher­man-Pal­ladi­no, est pro­gram­mée, en principe, jusqu’à fin novembre.

Michael Urie, Sut­ton Fos­ter… © Joan Marcus

Dans des décors lumineux dus à David Zinn, bril­lam­ment illu­minés par Justin Townsend, les acteurs, qui por­tent tous des cos­tumes col­orés conçus par Andrea Hood, se don­nent à cœur joie dans cette fan­taisie pleine d’humour. Ana Gastey­er, dans le rôle d’ Aggra­vain, n’est pas sans évo­quer la Reine iras­ci­ble à laque­lle se heurte Alice au pays des mer­veilles dans la ver­sion imag­inée par Walt Dis­ney, et dont les éclats de voix et éclabous­sures vocales sont les traits de sa per­son­nal­ité. Le Roi, incar­né par David Patrick Kel­ly, fait penser à Har­po avec son hum­ble atti­tude et ses mim­iques silen­cieuses qui en dis­ent long. Quant au Prince, joué à la per­fec­tion par Michael Urie, il est un imbé­cile heureux encore sous l’emprise de sa reine de mère et, sem­ble-t-il, inca­pable de pren­dre des déci­sions pour lui-même, sauf celle de, finale­ment, épouser Winnifred.

Sut­ton Fos­ter… © Joan Marcus

À leurs côtés, d’autres acteurs, excel­lents dans des rôles sec­ondaires, con­tribuent au déroule­ment de l’action. Par­mi eux se dis­tinguent par­ti­c­ulière­ment : Will Chase sous les traits de Sir Har­ry, cheva­lier d’une table plutôt car­rée ; Nik­ki Renée Daniels dans le rôle de Lady Larken, dame de com­pag­nie de la Reine, amoureuse et enceinte de Har­ry ; Daniel Break­er en bouf­fon ani­ma­teur de la soirée ; et Brooks Ash­man­skas en magi­cien. La mise en scène de Lear deBessonet et la choré­gra­phie de Lorin Latar­ro insuf­flent au spec­ta­cle son esprit par­fois déli­rant et con­tribuent large­ment au plaisir que l’on a à voir cette comédie musicale.

Sut­ton Fos­ter © Joan Marcus

Mais l’attrait prin­ci­pal de cette reprise, c’est bien sûr Sut­ton Fos­ter, qui donne ici toute la mesure de ses pro­pres tal­ents de comé­di­enne dans un rôle qui sem­ble avoir été écrit spé­ci­fique­ment pour elle. Grâce à elle, cette reprise dépasse, et de loin, toutes les ver­sions de cette œuvre précédem­ment vues à Broad­way et sert de prélude engageant à la nou­velle sai­son qui s’annonce.

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