Un biopic théâtral et musical fantastique, qui nous immerge musicalement dans l’Amérique des années 1920 à 1947.
La pièce commence en 1947, Sonia vient d’apprendre le décès de Lovecraft, dix ans après sa mort. Cette nouvelle la bouleverse et provoque un torrent de souvenirs. Mais une étrange impression l’envahit, Howard serait-il ici ? De confidences en confidences, les personnages reconstruisent le cours d’un amour contrarié, extraordinaire, bouleversant… Sonia reconnaîtra-t-elle Howard ? L’amour est-il plus fort que la mort ?
Notre avis : Lovecraft, mon amour a de quoi intriguer. Si les œuvres fantastiques de H.P. Lovecraft ont été régulièrement adaptées au théâtre, l’auteur semble avoir été rarement incarné sur scène. Martine Chifflot fait le choix surprenant de prime abord d’aborder l’homme et l’écrivain à partir de son histoire d’amour avec Sonia Greene. En imaginant une forme de retrouvailles par-delà la mort, Martine Chifflot crée un spectacle touchant non réservé aux inconditionnels de Lovecraft.
La pièce commence dans des circonstances particulières. Sonia Greene (Martine Chifflot) a appris, une dizaine d’années plus tard, le décès de celui qui fut son époux. Son trouble est accentué par le fait que son divorce n’a finalement pas été prononcé officiellement et qu’elle est devenue bigame sans le savoir. De l’au-delà, H.P. Lovecraft (Christophe Pardon) voit Sonia… Un chassé-croisé s’engage à partir des souvenirs et des questions de chacun. Le dialogue impossible est riche d’informations sur le parcours de Lovecraft. Des projections vidéo servent de support à des séquences de flash-back où l’on voit notamment l’entourage familial de Lovecraft. Des allusions aux différences entre les membres du couple sont faites sans être totalement approfondies. Pourtant, l’amour porté par Lovecraft à Sonia Greene, issue d’une famille juive, interroge alors que Lovecraft rejetait ce qui était différent de lui.
Le spectacle est un peu lent, en adéquation toutefois avec le concept de l’histoire. De belles séquences musicales viennent cependant rythmer Lovecraft, mon amour. Béatrice Berne à la clarinette et Pierre Courthiade au piano varient agréablement les tempos. Ils surprennent même en créant parfois des effets sonores troublants évoquant les angoisses de Lovecraft et son univers littéraire. La mise en scène alterne par ailleurs la mise en valeur d’un personnage, du couple ou des musiciens.
Lovecraft, mon amour est un spectacle surprenant, à la fois intimiste, musical et teinté de fantastique. C’est une belle opportunité d’en savoir plus sur Lovecraft ou de découvrir une histoire d’amour singulière.