Un West Side Story très attendu

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L'adaptation cinématographique par Steven Spielberg du musical cultissime sort dans les salles françaises le 8 décembre. À quoi faut-il s'attendre ?


Soix­ante ans après la sor­tie sur grand écran du mythique film West Side Sto­ry signé Robert Wise et Jerome Rob­bins, Steven Spiel­berg offre sa ver­sion du mon­u­ment de la comédie musi­cale – dont on oublie par­fois qu’il fut d’abord un spec­ta­cle de Broad­way avant d’être un immense suc­cès de cinéma.

Le réal­isa­teur, cham­pi­on du box-office et dont c’est le pre­mier film musi­cal, était tombé amoureux de l’al­bum à l’âge de 10 ans. En faisant sienne cette œuvre légendaire, il accom­plit la promesse qu’il s’é­tait faite à lui-même et con­cré­tise un rêve d’enfance.

Filmé à l’été 2019 pour une sor­tie pro­gram­mée la semaine précé­dant Noël 2020 mais repoussée en rai­son de la sit­u­a­tion san­i­taire, ce nou­veau long-métrage musi­cal arrivera dans les salles le 8 décem­bre en France et le 10 décem­bre 2021 aux États-Unis.

Depuis que la pre­mière bande-annonce (offi­cial teas­er ↓) a été présen­tée le 25 avril dernier lors de la céré­monie des Oscars, for­cé­ment on se pince, on s’agite, on se pose des ques­tions, on imag­ine, on rêve… On n’y entend aucun dia­logue, seule­ment les pre­mières notes sif­flées du « Pro­logue » (à la façon de l’al­bum du Broad­way Orig­i­nal Cast), repris­es à l’orchestre – la ten­sion monte – puis soudain quelques paroles apaisantes de « Some­where » chan­tées par Rita Moreno. On devine avec délec­ta­tion et on retrou­ve déjà toutes les scènes et ambiances emblé­ma­tiques de l’œuvre…

Mi-sep­tem­bre, une deux­ième bande-annonce (offi­cial trail­er ↓) assez cen­trée sur le per­son­nage de Maria, qui chante « Tonight », en mon­trait beau­coup plus :

Début novem­bre, une courte vidéo sous-titrée « Trou­ble » se con­cen­trait sur la vio­lence du livret :

Fin novem­bre, une nou­velle vidéo, plus longue, révélait d’autres séquences : la ren­con­tre entre Maria et Tony au bal (« Dance at the Gym »), le bal­let de « Amer­i­ca », qui s’an­nonce grandiose, et… une scène avec le nou­veau per­son­nage incar­né par Rita Moreno ? :

Tou­jours fin novem­bre, une nou­velle vidéo n’en dévoilait pas beau­coup plus mais cherche claire­ment à attir­er le pub­lic en ces fêtes de fin d’an­née : « The most cel­e­brat­ed love sto­ry of all time is the movie event of the hol­i­day season. »

Quelques heures après la pro­jec­tion réservée aux pro­fes­sion­nels le 29 novem­bre à New York, on pou­vait décou­vrir un extrait de la scène du bal­con « Tonight » :

Pourquoi un nouveau film ?

Le film réal­isé par Robert Wise et Jerome Rob­bins, a, dès sa sor­tie en 1961, séduit le pub­lic et les pro­fes­sion­nels – dix Oscars récoltés ! Le qual­i­fi­er d’œu­vre culte n’est pas men­tir. Une nou­velle ver­sion était-elle donc utile, souhaitable, néces­saire, indispensable ?

