- On aurait aimé penser que la reprise des spectacles à l’automne dernier allait permettre aux théâtres de Broadway de se remettre de la grave situation qui avait vu la fermeture de 41 spectacles en mars 2020 suite à l’épidémie de la Covid-19, avec plus de 60 000 acteurs, musiciens, chorégraphes et autres techniciens du spectacle sans travail pendant plus de 18 mois.
Mais il faut bien se rendre à l’évidence : la crise se poursuit inlassablement avec des résultats pour le moins angoissants. Ce n’était pas suffisant que les spectacles soient frappés par des fermetures temporaires de quelques jours ou d’une semaine ou deux dès qu’un acteur ou musicien, même vacciné, testé positif et porteur de la dernière variante du virus, que ce soit Delta ou Omicron. La réalité est que Broadway n’arrive pas à se remettre du fléau qui l’accable. Maintenant que les fêtes de fin d’année, qui attirent toujours les foules qui désirent marquer l’occasion en allant voir un spectacle, sont un souvenir lointain, les spectateurs restent à l’écart des théâtres ; les ventes de billets sont en baisse, des spectacles que l’on estimait être des valeurs sûres ne font plus recette comme avant, et même les œuvres censées attirer les foules commencent à battre de l’aile.
Selon un article paru aujourd’hui dans le New York Times, dans la semaine du 3 au 9 janvier, plus de 60 % des places dans les théâtres sont restées inoccupées – un désastre pour les producteurs qui doivent compter sur des salles aux trois quarts remplies pour assurer des recettes valables leur permettant de faire face à leurs obligations financières. Déjà neuf spectacles ont décidé de baisser le rideau à la suite des nouvelles difficultés qui se manifestent : certains pour une durée indéterminée comme To Kill a Mockingbird, pièce inspirée du célèbre film réalisé en 1962, qui jouait jusqu’alors à guichets fermés ; d’autres comme certains grands succès du théâtre musical – Ain’t Too Proud, Jagged Little Pill et Waitress – de façon définitive.
Parmi d’autres comédies musicales également en difficulté, se trouvent des œuvres récentes : Diana, inspirée de la vie de la princesse de Galles ; Flying Over Sunset une œuvre qui relate la rencontre fictive de trois personnalités des années 1950, dont l’acteur Cary Grant, sous l’emprise de drogues hallucinogènes ; Girl From the North Country, construite autour de chansons rendues célèbres par Bob Dylan ; et Mrs. Doubtfire une adaptation du film éponyme sorti en 1993 et dont Robin Williams était la vedette.
Les œuvres les plus populaires ou de longue durée, comme Le Roi lion, Le Fantôme de l’Opéra, Aladdin, Hamilton, Moulin Rouge! ou Wicked, continuent d’attirer les spectateurs, mais les recettes hebdomadaires sont loin d’égaler ce qu’elles devraient être, même pour un mois de janvier, période connue pour être parmi l’une des moins actives de l’année. Signe des temps, alors qu’avant la crise un billet pour Hamilton était de 847 $, on peut maintenant voir le spectacle pour « seulement » 299 $. Et Moulin Rouge!, qui jouait à guichets fermés dès avant sa première en août 2019, offre maintenant des places à prix réduits.
Pour se faire une idée plus juste de la situation, à partir de la semaine prochaine, il y aura seulement 19 spectacles présentés à Broadway, ce qui laisse plus de la moitié des théâtres fermés et bien d’autres sur le point d’en faire autant.