Road movie en HLM

0
1169

Comédie des 3 Bornes – 32, rue des Trois-Bornes, 75011 Paris.
Du 6 février au 25 juin 2024, tous les mardis à 21h.
Pour en savoir plus et réserver vos places, cliquez ici.

Road movie en HLM retrace, en une nuit sym­bol­ique, la recon­struc­tion d’une maman solo qui part à la con­quête d’elle-même et de sa liberté.
Quand il dort, c’est sa par­en­thèse, son petit temps pour elle, celui où elle se glisse dans la nuit, où elle se dit qu’elle a encore l’âge de croire au print­emps et qu’il faut qu’elle s’occupe d’elle aussi.

La nuit, une mère céli­bataire apprend ain­si à apprivois­er sa soli­tude et à la trans­former en ren­dez-vous d’amour. Rep­longée dans les étapes du deuil de son cou­ple, elle prend peu à peu con­science de l’étendue de ses ressources, et décide de mon­ter un spec­ta­cle qui prend pour fil con­duc­teur sa pro­pre recon­struc­tion de mère-artiste et de femme libre, coûte que coûte.

Notre avis : Après s’être séparé de son com­pagnon qu’elle a suivi dans le sud de la France, une femme revient vivre en Seine-Saint-Denis avec leur enfant de qua­tre ans, dont elle finit par obtenir la garde. Un retour aux sources, un nou­v­el enracin­e­ment, un fils qu’elle chérit sans le cou­ver, mais tout reste à recon­stru­ire pour cette mère désori­en­tée : la con­fi­ance en soi, l’amour-pro­pre, les pro­jets pro­fes­sion­nels, les rêves d’amour… Comme elle a déjà repéré deux-trois failles chez elle, le tra­vail peut com­mencer. Et comme elle est comé­di­enne, elle s’imag­ine se libér­er de son car­can en s’osant devant une caméra, en se racon­tant, en déroulant le road movie de sa vie.

En dépit d’un con­texte social mar­qué, ce seule-en-scène ne verse jamais dans le mis­éra­bil­isme. Le texte de Cécile Dumouti­er, un mono­logue de près d’une heure, sait ren­dre compte du quo­ti­di­en dans une écri­t­ure sim­ple, par­fois hachée et terre-à-terre, où tout est relaté : les actions en cours, les répliques des per­son­nages absents. Il aime aus­si se col­or­er de petits détails, d’al­lu­sions qui con­tribuent à l’am­biance générale et au car­ac­tère du per­son­nage. Il va égale­ment s’é­bat­tre dans une cer­taine fan­taisie, celle dont a dés­espéré­ment besoin cette femme artiste pour affron­ter ses peurs et aller de l’a­vant. Si les pre­mières min­utes nous ont sem­blé un peu apathiques, à l’in­star de la pro­tag­o­niste, si cer­tains états d’âme nous ont paru vers­er dans la facil­ité du déjà-vu et si les zestes d’hu­mour, telle cette presta­tion cos­tumée à un goûter d’an­niver­saire pour enfants, auraient pu gag­n­er en folie, il faut recon­naître l’ef­fi­cac­ité d’un lent crescen­do qui s’étire sur cinq années de vie – comme si le paysage tra­ver­sé par ce voy­age intérieur ne changeait qu’im­per­cep­ti­ble­ment, revis­i­tant par­fois des lieux fam­i­liers, telle cette jolie trou­vaille de dia­logue avec la lune, ou explo­rant ici ou là des recoins plus gais.

Sur le plateau étroit et peu pro­fond de la Comédie des 3 Bornes, le linge qui sèche ou qui traîne laisse devin­er les con­tours d’une HLM, avant d’être replié et rangé, signe d’une reprise de con­trôle sur le cours de l’ex­is­tence. La séquence finale, d’une émou­vante sim­plic­ité, con­firme un choix de mise en scène sans sur­charge ni faux-pas.

Comme on appré­cie la musique à Regard en Coulisse, on aurait aimé enten­dre davan­tage de vir­gules chan­tées et accom­pa­g­nées au ukulélé qui vien­nent éclair­er, appro­fondir, tran­scen­der la parole, surtout que Cécile Dumouti­er déploie un tim­bre très agréable, en plus d’épouser les con­tours de son texte et de par­courir tout un éven­tail d’émotions.

Un spec­ta­cle feel good à décou­vrir pour son sujet sen­si­ble, son écri­t­ure fine et son inter­prète investie.

-Publicité-

LAISSER UN COMMENTAIRE

S'il vous plaît entrez votre commentaire!
S'il vous plaît entrez votre nom ici