Steven Spiel­berg rap­pelle l’u­ni­ver­sal­ité et la moder­nité du livret d’Arthur Lau­rents : « Les divi­sions entre gens qui pensent dif­férem­ment sont vieilles comme le monde. Celles entre les Sharks et les Jets en 1957 étaient pro­fondes, mais pas autant que celles dont nous sommes témoins aujour­d’hui. Pen­dant l’écri­t­ure même du scé­nario, qui a pris cinq ans, la sit­u­a­tion a encore pris d’autres pro­por­tions, ce qui, mal­heureuse­ment, à mon avis, fait de ces con­flits raci­aux – qui ne sont pas seule­ment des frac­tures ter­ri­to­ri­ales – un sujet encore plus per­ti­nent pour le pub­lic d’au­jour­d’hui qu’il ne l’é­tait en 1957. Cette his­toire est si pro­fonde qu’elle par­le à toutes les généra­tions, celle de l’amour qui répare les frac­tures. Elle est intem­porelle au sens où elle se rap­pelle à nous aus­si sou­vent que possible. »

L’écri­t­ure du nou­veau scé­nario a été con­fiée à Tony Kush­n­er, l’au­teur de la pièce à suc­cès Angels in Amer­i­ca et déjà col­lab­o­ra­teur de Steven Spiel­berg sur les films Munich et Lin­coln.

Le regret­té Stephen Sond­heim, devenu un peu mal­gré lui à l’âge de 25 ans le paroli­er de West Side Sto­ry puis élevé au rang de « dieu du musi­cal », por­tait un juge­ment cri­tique sur le film de 1961. Analysant les dif­férences d’im­pact sur le pub­lic entre une pièce ou un musi­cal et son adap­ta­tion au ciné­ma, il déclarait en 2016 : « Je ne pense pas que West Side Sto­ry [la ver­sion de 1961, N.D.L.R.] soit un bon film, parce que ce n’est pas un film : c’est la pho­togra­phie d’une scène. Quand je vois un gang de délin­quants juvéniles danser le long d’une rue réelle, Broad­way, por­tant des ten­nis aux couleurs assor­ties, avec au-dessus d’eux qui sèche du linge aux couleurs assor­ties, je ne ressens aucune peur. » Il recon­nais­sait cepen­dant que c’est le film de 1961 qui a ren­du le musi­cal pop­u­laire, tan­dis que son suc­cès à Broad­way lors de la créa­tion a été plutôt lim­ité. Par ailleurs, inter­rogé en 2020 à pro­pos de la per­ti­nence d’une nou­velle mise en scène pour le théâtre – celle d’I­vo van Hove et Anne Tere­sa de Keers­maek­er mon­tée à Broad­way, fraîche­ment accueil­lie puis coupée dans son élan par le con­fine­ment –, il répondait que ce qui main­tient le spec­ta­cle vivant en vie, c’est la réin­ter­pré­ta­tion, le change­ment de dis­tri­b­u­tion, la réap­pro­pri­a­tion par les nou­velles généra­tions… con­traire­ment au ciné­ma qui fige l’in­ter­pré­ta­tion dans un espace-temps.

Le même Sond­heim a jugé le film de Spiel­berg « excel­lent, for­mi­da­ble ». En sep­tem­bre dernier, il invi­tait publique­ment tout le monde à aller le voir, ajoutant que « pour ceux qui pensent con­naître le spec­ta­cle, il y aura de vraies sur­pris­es ». Il attribue cette réus­site au scé­nar­iste Tony Kush­n­er : « Il a vrai­ment su faire preuve d’imag­i­na­tion et d’in­no­va­tion dans la façon dont les chan­sons sont util­isées dans l’his­toire, et l’ensem­ble étin­celle d’une réelle énergie ; ça fait du bien, ce renou­veau ! Tout est de pre­mière qual­ité. Les films musi­caux sont dif­fi­ciles à faire ; et celui-ci, Spiel­berg et Kush­n­er l’ont par­faite­ment réussi. »

La musique

Pour ce nou­veau West Side Sto­ry sur grand écran, la géniale par­ti­tion de Leonard Bern­stein, auda­cieuse et révo­lu­tion­naire dans son util­i­sa­tion croisée du jazz, de rythmes sud-améri­cains et d’en­volées sym­phoniques, a été arrangée et adap­tée par David New­man pour épouser au mieux la struc­ture nar­ra­tive et, pos­si­ble­ment, pour la ren­dre plus au goût du jour. Rap­pelons que le com­pos­i­teur n’avait pas caché son mécon­tente­ment en enten­dant la réorches­tra­tion réal­isée pour le film de 1961, la trou­vant « envahissante et man­quant de tex­ture et de finesse » par rap­port à l’ef­fec­tif réduit prévu pour la scène de Broadway.

