Smash

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Imperial Theatre – 249 West 45th Street, New York.
Première le 10 avril 2025.
Pour en savoir plus et réserver, cliquez ici.

Le titre de ce nouveau spectacle ne signifie pas grand-chose mais, dès le lever du rideau, les spectateurs sont renseignés grâce à un sous-titre qui en dit long : Bombshell : l'histoire de Marilyn Monroe. On va comprendre qu'en réalité, il ne s’agit même pas d'une biographie de la célèbre actrice décédée en 1962, mais d’une comédie musicale dont le livret est une comédie musicale qui a pour sujet Marilyn Monroe (!)

Robyn Hurder ©Matthew Murphy

Inspirée d'une série télévisée diffusée en 2012 et 2013 et produite par Steven Spielberg, cette adaptation scénique se révèle être une ode amoureuse au théâtre musical de Broadway, écrite par Bob Martin, auteur de spectacles tels que The Drowsy Chaperone, Elf et The Prom, et Rick Elice, bien connu pour des œuvres comme Water for Elephants, The Addams Family et Jersey Boys, et agrémentée de chansons composées par Marc Shaiman et Scott Wittman, dont Hairspray et Some Like It Hot sont déjà au palmarès des meilleurs spectacles vus ces dernières années à Broadway.

Caroline Bowman ©Matthew MurphyL'histoire est la suivante : une troupe de théâtre cherche à monter une comédie musicale sur Marilyn Monroe écrite par un couple, Tracy et Jerry (Krysta Rodriguez et John Behlmann) auteurs de son livret, des paroles et de la musique. La mise en scène revient à un spécialiste homosexuel et dynamique, Nigel (l’excellent Brooks Ashmanskas, déjà vu cette saison dans Once Upon a Mattress). Et la vedette doit être Ivy Lynn (Robyn Hurder), une actrice populaire dont le tempérament de diva risque néanmoins de faire couler cette production.

Krysta Rodriguez et John Behlmann ©Matthew Murphy

En effet, Ivy, qui insiste pour qu’on l’appelle Marilyn, supporte mal les commentaires et suggestions de Nigel – dont la mise en scène et les éclats de voix l'irritent –, pas plus d’ailleurs que la présence de sa doublure, Karen (une attrayante Caroline Bowman), ni même les chansons et les reparties de Tracy et de Jerry. Secondée par Susan (Kristine Nielsen), une vieille pie issue de l’Actors’ Studio qui la monte contre toute l’équipe et qui lui donne des calmants – lesquels semblent plutôt détruire son autonomie –, Ivy est l’exemple parfait d’un véritable monstre du spectacle, victime de la publicité qui a fait sa renommée, et seulement intéressée par son propre rôle et sa popularité.

Megan Kane, Brooks Ashmanskas, Robyn Hurder, Kristine Nielsen, Krysta Rodriguez, John ©Behlmann Matthew Murphy

À quelques jours de la première à Broadway, Ivy n’est même pas disponible pour une dernière répétition, ayant choisi à la dernière minute de s'échapper de New York pour se reposer. Anita, la productrice du spectacle, se débarrasse de Nigel en l'accusant d’être la cause du comportement d’Ivy, tandis que Karen remplace cette dernière au pied levé. C’est alors qu’Ivy fait son entrée pour aller dans sa loge, où Karen vient la voir et lui remet un petit cadeau pour célébrer ses premiers pas à Broadway. Touchée par ce geste, Ivy réalise enfin l’effet négatif que Susan joue dans sa vie, rompt ses relations avec elle et revient sur scène pour finalement se joindre à la troupe et jouer son rôle.

Robyn Hurder et la troupe ©Matthew Murphy

En dépit de la présence d'Ivy, Bombshell est un échec, mais l’équipe de production convient de garder la pièce à l’affiche, prenant comme exemple Merrily We Roll Along de Stephen Sondheim, qui fut en effet un échec avant de connaître un immense succès quelques années plus tard – l’une des fréquentes allusions faites, dans le cadre de cette comédie musicale, au théâtre de Broadway et à ses réalités.

Robyn Hurder, Caroline Bowman, Bella Coppola ©Matthew Murphy

Dans son ensemble, cette parodie donne aux spectateurs l’occasion de passer deux heures agréables avec une histoire qui révèle bien les multiples problèmes inhérents à la création d’une pièce mais qui s’en sert ici pour divertir son audience. Il faut dire que la distribution est à la hauteur avec Robyn Hurder, qui avait déjà fait ses preuves dans plusieurs comédies musicales à Broadway, dont Moulin Rouge!, excellente dans le rôle d’Ivy. Elle est solidement entourée de Caroline Bowman, récemment remarquée dans la reprise de Sunset Boulevard et bien à sa place dans le rôle de Karen, qui lui permet de s’éclater au maximum, notamment dans des solos qui mettent ses talents de chanteuse en valeur ; et de Bella Coppola, dans celui de Chloe, la chorégraphe de l’ensemble qui remplace Nigel plutôt que d’interpréter elle aussi Marilyn, comme le suggère à un moment Anita, confrontée aux difficultés créées par l’attitude d’Ivy.

Krysta Rodriguez, vue récemment dans la récente reprise de Into the Woods, et John Behlmann, déjà remarqué dans Shucked, sont également excellents dans leurs rôles respectifs de Tracy et Jerry, qui leur permettent d’interpréter quelques chansons en solo et en duo tout en s’accompagnant au piano. Quant à Kristine Nielsen, elle est hilarante dans sa caractérisation d’une véritable sorcière, même si ce rôle lui demande d’avoir une attitude totalement déplorable et négative. Mais la palme revient sans nul doute à Brooks Ashmanskas sous les traits de Nigel, souvent remarqué ces dernières années dans une multitude de comédies musicales, dont Something Rotten!, Promises, PromisesThe Producers..., et qui, cette fois encore, donne toute la mesure de son talent plein d’humour dans un rôle qui semble avoir été spécifiquement écrit pour lui.

Robyn Hurder ©Matthew Murphy

Tout dans les décors de Beowulf Borrit évoque la vision que l’on peut avoir d’un studio de répétition ou d’une scène de théâtre, totalement réalistes sous les éclairages de Ken Billington, tandis que les costumes chatoyants créés par Alejo Vietti ajoutent un élément coloré aux nombreux épisodes dansés. Les chansons, entraînantes pour la plupart, créées par Marc Shaiman et Scott Wittman accrochent, et particulièrement « Let Me Be Your Star », « The 20th Century Fox Mambo », « Let’s Be Bad », « I Never Met a Wolf Who Didn’t Love to Howl » ou « Second Hand White Baby Grand », qui exploitent au mieux les ressources vocales des artistes.

La chorégraphie de Joshua Bergasse et surtout la mise en scène de Susan Stroman donnent au spectacle une vigueur qui le mettent en valeur et renforcent son aspect très divertissant. Il ne fait déjà aucun doute que Smash va s’imposer rapidement auprès des spectateurs désireux de passer un bon moment à Broadway comme l’un des grands succès de la saison actuelle.

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