Dans quel état d’esprit êtes-vous en vue de cette nouvelle grande fête ?
Euphorique ! C’est une chance incroyable de faire ce grand show qui mobilise autant de monde. Je suis reconnaissant envers Radio France puisque le grand plateau servira cette année encore d’écrin aux 22 musiciens, dirigés par les fantastiques Thierry Boulanger et Patrick Peyrieras, deux grands maîtres. Je remercie également Marc Voinchet pour sa confiance renouvelée et je n’oublie pas la SACD, notre partenaire qui nous permettra de découvrir une nouvelle mini-comédie musicale originale. Agnès Boury ne manque pas d’idées de mise en scène pour rythmer cette soirée exceptionnelle, qui est destinée au grand public et pas uniquement aux amateurs du genre. Mon but a toujours été de faire découvrir la comédie musicale à un public très large. Il y en aura donc pour tous les goûts, en sachant que cette année, la soirée sera sous l’égide de Gene Kelly. Sa femme, Patricia Kelly, qui a déjà participé à une formidable série d’émissions (« Gene Kelly et moi ») sera là. L’âme du danseur ne sera pas loin. D’ailleurs, la soirée tournera beaucoup autour de la danse.
Est-ce que ce sera un hommage ?
Oui et non. Oui parce que la mémoire de cet homme incroyable sera l’occasion d’un hommage plus que mérité. Non parce que, si l’on considère la danse, il ne sera pas question de numéros « à la manière de ». Patricia Kelly m’a confié qu’il n’aurait pas aimé cela, lui qui cherchait sans cesse à innover et privilégiait la nouveauté. Nous ne voulons pas le décevoir ! C’est ainsi que des chorégraphies ont été inventées spécialement pour nous. C’est un luxe car je sais bien que l’aspect dansé d’une comédie musicale exige de nombreuses répétitions – c’est un coût important. C’est peut-être pourquoi la danse est souvent le parent pauvre dans les musicals français, surtout au cinéma. Nous avons la chance que la soirée soit filmée et donc disponible pour tout le public, qui pourra donc apprécier le travail incroyable de tous ces artistes.
Pouvez-vous nous en dire plus sur votre programmation ?
Encore beaucoup d’avant-premières au menu… Nous accueillerons par exemple Roberto Alagna pour Al Capone, mais aussi David Lescot qui nous parlera de sa nouvelle comédie musicale La force qui ravage tout, avec la même équipe que Une femme se déplace. Il sera également question d’une série diffusée sur France.tv/Slash : ReuSSS, ma cité va chanter, ma cité va chanter. Elle se déroule à Montpellier et est traitée intégralement sous la forme d’une comédie musicale. Concernant les États-Unis, je suis heureux que Liam Forde soit parmi nous.
De quelle nature sera la comédie musicale originale ?
J’adore « pervertir » un artiste à la comédie musicale. Ce fut le cas avec Zabou Breitman et Agnès Jaouy, qui nous ont offert de superbes moments. Je cherche toujours une ou un artiste que l’on n’attend pas. Cette année, ce sera Catastrophe, un groupe dont le dernier concept album intitulé Gong! est une comédie musicale… Blandine Rinkel et Pierre Jouan, deux membres fondateurs, avaient programmé une « 42e rue », et j’ai eu envie de les associer à ce pari, en sachant que cette carte blanche, pour coller avec le thème, se doit d’être teintée de Gene Kelly… La chanteuse Novembre Ultra fait partie des interprètes. Elle m’a confié tout son amour pour la comédie musicale. Quant à Blandine Rinkel, elle a depuis sorti un roman, Vers la violence, qui remporte beaucoup de succès. Cet exercice est bien entendu tout autre.
Quel âge a votre émission ?
14 ans ! Lorsque je me suis lancé dans cette aventure, c’était avec la ferme intention qu’elle devienne pérenne ; je suis plus que ravi de pouvoir la proposer tous les dimanches. Au début, je la considérais comme « la première émission de radio consacrée à la comédie musicale ». Mais, en fait, elle restée « la seule »… Ce qui me plaît énormément, c’est d’accompagner de jeunes talents. Suivre le parcours, par exemple, de Marie Oppert qui a débuté toute jeune au Châtelet et qui est aujourd’hui pensionnaire de la Comédie-Française. Accueillir Pasek & Paul, invités à venir à Paris pour les représentations organisées par le American Musical Theatre ; aujourd’hui, ce sont les rois de Broadway (Dear Evan Hansen). J’adore découvrir de jeunes talents, je me souviens par exemple d’une version de Company jouée en banlieue dans une maison : le principe immersif voulait que les spectateurs se déplacent de pièce en pièce pour découvrir le spectacle. Formidable ! Parmi la troupe se trouvait Malaïka, qui joue désormais le gourou dans Starmania. J’ai pu voir éclore les diverses écoles de comédie musicale. Notre pays ne manque pas de talents, mais je doute que l’offre soit suffisante pour employer tous ces artistes.
Le public vous semble-t-il de plus en plus sensible au musical ?
Il serait présomptueux pour moi de tirer des conclusions. En revanche, je constate que chaque émission publique au Carreau du Temple affiche complet. Nous accompagnons le mouvement du genre en France. En ce mois de décembre, l’offre est pléthorique. Les spectateurs semblent de nouveau avoir l’envie de voir des spectacles musicaux. Pour prendre un exemple emblématique : Starmania, avec ses 4 000 spectateurs par représentation, affiche quasiment complet ! Les Producteurs, pour rester dans les grosses productions, joue les prolongations avec un casting sans tête d’affiche. Et je me souviens, après le premier confinement dû à la Covid, de l’émotion de mon équipe à France Musique, mêlée à celle des artistes qui venaient chanter en direct. Dès que la lumière était rouge, signe de la diffusion, quelque chose de magique se passait, de l’ordre d’une renaissance.
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