La bande-son a été enreg­istrée par – excusez du peu ! – l’Orchestre phil­har­monique de New York placé sous la baguette du chef vénézuélien Gus­ta­vo Dudamel – depuis peu directeur musi­cal de l’Opéra nation­al de Paris. Par ailleurs, Steven Spiel­berg a tout naturelle­ment pu compter sur les con­seils avisés de son col­lab­o­ra­teur de longue date, le com­pos­i­teur qu’on ne présente plus : John Williams (E.T., Juras­sic Park, Il faut sauver le sol­dat Ryan, La Liste de Schindler…). Enfin, Jea­nine Tesori, com­positrice pro­lifique et arrangeuse à Broad­way, con­nue pour avoir écrit la musique de Shrek the Musi­cal en 2008 et rem­porté le Tony de la meilleure par­ti­tion orig­i­nale en 2015 pour Fun Home, a tra­vail­lé auprès des artistes comme coach vocal.

Con­traire­ment à la ver­sion de 1961 qui exploitait des « ghots singers » pour dou­bler les par­ties chan­tées des rôles prin­ci­paux, les chan­sons ont été préen­reg­istrées par les actri­ces et les acteurs eux-mêmes, qui ont ensuite joué en play­back – hormis pour les duos « One Hand, One Heart » et « A Boy Like That / I Have a Love » et cer­taines mesures de « Maria », qui ont été cap­tés en direct sur le tournage.

On peut se faire une idée des voix des pro­tag­o­nistes et de l’orches­tra­tion dans le duo « Bal­cony Scene (Tonight) » déjà disponible à l’é­coute dans son intégralité :

La bande orig­i­nale du film sera disponible numérique­ment le 3 décem­bre et sur sup­port physique le 10 décembre.

« A Boy Like That / I Have a Love » est par­ti­c­ulière­ment sai­sis­sant, même sans les images.

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1957…1961… 2021 : l’évolution de West Side Story

Dans une vidéo dif­fusée fin octo­bre ?, on y entend Steven Spiel­berg se dire fier et hon­oré de « racon­ter cette his­toire d’après le musi­cal de Broad­way de 1957 ». Il l’af­fir­mait encore plus claire­ment dans une inter­view : « Tout ce que j’ai fait s’in­spire du musi­cal orig­i­nal de Broad­way. Je ne me suis en rien inspiré du film de Wise et Rob­bins, bien que je l’aime énormément. »

Il faut donc s’at­ten­dre à une plus grande fidél­ité à l’œu­vre scénique orig­i­nale, qui précède de qua­tre ans le film réal­isé par Robert Wise et Jerome Rob­bins… On sait pour­tant désor­mais que cer­taines chan­sons ont été déplacées et cer­tains lieux de l’ac­tion changés, trans­for­mant ain­si cer­taines inten­tions du livret et cer­tains ressorts de l’ac­tion

Dans le remake de 2021, comme pour le film de 1961, le numéro comique « Gee! Offi­cer Krup­ke » a été avancé dans la pre­mière par­tie de l’his­toire, c’est-à-dire avant le dra­ma­tique « Rum­ble » qui signe le dou­ble meurtre de Riff et Bernar­do. Lors de la pre­mière adap­ta­tion au ciné­ma, Stephen Sond­heim avait mil­ité pour ce remaniement logique qui évite de faire chanter aux Jets des absur­dités comiques juste après avoir été témoins d’une tuerie.

