Kimberly Akimbo

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Booth Theatre, New York.
Première le 12 novembre 2022. Previews à partir du 12 octobre 2022.
Toutes les informations sur le site du spectacle et sur sa page Facebook.

Notre avis : Par les thèmes qui sont main­tenant abor­dés dans les comédies musi­cales récentes et la fac­ture musi­cale de ces dernières, il est évi­dent que Broad­way s’éloigne de plus en plus des œuvres tra­di­tion­nelles pour adopter des sujets qui reflè­tent davan­tage la réal­ité con­tem­po­raine. Après Dear Evan Hansen et Jagged Lit­tle Pill qui traitaient de cer­tains des prob­lèmes aux­quels les jeunes généra­tions doivent faire face, Kim­ber­ly Akim­bo, œuvre au titre bizarre écrite par David Lind­say-Abaire, égale­ment auteur des paroles des chan­sons, et par Jea­nine Tesori pour la musique, met en scène une jeune ado­les­cente de 16 ans, Kim­ber­ly, vic­time d’une mal­adie con­nue sous le nom de progéria, qui a pour effet de la faire vieil­lir plus rapi­de­ment que la nor­male au point qu’elle paraît avoir 72 ans.

La mal­heureuse est quelque peu mise à l’écart par ses pairs à l’exception de Seth, un jeune Noir féru d’anagrammes et de jeux de mots, et qui joue du tuba, ce qui l’a d’emblée mis en marge des autres de son âge. Ensem­ble, ils essaient de se forg­er un court avenir, ren­du d’autant plus pré­caire que le syn­drome dont souf­fre Kim­ber­ly ne lui per­met pas d’e­spér­er une exis­tence de plus que quelques années.

Même si le sujet sem­ble quelque peu som­bre, les moments d’amusement exis­tent tout au long de l’histoire, ali­men­tés pour la plu­part par la présence de Debra, une tante de Kim­ber­ly au passé crim­inel dou­teux et dont les exac­tions provo­quent sou­vent l’hilarité, surtout dans l’interprétation qu’en donne Bon­nie Mil­li­gan, déjà remar­quée il y a qua­tre ans dans la comédie musi­cale Head over Heels.

Dans le rôle de Kim­ber­ly, Vic­to­ria Clark, vedette mon­tante repérée dans des spec­ta­cles tels que The Light in the Piaz­za, Sis­ter Act, Gigi et Cin­derel­la, donne une intéres­sante inter­pré­ta­tion de l’adolescente qui se sent lit­térale­ment vieil­lir de jour en jour. Elle est émou­vante quand il le faut, mais témoigne de la jeunesse et de la vigueur des 16 ans du per­son­nage dans les moments d’exaltation qui se man­i­fes­tent fréquem­ment dans le livret conçu par David Lind­say-Abaire.

Jason Coo­ley, qui fait ses débuts à Broad­way, lui donne, en Seth, la réplique avec beau­coup d’assurance et de pas­siv­ité con­trôlée, dans un rôle qui lui per­met à un moment cru­cial de l’action de jouer… du tuba, accom­pa­g­né par un orchestre per­ché sur une plate­forme au-dessus de sa tête.

Le reste de la dis­tri­b­u­tion est lim­itée à six autres acteurs : Steven Boy­er et Alli Mauzey sous les traits des par­ents de Kim­ber­ly (elle, enceinte d’un enfant qu’elle espère ne pas être atteint de la mal­adie mal qui frappe sa fille) ; et Olivia Elease Hardy, Fer­nell Hogan, Michael Iskan­der et Nina White, dans un groupe d’ados dont la présence dans les bal­lets réglés par Dan­ny Mef­ford leur donne l’occasion de mon­tr­er leurs qual­ités de danseurs et de chanteurs de troupe.

La musique com­posée par Jea­nine Tesori, bien con­nue dans les milieux de l’opéra, théâ­traux et ciné­matographiques, est atti­rante mais ne donne pas aux chan­sons la valeur et la solid­ité qu’on est en droit d’attendre dans une comédie musi­cale. Sur les dix-sept morceaux com­posés pour l’occasion, seuls « Make a Wish », « Bet­ter », « Hap­py For Her », « Good Kid » et « Now » reti­en­nent l’attention. Les autres numéros musi­caux s’effacent des mémoires aus­si rapi­de­ment qu’on les a entendus.

L’autre impres­sion regret­table qui émane de cette présen­ta­tion placée sous la direc­tion de Jes­si­ca Stone, c’est qu’elle n’atteint pas les niveaux d’excellence qu’on attend à Broad­way pour peu que l’on ait un min­i­mum d’ex­i­gence. Les décors sim­ples et sans grand relief, ain­si que les cos­tumes sobres mais trop ordi­naires, don­nent à l’ensemble l’aspect d’une pro­duc­tion qu’on pour­rait voir mon­tée par des gens qui ne sont pas du méti­er ou des ama­teurs. Cela gâche un peu le plaisir…

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