Concert d’ouverture de saison du Châtelet

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Théâtre du Châtelet – 75001 Paris.
Le 10 septembre 2024.
Renseignements sur le site du Châtelet.

Pro­gramme
20h Grande Salle
Clarisse Dalles (chant), Arnaud Tibere-Ing­lesse (piano) : extrait de Peer Gynt.
Trio SR9 et Kyrie Krist­man­son : Venus Ris­ing.

Thomas Enhco et Vas­sile­na Ser­afi­mo­va : Bach Mir­ror.

CHLOE et Vas­sile­na Ser­afi­mo­va : Sequen­za.
23h05 Grand Foyer
Extraits d’une pre­mière étape de recherche sur une créa­tion lyrique con­tem­po­raine en cours. Mise en scène: Lucie Berelow­itsch. Inter­prètes lyriques : Julie Hega, Raquel Camar­in­ha et Sonia Bonny.

Au cœur du con­cert d’ouverture de sai­son 2024–2025, un seul ingré­di­ent : la ren­con­tre, sous toutes ses formes. Et ses décli­naisons, mul­ti­ples ! Deux artistes, aux styles dif­férents et par­fois même antag­o­niques, sont invités à s’emparer de la grande salle le temps d’une grande soirée de ren­trée. Autour de cette ren­con­tre artis­tique impromptue, la nais­sance d’un duo com­posé pour l’occasion, mais aus­si et surtout les retrou­vailles entre les artistes et les publics du Châtelet autour d’une soirée organ­isée en trois temps : un pré-show, un con­cert et un after-show, pour célébr­er la rentrée !

Notre avis : Nou­velle sai­son, nou­velles émo­tions. Ce con­cert d’ou­ver­ture du Châtelet, fes­tif et dense, annonce une pro­gram­ma­tion à la fois éclec­tique et rassembleuse.

Après une « Chan­son de Solveig » extraite du Peer Gynt d’Ed­vard Grieg inter­prétée en français avec beau­coup de fraîcheur et d’in­ten­sité par Clarisse Dalles et Arnaud Tibere-Ing­lesse, Olivi­er Py, directeur du Châtelet depuis un an et demi, a tenu à accueil­lir, de façon con­cise mais mar­quante, le pub­lic. Il nous ren­voie à la brochure rose bon­bon pour les détails de la sai­son, l’essen­tiel étant les artistes qui vont se suc­céder sur scène dans quelques instants. Il rap­pelle néan­moins qu’il est grand temps de pren­dre ses bil­lets pour Les Mis­érables !

Le retard pris dans le déroule­ment de la soirée sur la scène de la grande salle ne nous a mal­heureuse­ment pas per­mis, à presque minu­it, de décou­vrir en son entier la créa­tion lyrique don­née dans le grand foy­er. Dom­mage car l’at­mo­sphère étrange qui se dégageait du mélange entre l’élec­tro de Labelle et les voix par­lées ou chan­tées à par­tir d’une his­toire de robot a sus­cité notre curiosité…

© Alexan­dre Guirking

Le retard en fin de soirée nous a paru trou­ver son orig­ine dans une troisième par­tie trop longue. La Sequen­za que déroulait la DJ élec­tro CHLOÉ à par­tir d’échan­til­lons joués en direct par la per­cus­sion­niste Vas­seli­na Ser­afi­mo­va, rejointe par le pianiste Thomas Enhco, exci­tante au début, nous a sem­blé, dans la con­fig­u­ra­tion d’une salle de théâtre, tourn­er en rond et se refer­mer sur elle-même. Si nous avions pu nous lever, danser et par­ticiper à l’ef­fet de transe recher­ché, les choses auraient été sans doute bien différentes.

Thomas Enhco et Vas­sile­na Ser­afi­mo­va, déjà eux, présen­taient peu avant, en deux­ième par­tie de soirée, leur Bach Mir­ror, un ensem­ble de morceaux var­iés com­posés à l’o­rig­ine par le Can­tor de Leipzig et revis­ités, selon les mots du pianiste, « comme si on pas­sait, lors d’une fête foraine, dans une salle aux miroirs défor­mants ». L’ef­fet est sai­sis­sant : ralen­tisse­ments, accéléra­tions, déstruc­tura­tions, martèle­ments, orne­men­ta­tions, col­orations jazz… Aucune vari­a­tion n’échappe à la vir­tu­osité du pianiste et de la joueuse de marim­ba, vis­i­ble­ment com­plices, qui n’hési­tent pas à s’adress­er au pub­lic pour expli­quer leur pro­jet, citer les titres des œuvres ou plaisan­ter sur la prove­nance des pièces de mon­naie que la per­cus­sion­niste scotche sur les lames de son marim­ba pour bas­culer, à l’in­star du piano pré­paré de son duet­tiste, dans une sonorité élec­tro. Auda­cieux et gagnant.

©Lau­ra Gilli

Déjà en pre­mière par­tie de soirée, nous étions sous le charme d’un piano et de per­cus­sions, celles du Trio SR9, aux­quels se mêlait la voix ensor­ce­lante de Kyrie Krist­man­son. Encore plus qu’avec Enhco et Ser­afi­mo­va, sans doute parce que le chant et les mots qu’il véhicule nous plon­gent dans une dimen­sion sup­plé­men­taire, la sincérité et le plaisir man­i­feste dans le geste d’of­frir de l’é­mo­tion con­tribuent à une intim­ité envelop­pante entre scène et salle. Avec un réper­toire qui bal­aye huit siè­cles de com­po­si­tion musi­cale fémi­nine, leur pro­jet Venus Ris­ing dégage une sen­si­bil­ité, une sen­su­al­ité et un bien-être irré­sistibles. Dans des arrange­ments qui mis­ent à la fois sur une ryth­mique dévelop­pée et à une mise en valeur de la mélodie signés Gré­goire Letou­vet, on (re) décou­vre aus­si bien Hilde­gard von Bin­gen que Ger­maine Taille­ferre – men­tion spé­ciale et toute per­son­nelle à une reprise envoû­tante de In the Warm Room de l’i­conique Kate Bush. Pour clore leur set, ils sont rejoints, après une anec­dote char­mante, par Judith Chem­la pour une berceuse angélique com­posée par Kristmanson.

Cette soirée placée sous le signe de la diver­sité musi­cale, des com­plé­men­tar­ités et de la fête donne l’im­age d’un Châtelet renou­velé dont la sai­son 2024–2025 s’an­nonce cap­ti­vante. Sans par­ler – évidem­ment – de la nou­velle pro­duc­tion des Mis­érables.

 

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