« Amer­i­ca », qui oppose les pré­ten­dues ver­tus du mode de vie aux États-Unis à la réal­ité vécue par les immi­grés por­tor­i­cains, sur scène unique­ment chan­té par les filles des Sharks, fait, dans les deux films, inter­venir les garçons. Par ailleurs, la ver­sion de 1961 avait déplacé ce numéro avant la scène du bal­con. Celle de 2021 main­tient sa place après, mais situe l’ac­tion le lende­main matin plutôt que le soir même du coup de foudre au bal ; aus­si, Stephen Sond­heim, qui a col­laboré avec le réal­isa­teur sur dif­férents aspects du film, dis­ait s’at­tel­er à l’écri­t­ure de nou­velles paroles…

« Some­where », chan­té en 1957 depuis la coulisse pour accom­pa­g­n­er un inter­lude dan­sé, était devenu, dans le film de 1961, un duo entre Tony et Maria situé immé­di­ate­ment après la rixe, comme un espoir fan­toma­tique partagé par les deux pro­tag­o­nistes affir­mant leur amour en dépit ou à cause de la vio­lence qui venait de s’a­bat­tre sur leur monde. En 2021, cet air est chan­té par un nou­veau per­son­nage joué par Rita Moreno (on en entend quelques notes dans la pre­mière bande-annonce).

« Cool », chan­té dans la pièce par Riff à ses Jets avant qu’ils n’ail­lent affron­ter les Sharks, avait été déplacé dans le film de 1961 après la bagarre et la mort de Riff, pour se trou­ver chan­té par Ice, devenu le nou­veau leader, dans le but de calmer les Jets ; en 2021, il reste en pre­mière par­tie mais enton­né par Tony à l’at­ten­tion de Riff pour ten­ter de le calmer et d’an­nuler le com­bat entre les deux bandes.

Dans le film de 2021, « Some­thing’s com­ing » prend un relief un peu dif­férent. Tony chante cet air opti­miste, encour­agé par Valenti­na à met­tre de l’or­dre dans sa vie, lais­sant enten­dre qu’il a vécu des événe­ments trag­iques avant le début du livret.

Dans le film de 1961, « A Boy Like That » était curieuse­ment amputé des mesures, pour­tant chargées de ten­sion dra­ma­tique, dans lesquelles se super­posent et s’af­fron­tent les voix d’Ani­ta et de Maria. Le film de Spiel­berg rétablit ce cli­max indis­pens­able avant l’a­paise­ment de « I Have a Love ».

Spiel­berg a fail­li couper « I Feel Pret­ty ». Cette chan­son enjouée, dev­enue un tube, y com­pris hors du con­texte de l’œu­vre, a tou­jours été source de débats. Dans la pièce, elle est chan­tée au début de l’acte II par une Maria qui ignore tout de la rixe mortelle qui a ponc­tué l’acte I. Se pose la dif­fi­culté de faire admet­tre par le pub­lic un air aus­si léger après le drame qui vient d’avoir lieu. Pour cette rai­son, le film de 1961 a déplacé ce numéro pour qu’il fig­ure bien avant. C’est finale­ment Tony Kush­n­er qui a con­va­in­cu Spiel­berg – et Sond­heim, lequel a tou­jours posé un regard plein de dédain sur l’i­nadéqua­tion de ses paroles au per­son­nage – de con­serv­er la chan­son, et à sa place orig­i­nale. Le réal­isa­teur a pris con­science de l’im­pact dra­ma­tique : « C’est la pre­mière fois dans l’his­toire que le pub­lic est est en avance sur ce qui arrive à Maria. Et le pub­lic se sen­ti­ra pro­tecteur à son égard parce qu’il sait ce qu’elle est sur le point de découvrir. »

On sait égale­ment que Rita Moreno, l’i­nou­bli­able Ani­ta du film de 1961 et que l’on entend chanter quelques notes de « Some­where » dans la pre­mière bande-annonce, joue Valenti­na, un nou­veau per­son­nage inspiré de celui de Doc, à l’o­rig­ine le pro­prié­taire du mag­a­sin où tra­vaille Tony, en lui con­ser­vant une fonc­tion de con­fi­dent et d’adulte repère pour les pro­tag­o­nistes adolescents.

Cur­tiss Cook ©Par­rish Lewis

L’ar­rivée d’un per­son­nage noir, Abe, le pre­mier à être inté­gré à l’his­toire de West Side Sto­ry, sem­ble révéler une volon­té du met­teur en scène de ren­dre plus réal­iste la représen­ta­tion de diver­sité de pop­u­la­tion à New York dans les années 1950 – à moins que ce ne soit du wok­isme

Cur­tiss Cook, choisi pour l’in­car­n­er, pen­sait au début que la pro­duc­tion cher­chait à dis­tribuer un per­son­nage déjà exis­tant mais en dehors des gangs, comme l’of­fici­er Krup­ke. Il ne cachait pas son ent­hou­si­asme en apprenant qu’il allait jouer un un mys­térieux New-Yorkais, rôle inven­té pour l’oc­ca­sion : « La façon dont ils ont inclus Abe dans la nar­ra­tion a telle­ment de sens que j’en suis sidéré... Il occupe une place cen­trale… Ce sera clair quand vous aurez vu pourquoi il est là et ce qu’il fait. Si vous êtes fan de West Side Sto­ry ou de Roméo et Juli­ette, vous com­pren­drez… » Il ajoutait :« Il y a quelques années, j’ai eu la chance de tra­vailler sur une pièce avec Arthur Lau­rents, le libret­tiste orig­i­nal de West Side Sto­ry. Il était gay et a gran­di dans les années 30, et nous souhaitons met­tre sur un même plan le fait qu’il ait été gay et le fait que nous soyons noirs. Il dirait com­bi­en cela a été dur pour lui et serait très favor­able à un West Side Sto­ry qui s’ou­vre pour mon­tr­er le monde comme il est vrai­ment. »

La danse

Aux choré­gra­phies hale­tantes du dia­ble­ment exigeant Jerome Rob­bins pour le spec­ta­cle de 1957 et le film de 1961, con­sid­érées comme irrem­plaçables, inou­bli­ables et défini­tive­ment asso­ciées à West Side Sto­ry, suc­cè­dent celles de Justin Peck. Le jeune artiste en rési­dence au New York City Bal­let – com­pag­nie cofondée par Rob­bins – et récom­pen­sé en 2018 par un Tony Award pour sa choré­gra­phie d’une reprise de Carousel relève le défi avec pas­sion : « Je n’au­rais jamais imag­iné avoir l’oc­ca­sion de tra­vailler aux côté d’une équipe si illus­tre et si inspi­rante pour offrir un West Side Sto­ry au pub­lic d’au­jour­d’hui. L’œu­vre orig­i­nale a été l’une des forces direc­tri­ces qui m’a guidé vers la danse ; je suis par con­séquent pro­fondé­ment hon­oré d’un point de vue personnel. »

Une vidéo disponible depuis fin sep­tem­bre, qui com­mence par quelques images du « Mam­bo », révèle com­ment, pour « Amer­i­ca », plutôt que de recopi­er la mythique scène sur le toit-ter­rasse du film de 1961, Steven Spiel­berg et Justin Peck ont vu grand, très grand… dans les rues de New York :

La distribution

Rachel Zegler (West Side Story)

C’est en 2018 que Rachel Zegler, d’o­rig­ines colom­bi­enne par sa mère et polon­aise par son père – elle réc­on­cilie donc à elle seule, si on n’est pas trop pointilleux, les Jets et les Sharks ! – et alors âgée de 16 ans, a répon­du à une annonce de cast­ing sur Twit­ter. Par­mi plus de 30 000 pos­tu­lantes, c’est elle qui est sélec­tion­née pour être Maria. Elle venait alors d’in­ter­préter le rôle sur la scène du Bergen Per­form­ing Arts Cen­ter dans une pro­duc­tion étudiante

C’est sa pre­mière appari­tion dans un film.

Elle suc­cède ain­si à Car­ol Lawrence (Broad­way, 1957) et à Natal­ie Wood (film de 1961, dou­blée par Marni Nixon pour les par­ties chantées).

Ansel Elgort (West Side Story)

Décou­vert en 2014 par le pub­lic en jouant un ado­les­cent atteint d’un can­cer dans Nos étoiles con­traires, Ansel Elgo­rt a incar­né en 2017 le rôle-titre du film Baby Dri­ver, pour lequel il a été nom­mé dans la caté­gorie Meilleur Acteur aux Gold­en Globes. Par­al­lèle­ment à sa car­rière d’ac­teur, il enreg­istre des chan­sons (« Super­no­va » en 2018) et mixe sous le pseu­do­nyme de Ansø­lo.

Il suc­cède dans le rôle de Tony, l’an­cien leader des Jets qui tombe amoureux de Maria, à Lar­ry Kert (Broad­way, 1957) et Richard Beymer (film de 1961, dou­blé par Jim­my Bryant pour les par­ties chantées).

Ariana DeBose (West Side Story)

Bien plus habituée à la scène que ses parte­naires qui incar­nent le cou­ple cen­tral, Ari­ana DeBose a joué dans Hamil­ton lors de la sai­son 2015–2016, A Bronx Tale en 2016, et a été nom­mée pour le Tony de la meilleure comé­di­enne dans un rôle sec­ondaire pour sa presta­tion dans Sum­mer: The Don­na Sum­mer Musi­cal – elle n’a pas rem­porté le Tony mais a tout de même gag­né le Chi­ta Rivera Award. On l’a aus­si vue dans The Prom sur Net­flix en 2020.

Elle suc­cède à Chi­ta Rivera (Broad­way, 1957) et à Rita Moreno (film de 1961, dou­blée par Bet­ty Wand pour « A Boy Like That » et par Marni Nixon pour cer­taines mesures du « Tonight Quin­tet ») dans le rôle d’Ani­ta, la fiancée de Bernar­do et meilleure amie de Maria.

David Alvarez (West Side Story)

À l’is­sue de plusieurs années d’ap­pren­tis­sage de la danse clas­sique, David Alvarez est choisi, l’âge de 14 ans, pour être l’un des trois ado­les­cents à incar­n­er le rôle-titre dans la comédie musi­cale Bil­ly Elliot et rece­vait l’an­née suiv­ante, en 2009, le Tony du meilleur comé­di­en dans un musical.

Il incar­ne Bernar­do, le frère de Maria et leader de la bande des Sharks, et suc­cède ain­si à George Chakiris (film de 1961).

Steven Spiel­berg et la pro­duc­tion du film ont veil­lé à ce que les Sharks soient incar­nés par des actri­ces et des acteurs d’o­rig­ine lati­no-améri­caine (mais pas for­cé­ment por­tor­i­caine, se plaig­nent des mécon­tents…). Et même, plusieurs dia­logues du film sont en espag­nol et sans sous-titres. « Je trou­vais que ce serait irre­spectueux de traduire cette langue qui doit exis­ter par elle-même », dit Spiel­berg. « Nous sommes un pays bilingue », ajoute Tony Kushner.

Rita Moreno (West Side Story)Rita Moreno était l’i­conique Ani­ta du film de 1961, rôle pour lequel elle a rem­porté un Oscar (la pre­mière et, à ce jour, la seule Lati­na déten­trice d’une telle récom­pense) et un Gold­en Globe. Elle fêtera ses 90 ans au moment de la sor­tie de la nou­velle version.

Elle y incar­ne Valenti­na, un nou­veau per­son­nage de l’his­toire, inspiré de celui de Doc, le pro­prié­taire paci­fiste du mag­a­sin de quarti­er où tra­vaille Tony.

Depuis le début de son pro­jet, Steven Spiel­berg souhaitait y inclure Rita Moreno : « Son Ani­ta est l’une des plus grandes per­for­mances musi­cales jamais filmées, et ma préférée. Nous avons créé un rôle pour elle, et nous nous sen­tons plus que chanceux, car Rita apportera aus­si bien ses extra­or­di­naires tal­ents d’ac­trice que sa pro­fonde com­préhen­sion de West Side Sto­ry en tant que pro­duc­trice exécutive. »

Mike Faist (Riff) et ses Jets pen­dant le tour­nage à New York.

Citons aus­si Mike Faist, con­nu des fans de Dear Evan Hansen pour avoir créé le rôle de Con­nor Mur­phy en 2015 – nom­mé en 2017 pour le Tony Award du meilleur comé­di­en dans un rôle sec­ondaire. Il incar­ne Riff, le leader des Jets tou­jours prêt à chercher la bagarre.

Et remar­quons la présence d’un vétéran de Broad­way : Bri­an d’Ar­cy James (le rôle-titre de Shrek the Musi­cal, George III dans Hamil­ton, Dan Good­man dans Next to Nor­mal, Nick Bot­tom dans Some­thing Rot­ten!). Il joue le ser­gent Krup­ke, l’of­fici­er de police bour­ru dont se moquent verte­ment les Jets.

Premières réactions

Ari­ana DeBose, Steven Spiel­berg et Rachel Zegler à la pre­mière du 29 novem­bre 2021. © Roy Rochlin/Getty Images.

« Spec­tac­u­laire… Du Spiel­berg de haut niveau… Auda­cieux et remuant… Phénomé­nal… Élec­trisant… Mag­nifique… Cap­ti­vant… D’un réal­isme dur et sans com­pro­mis… Un tri­om­phe… Allez voir ce West Side Sto­ry… » Une défer­lante de réac­tions dithyra­m­biques a inondé les réseaux soci­aux après la pro­jec­tion new-yorkaise du 29 novem­bre réservée aux pro­fes­sion­nels. Voir, par exem­ple, l’ar­ti­cle de Vari­ety ou celui du Col­lid­er.

On note de nom­breuses louanges à pro­pos de la réal­i­sa­tion du film dans sa glob­al­ité, en par­ti­c­uli­er la qual­ité des images et la grandeur des scènes. Cer­tains jugent le résul­tat supérieur au film de 1961 et récla­ment dix nou­veaux Oscars. Sont égale­ment encen­sés le livret et la façon dont les numéros clas­siques ont été réin­ven­tés. Beau­coup de com­men­taires élo­gieux à l’é­gard de Rachel Zegler, Mike Faist et Rita Moreno, et encore plus d’Ar­i­ana DeBose, qui sem­ble être la révéla­tion du film.

On lit aus­si des réserves. En par­ti­c­uli­er con­cer­nant Ansel Elgo­rt, une « énigme », à qui « il manque l’ét­in­celle des autres » et dont la presta­tion est jugée « sans relief » voire « hor­ri­ble ». Ou, plus générale­ment, le film est con­sid­éré par cer­tains comme « diver­tis­sant mais pas essentiel »…

On entendait glob­ale­ment les mêmes échos de l’a­vant-pre­mière au Grand Rex (Paris) le 2 décembre.


D’autres vidéos mêlant images du film, inter­views et vues depuis les couliss­es per­me­t­tent d’avoir un avant-goût avant la sor­tie dans les salles :


Sauf men­tion con­traire, toutes les pho­tos et vidéos présentes dans le présent arti­cle sont la pro­priété de la 20th Cen­tu­ry Fox pour le film West Side Sto­ry.


West Side Sto­ry. Dans les salles en France le 8 décem­bre 2021.

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